Critique : A la vie

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A la vie AfficheA la vie

France : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Jean-Jacques Zilbermann
Scénario : Jean-Jacques Zilbermann, Danièle D’Antoni, Odile Barski
Acteurs : Julie Depardieu, Johanna ter Steege, Suzanne Clément, Hippolyte Girardot
Distribution : Le Pacte
Durée : 1 h 47
Genre : Comédie Dramatique
Date de sortie : 26 novembre 2014

2,5/5

Pendant des années, la mère de Jean-Jacques Zilbermann, faussant compagnie à son mari et à ses enfants, allait rejoindre au bord de la mer deux amies de déportation, deux femmes avec qui elle avait partagé les dures conditions de vie du camp d’Auschwitz. Cette relation avait conduit Jean-Jacques Zilbermann a réaliser, dans les années 80, un documentaire de 52 minutes sur ces rencontres estivales. Ce documentaire, Irène et ses deux sœurs, n’a jamais été distribué mais Jean-Jacques Zilbermann a été y puiser de nombreux éléments qui, mixés avec les fruits de son imagination, ont donné A la vie, son nouveau long métrage. 

Synopsis :  1962. Trois femmes, anciennes déportées d’Auschwitz qui ne s’étaient pas revues depuis la guerre, se retrouvent à Berck-Plage. Dans cette parenthèse de quelques jours, tout est une première fois pour Hélène, Rose et Lili : leur premier vrai repas ensemble, leur première glace, leur premier bain de mer… Une semaine de rires, de chansons mais aussi de disputes et d’histoires d’amour et d’amitié…

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Rencontre à Berck-plage 

Eté 1960 : la 2ème guerre mondiale est terminée depuis 15 ans, la France est en pleine période des 30 glorieuses et la vague du twist bat son plein. Trois femmes se retrouvent à Berck-plage, trois femmes qui ne se sont pas vues depuis plus de 17 ans, depuis leur départ du camp d’Auschwitz. Hélène habite à Paris, Lili en Hollande et Rose à Montréal. Se retrouver après tant d’années, alors que le mariage vous a fait changer de nom, n’a pas été facile. Au point qu’Hélène, qui pensait ne retrouver que Lili, manque de défaillir en voyant Rose descendre d’un car : la dernière vision qu’elle avait d’elle, à Auschwitz, lui faisait penser qu’elle n’avait pas survécu. Depuis Auschwitz, les destins d’Hélène, Lili et Rose ont pris des chemins très différents mais leur passé commun et ô combien douloureux ne peut que les souder à nouveau. Même si Jean-Jacques Zilbermann s’intéresse avant tout à Hélène, celle qui, dans le film, est l’incarnation de sa mère Irène, il n’oublie pas, cependant, de nous présenter, un peu plus sommairement, Rose et, surtout, Lili. Lili, la néerlandaise, qui était déjà mariée avant de connaître Auschwitz, qui a divorcé à son retour, Lili, qui a voulu devenir complètement libre et qui se prépare à écrire un livre prônant la possibilité du rabbinat pour les femmes.

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La vie amoureuse d’Hélène

Tout naturellement, Hélène / Irène est donc le personnage principal du film. Un film qui, comme on peut le penser, transpose dans une fiction une histoire qui s’est réellement passée, nous en apprend beaucoup sur la filiation du réalisateur. Avant Berck-plage, il y avait deux hommes dans la vie d’Hélène : Henri, son mari, dont elle était déjà amoureuse à l’âge de 13 ans, avant la guerre, mais qui, à l’époque, avait déjà femme et enfant. Leur mort en déportation a permis à Hélène d’épouser Henri. L’autre homme, c’est Raymond, un communiste qui travaille aux PTT, qui est très amoureux d’Hélène et qu’elle aurait certainement épousé s’il n’y avait pas eu Henri. C’est Raymond qui prête aux 3 femmes le petit appartement au bord de la mer. Et puis, à Berck-plage, apparaît Pierre, plus jeune qu’Hélène et qui s’occupe du club Mickey. Il est impossible d’en dire davantage sans nuire, pour le futur spectateur,  à l’intérêt qu’il va peut-être porter au film !

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Pourquoi ce manque d’émotion ? 

En lisant le synopsis du film, le spectateur peut se demander si le réalisateur est arrivé, sur ce sujet délicat, à créer de l’émotion sans verser dans le pathos. En fait, malheureusement, la question ne se pose même pas : le réalisateur s’est tellement éloigné du pathos que l’émotion qu’on peut ressentir n’est qu’infinitésimale ! La faute aux comédiennes ? Même si Suzanne Clément, encensée par la critique pour sa prestation dans Mommy, n’est ici vraiment pas convaincante dans le rôle de Rose, on ne peut pas être aussi sévère avec Julie Depardieu, qui interprète Hélène, et Johanna ter Steege, qui joue Lili : on sent que ces deux excellentes comédiennes font tout leur possible pour faire naître l’empathie chez le spectateur. Malheureusement, elles n’y arrivent qu’à de trop rares moments. La faute aux comédiens ? Sûrement pas, Hippolyte Girardot, Mathias Mlekuz et Benjamin Wangermee étant tous trois excellents. Hasard ou pas, c’est même lorsque l’un d’eux est présent que le film présente ses facettes les plus intéressantes. La faute au réalisateur, alors ? Très certainement. Sa réalisation est souvent beaucoup trop tiède et, seules, quelques scènes montrent ce que le film aurait pu être, aurait dû être. En fait, peut-être inhibé par son choix de révéler dans son film des choses particulièrement personnelles, Jean-Jacques Zilbermann donne souvent l’impression de s’attacher avant tout à ne pas fauter dans sa peinture de la France de 1960. C’est ainsi que quelques coups d’œil sur les plaques d’immatriculation montre qu’il a fait venir des voitures de la France entière pour avoir à l’image le maximum de 203, d’Aronde, de Dyna-Panhard, de tractions avant, de 4L et de Simca 1000. Que me dites vous ? Que la première R4 date d’août 1961 et la Simca 1000 d’octobre de la même année. Et puis quoi, encore ? Qu’au moins 3 de ces voitures apparaissent avec des plaques d’immatriculation nouvelle génération. De tout petits détails, mais tout cela fait un peu désordre.

Conclusion

Il est certain que, le plus souvent, on se montre particulièrement sévère lorsqu’on est déçu par un film dont le synopsis vous avait particulièrement attiré. C’est ce qui se passe avec A la vie, un film présenté au Festival de Locarno et qui ne s’avère que très honorable alors qu’on anticipait un véritable choc.

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