Wolf Man
États-Unis, Nouvelle-Zélande, Irlande : 2025
Titre original : –
Réalisation : Leigh Whannell
Scénario : Leigh Whannell, Corbett Tuck
Acteurs : Christopher Abbott, Julia Garner, Matilda Firth
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h42
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 15 janvier 2025
Date de sortie DVD/BR/4K : 28 mai 2025
Et si l’être que vous aimez se transformait en une créature à peine reconnaissable ? Père de famille vivant à San Francisco, Blake hérite de sa maison d’enfance, une vieille ferme située au fin fond de l’Oregon, lorsque son père disparaît et qu’il est considéré comme mort par les autorités. Alors que son couple bat de l’aile, Blake convainc sa femme Charlotte de changer d’air et d’aller vivre dans sa maison de l’Oregon avec leur petite fille Ginger. Mais lorsque Blake, Charlotte et leur fille arrivent près de la ferme, ils sont attaqués, en pleine nuit, par un animal invisible : tentant de prendre la fuite, ils se barricadent à l’intérieur de la maison pour se protéger contre la bête qui rôde, aux aguets. Mais au fil de la nuit, Blake commence à se métamorphoser en une créature méconnaissable…
Le film
[4,5/5]
En 2014, Universal Pictures avait annoncé la mise en chantier d’une vague de reboots des films de la franchise Universal Monsters, une série de classiques de l’horreur produits dans les années 30/40, dans un univers partagé appelé le Dark Universe. En 2017, l’échec du premier film du Dark Universe, La Momie, engendra l’annulation des autres films prévus. Pour autant, en 2020, le succès de la réimagination du mythe de l’homme invisible par Leigh Whannell dans Invisible Man relança à nouveau l’intérêt de la Universal pour ses monstres de catalogue, et après quelques développements infructueux (notamment avec Ryan Gosling et Derek Cianfrance), le projet Wolf Man atterrit à nouveau entre les mains de Leigh Whannell, qui en écrirait le scénario avec son épouse Corbett Tuck et en assurerait la réalisation.
Avec un box-office de 30 millions de dollars et seulement 137.000 entrées enregistrées en France, cette réinterprétation complète du classique de la Universal Monsters n’est à priori pas parvenu à convaincre le public. Il faut dire que ce Wolf Man tend vraiment à prendre à revers le spectateur, en ne lui offrant pas du tout – mais alors pas du tout – ce à quoi il s’attendait. Et pourtant, quel choc ! Tendu et extrêmement dérangeant, le film de Leigh Whannell se démarque de celui de George Waggner et de la quasi-totalité des films de loups garous qui l’ont suivi en faisant le choix de jouer la carte du « Body Horror », et en s’attardant sur la lente métamorphose du personnage principal, atteint d’une espèce de « maladie » qui le transforme peu à peu en bête sauvage. En cela, Wolf Man va bien davantage chercher ses influences du côté de La Mouche (David Cronenberg, 1986), de Moi, zombie : chronique de la douleur (Andrew Parkinson, 1998), ou encore bien sûr de Cabin Fever (Eli Roth, 2002) et son incroyable suite Cabin Fever 2 (Ti West, 2009) que des classiques du film de loup-garou…
Si vous vous attendiez à voir un homme se métamorphoser sous la pleine lune et reprendre le fil de ses activités une fois le jour venu, il va sans dire que Wolf Man vous emmènera tout à fait ailleurs : dans le récit imaginé par Leigh Whannell et Corbett Tuck, la métamorphose est permanente, et sous-tend une perte totale d’humanité en l’espace de quelques heures. La transmission du « virus » se fait toujours par l’intermédiaire d’une morsure, mais on oubliera le folklore gitan ou la mythologie autour de la balle d’argent. Pour autant, de mémoire de cinéphile, on a rarement eu affaire à un récit aussi tendu, glacial et effrayant : pour qui entre de plain-pied dans le récit, le rythme est excellemment mené par Leigh Whannell, et les 102 minutes que durent le film paraîtront vraiment passer en un clin d’œil. Cela dit, au regard des notes attribuées au film sur le site de référence IMDb, on notera que certains spectateurs ont trouvé le temps long : de notre côté, l’immersion au cœur du film était telle qu’il nous a vraiment donné l’impression de durer trente à quarante minutes de moins que sa durée réelle.
Et si la transformation du personnage principal, Blake (interprété par Christopher Abbott), occupe l’essentiel de Wolf Man, elle n’en est rendue qu’encore plus impressionnante par le travail effectué par Leigh Whannell et son équipe sur les effets spéciaux du film, ainsi que par le gros travail sur le son et l’image. Le film nous propose ainsi de façon régulière d’adopter le point de vue du héros, au fur et à mesure que ses sens se modifient : on le voit ainsi prendre peu à peu ses distances avec son humanité, de la même façon que l’on avait pu voir, dans la première partie du film, le fossé se creuser entre lui et sa femme (Julia Garner). Par la force des choses, leur fille (Matilda Firth), qui représentait déjà ce qui restait de lien entre Blake et son épouse, deviendra également le seul lien – de plus en plus ténu au fur et à mesure que le film avance – entre le personnage principal et son humanité. Passionnant !
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4,5/5]
Wolf Man débarque ces jours-ci au format Blu-ray 4K Ultra HD sous les couleurs d’Universal Pictures. Il n’est pas dans nos habitudes de tenir ce genre de propos, mais dans le cas présent, il nous semble que le format Katka soit en réalité la seule option envisageable pour découvrir le film de Leigh Whannell dans des conditions optimales. Ce n’est pas tellement que l’étalonnage HDR10 magnifie les couleurs, comme il peut le faire sur un film tel que Wicked par exemple, mais bel et bien tout le contraire : Wolf Man est un film sombre, très sombre, même sur ses scènes diurnes. L’essentiel du métrage se déroule soit en forêt, soit dans une maison plongée dans l’obscurité. De plus, on ne pourra que souligner que le dernier acte du film est tellement plongé dans le noir quasi-complet que le film de Leigh Whannell nécessite vraiment l’apport de la technologie HDR, qui permettra au spectateur de s’y retrouver. Pour les plus âgés parmi nos lecteurs, vous vous rappelez de la sortie du Batman de Tim Burton en VHS ? La fin du film était tellement plongée dans le noir qu’on n’entravait rien à ce qui se passait à l’écran. Hé bien la fin de Wolf Man, c’est la même chose, mais multiplié par cinq. Et il faudra vraiment passer à la technologie 4K si vous voulez apprécier à sa juste valeur l’époustouflante mise en scène de Leigh Whannell. D’une façon plus générale, en plus de sa remarquable tenue des noirs, le transfert Katka du film fait preuve d’une finesse dans les détails et d’un piqué absolument saisissants. Il en va de même pour les nombreux effets spéciaux des créatures du film, qui affichent un rendu épatant. Et les passages nous donnant à voir les personnages tels qu’ils sont vus par le loup-garou sont littéralement explosifs : on est en présence d’un transfert absolument magnifique.
Côté son, préparez-vous à trembler également, tant Wolf Man va vous emmener loin dans la terreur. La VO est encodée en Dolby Atmos, dans un mixage immersif jouant la carte – ô combien payante – de l’ambiance et des effets de spatialisation discrets. Niveau rendu acoustique, cette piste nous propose une excellente immersion au cœur du film, avec des effets multicanaux nombreux, puissants et spatialisés avec une finesse incroyable. La VF n’est d’ailleurs pas en reste, puisqu’elle bénéficie d’un mixage Dolby Digital+ 7.1 tout aussi dynamique, avec des dialogues parfaitement équilibrés et un placement des effets remarquable.
Dans la section suppléments, les amoureux du film pourront se régaler d’un ensemble assez complet de featurettes, qui reviendront sur l’envers du décor de Wolf Man. On commencera avec un sujet intitulé « Libérer un nouveau monstre » (8 minutes), qui donnera la parole au réalisateur et co-scénariste Leigh Whanell, qui reviendra sur sa volonté de réinventer le mythe avec quelque chose de plus « réaliste », sans magie mais avec une maladie. On y abordera également le décor de la ferme, conçu comme un personnage à part entière dans le récit, ainsi que le tournage en Nouvelle-Zélande. La featurette suivante, intitulée « Concevoir Wolf Man » (9 minutes), reviendra sur les effets pratiques et maquillages prosthétiques du film, conçus dans une optique de s’éloigner de l’image du « chien poilu » généralement d’usage dans les films de loups-garous. Le concepteur des maquillages Arjen Tuiten et les membres des effets spéciaux reviendront sur l’utilisation de plus de 600 prothèses, sur les deux à sept heures de maquillages nécessaires à donner vie au monstre, ainsi que sur l’influence de La Mouche de David Cronenberg sur leur travail. Le sujet suivant, « L’Horreur en pratique » (7 minutes) reviendra sur les scènes de cascades du film, notamment celles de l’accident de camion et la scène de la serre, le tout ayant été réalisé sur place. On terminera enfin avec un sujet intitulé « Cauchemars et paysages » (7 minutes), qui reviendra sur l’importance de l’image mais aussi et surtout du Sound Design : le directeur de la photographie Stefan Duscio et Leigh Whanell y insistent sur leur volonté de montrer le monde du point de vue du loup-garou à mesure que sa transformation évolue. On y abordera les séquences tournées en « Wolf Vision » ainsi que le mixage sonore, avec notamment un son créé à partir d’un micro rotatif et d’un sifflet aztèque.
Enfin, on terminera le tour des suppléments en revisionnant le film, accompagné d’un commentaire audio du réalisateur et co-scénariste de Wolf Man Leigh Whanell (VOST). Le cinéaste y partagera une véritable mine d’informations passionnantes. Il y reviendra sur les modifications apportées aux paysages néo-zélandais afin qu’ils ressemblent à l’Oregon, avec, notamment, une modification du sens de circulation des voitures pour les scènes tournées à Wellington, mais censées se dérouler à San Francisco. Il reviendra également sur la performance de ses acteurs, sur son amour pour les effets pratiques, ou encore sur l’utilisation occasionnelle d’images de synthèse très discrètes. Il reviendra en détail sur la séquence de l’accident de camionnette, ou encore sur le tour de force de passer, en un seul plan, de la vision humaine à celle du loup. Enfin, il évoquera également la « symétrie » entre la scène d’ouverture et la scène finale, tournées au même endroit. Très intéressant !