Back To The Past #9

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Amis cinéphiles, bienvenue ! Durant tout cet été 2016, pour pallier à la morosité du calendrier proposé durant cette période où 7ème art rime avec blockbuster décérébré et peu original ou films de fond de catalogue dont on ne sait pas trop quoi foutre, ton site préféré te propose les Madeleines de Proust de David : par moult souvenirs et autres petites anecdotes, notre rédacteur te racontera comment s’est forgée sa cinéphilie durant sa prime jeunesse, laquelle a considérablement évolué durant son adolescence et son entrée dans l’âge adulte.

Cela s’appelle « Back To The Past », et vous retrouverez un nouvel article tous les vendredis de cet été. Au programme cette semaine, un bâteau, une île et un oeil !

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Une musique mystérieuse, mêlant percussions et ambiance tropicale… Le canon d’un pistolet en gros plan, pointé directement vers le spectateur… Un corps recouvert d’une couverture et attaché par une corde, se redressant d’une manière étrange… Tir de pistolet… Zoom avant vers le point d’impact. L’homme (ou autre chose ?) meurt sur le coup, d’une balle dans la tête. Zoom arrière vers l’auteur de la déflagration sonore, dont on distingue à peine le visage… ligne de dialogue laissant sous-entendre un danger imminent.

Cut au noir. Générique sur une musique glaçante.

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Votre serviteur retient ses larmes et ses soupirs de nostalgie à la pensée de ce grand moment lorsqu’il découvrit pour la première fois, de part cette ouverture dont il se rappelle chaque seconde, un nouvel horizon, une nouvelle porte d’entrée du 7ème Art : le cinéma bis européen.

Mais d’abord, laissez-moi rendre un bref hommage à un homme essentiel dans mon parcours de cinéphile. En effet, dès l’adolescence, j’ai pu avoir accès à la maison familiale dès fin 1997 à la chaîne Canal +, laquelle proposait à l’époque une programmation de cinéma exemplaire et incontournable pour l’insatiable cinéphage que j’étais à l’époque : blockbusters récents, films d’auteur européens, films indépendants américains… Et une case spéciale, chaque mercredi matin (ce sera le samedi par la suite), bien particulière puisque entièrement consacrée au cinéma populaire européen : « Cinéma De Quartier »

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Ayant existé de 1989 à 2007, l’émission était basée sur le même principe que la mythique Dernière Séance d’Eddy Mitchell et Gérard Jourd’hui mais, à la différence de cette dernière qui était entièrement dédiée au cinéma classique hollywoodien et a marqué toute une génération de téléspectateurs (la mythique diffusion de L’Étrange Creature Du Lac Noir de Jack Arnold en 3D, avec une paire de lunettes mise à disposition grâce à un magazine TV partenaire de l’opération), cette case hebdomadaire a exhumé à toute une génération de cinéphiles tout un pan méconnu du cinéma « bis » ou d’exploitation, venu d’Espagne, d’Allemagne, de France, d’Italie, de Grande-Bretagne, de Russie… Aventures, péplums, films historiques, films pour enfants, films fantastiques et d’épouvante, westerns-spaghetti… La programmation était très éclectique, et surtout ornée par les présentations d’un homme passionné, d’un certain âge, l’un des 2-3 passeurs et transmetteurs du virus de la cinéphilie de votre serviteur : Monsieur Jean-Pierre Dionnet.

Journaliste, scénariste et éditeur de bande dessinées, cet animateur de télévision (déjà au début des années 1980 avec Les Enfants Du Rock en compagnie de Philippe Manoeuvre) mettait à la lumière du jour, de part ses petites présentations de 2-3 minutes avant chaque film, de grands noms du cinéma populaire européen des années 1950 et 1960, tels Sergio Leone, Mario Bava (dont il contribua énormément à la redécouverte de son œuvre dans les années 1990 au sein d’une nouvelle génération) et les metteurs en scène de la Hammer Films tels Terence Fischer. Je découvrais ainsi des films incroyables tels Le Corps et le Fouet de Mario Bava, The Wicker Man de Robin Hardy, l’incroyable Elle s’appelait Scorpion de Shunya Ito, le cultissime western italien Le Grand Silence, ou le plus récent Vorace d’Antonia Bird…

Et dès septembre 1998, il créa une variante de son rendez-vous, diffusée tous les jeudis soir en seconde partie de soirée : « Quartier Interdit », consacrée aux films d’horreur et trash américain et européen, voire même asiatique.

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Un jour que je feuilletais les différentes revues de cinéma, je tombe sur un article dans la revue spécialisée dans l’horreur et le fantastique Mad Movies, annonçant un événement télévisuel : la diffusion EN VERSION INTEGRALE d’un film d’horreur fondamental du gore italien, réalisé par Lucio Fulci. L’article était assez dithyrambique et promettait un festival de gore et de zombies ! Ni une, ni deux, je me promis de découvrir ce film qui paraissait assez atypique…

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Depuis, je voue un attachement inconditionnel à ce film. Il n’est pourtant pas le meilleur de son réalisateur, Lucio Fulci. On est assez loin des grands classiques de George Romero, à cause de son rythme lent, de son scénario peu développé et la musique peut même paraître un peu anachronique, ou considérée comme du sous-Goblin (groupe ayant contribué à la musique de plusieurs films de Dario Argento, tels Les Frissons de l’angoisse). Même son titre est mensonger, car le film n’est pas du tout rattaché à Dawn of The Dead de Romero (nommé ZOMBIE en France et ZOMBI en Italie) et serait plutôt une sorte de préquelle…

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Comment ça, les effets spéciaux et autres maquillages sont rudimentaires ? Oui, bon…

Enfin, bref, ce n’est pas le meilleur film du monde. Mais je pense qu’en tant que cinéphile, nous avons tous un ou plusieurs films favoris qui ne sont pas beaucoup considérés par «l’histoire officielle» du cinéma. Des longs-métrages pas parfaits, ayant mal vieillis, ou même des films que tout le monde déteste ou n’aime pas ! Mais moi, j’aime L’Enfer des Zombies, tout comme l’on peut aimer Les Clefs de Bagnole de Laurent Baffie ou bien certains films de la Cannon des années 1980 ou 2-3 films honteux que l’on n’ose avouer à personne, ou alors à un nombre restreint de personnes… Oui, malgré ses effets spéciaux, son rythme, ses comédiens approximatifs, j’adore ce film car il est mon premier « bis italien », et le premier d’une longue série incluant Blue Holocaust, Anthropophagous, Emanuelle et les Derniers Cannibales, L’Au-Delà, La Baie Sanglante, Zombi 3 et tant d’autres films plus ou moins réussis dans la grande galaxie du cinéma d’horreur italien, à découvrir si vous souhaitez élargir votre cinéphilie.

Alors, rien que pour cela, merci, Mr. Dionnet. Merci pour tout.

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(oui, un trailer en VF. Arrêtez de râler, laissez-moi être nostalgique)

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