Test DVD : Histoire de Judas

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Histoire de Judas

histoire de Judas DVDFrance : 2015

Titre original : –
Réalisateur : Rabah Ameur-Zaïmeche
Scénario : Rabah Ameur-Zaïmeche
Acteurs : Nabil Djedouani, Rabah Ameur-Zaïmeche, Mohamed Aroussi
Éditeur : Potemkine Films
Durée : 1h36
Genre : drame
Date de sortie cinéma : 8 avril 2015
Date de sortie DVD : 3 novembre 2015

 

Après un long jeûne, Jésus rejoint les membres de sa communauté, soutenu par son disciple et intendant, Judas. Son enseignement sidère les foules et attire l’attention des grands prêtres et de l’autorité romaine.
Peu avant son arrestation, Jésus confie une ultime mission à Judas…

Histoire de Judas 4

Le film

[3/5]

Histoire de Judas, dit le titre. En fait, le film de Rabah Ameur-Zaïmeche s’attache plutôt à décrire la relation entre Jésus et Judas, son très fidèle disciple. Si le titre du film insiste sur le nom de Judas, c’est probablement pour mettre l’accent sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un énième acte d’accusation envers un disciple qui aurait trahi le Messie mais, tout au contraire, d’un acte de réhabilitation d’un personnage devenu l’archétype du traître et qui, à ce titre et depuis des siècles, a apporté de l’eau au moulin de tous les antisémitismes. Histoire de Judas se présente sous la forme d’un péplum, ou, plus exactement, d’un péplum « light », réalisé avec peu de moyens, sans effets spéciaux, sans véritable musique d’accompagnement, un film biblique mélangeant allégrement ancien et nouveau testament, un film de liberté montrant Jésus dans la parole et Judas dans l’action. Dès les premières images du film, cette action consiste pour lui, à monter au sommet d’une colline aride afin d’y retrouver Jésus, affaibli par un jeûne prolongé, et à le ramener sur son dos vers leur village où le duo fait l’objet d’un accueil chaleureux. Alors que Jésus continue de répandre sa parole, Judas continue d’agir : Jésus s’oppose verbalement au sacrifice des animaux, Judas détruit les cages ; Jésus pourfend verbalement les marchands du temple, Judas renverse leurs étalages. Lorsque Judas aperçoit un homme qui retranscrit par écrit les paroles de Jésus, il le chasse et rapporte ce fait à Jésus. Pas question de figer par l’écrit une parole vivante et adaptée à un moment précis, parole qui deviendrait alors pour toujours un dogme incontournable, indiscutable. Et d’envoyer Judas procéder à la destruction de ces écrits, geste qui, en l’éloignant de Jésus au moment de la passion, l’exonère de toute responsabilité dans la fin tragique de son ami : «Une petite injustice » qui, pour les romains, « vaut mieux qu’un grand désordre».

Histoire de Judas 7

Dans sa jeunesse à Montfermeil, Rabah Ameur-Zaïmeche s’intéressait en priorité à deux figures historiques, Jésus et Louis Mandrin. Après avoir réalisé trois films sur des sujets très contemporains, il s’était tourné vers le 18ème siècle et Mandrin dans son 4ème. C’est un nouveau bon dans le temps qu’il fait avec Histoire de Judas, un film qui lui permet d’aborder l’histoire de Jésus ainsi que celle de Judas, un personnage qui, dit-il, « mérite d’être réinventé, ré-imaginé ». Tout en reprenant à son compte des actes et des paroles bibliques, il prend de nombreuses libertés, transformant le Barabas des écritures en une espèce de simple d’esprit sympathique auquel il donne le nom de Carabas, faisant de Bethsabée la femme adultère à l’origine du fameux « Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre » et lui donnant Suzanne comme mère. Ce théâtre en plein air, Rabah Ameur-Zaïmeche est allé le tourner en Algérie, dans la wilaya de Biskra, le berceau de sa famille, entre le désert et les Aurès. Pour les images, il a de nouveau fait appel à Irina Lubtchansky, sa Directrice de la photographie depuis Dernier maquis, et le résultat est somptueux, alternant la captation des magnifiques paysages de l’Algérie avec de véritables tableaux s’inspirant de Rembrandt et de Caravage. Comme d’habitude, Rabah Ameur-Zaïmeche est son propre producteur. Comme d’habitude, le réalisateur joue dans son propre film : il est Judas, aux côtés de Jésus, interprété par Nabil Djedouani, réalisateur de documentaire algérien et assistant du metteur en scène sur le film. En effet, comme d’habitude, Ameur-Zaïmeche n’a pas hésité à donner des rôles de figurants à des membres de l’équipe technique, voire même, à faire interpréter le rôle de Bethsabée à Marie Loustalot, assistante monteuse du film. De ce film, austère et beau et dont l’action se déroule il y a 20 siècles, on retiendra deux plaidoyers très contemporains : le premier concerne tous les animaux et pas seulement les hommes et les femmes,« aucun être vivant ne mérite d’être mis en cage, pas même les poules », l’autre le danger que représente une lecture au premier degré de textes religieux écrits il y a de nombreux siècles, dans un contexte totalement différent.

Histoire de Judas 3

Le DVD

[4/5]

Présenté en Dolby 5.1, ce DVD édité par Potemkine Films est une belle réussite, encore plus par l’image, splendidement restituée, que par le son, certains dialogues étant parfois difficiles à comprendre. En fait, le transfert sur DVD n’est pas le responsable, il s’agit plutôt, une fois de plus, de ce mal français concernant l’articulation des comédiens. Un mal qui provient peut-être, qui sait, de la langue française elle-même, langue qui, ne présentant pratiquement pas d’accent tonique, peut s’avérer plus difficile à comprendre. Le DVD propose le choix entre un visionnage « comme au cinéma », un visionnage avec sous-titres pour sourds et malentendants et un visionnage avec audio description. Le DVD est riche en suppléments, quatre en tout. Plus que le « making of » de 13 minutes, qui montre des scènes prises sur le vif, l’équipe technique au travail et les difficultés rencontrées pour accéder à certains lieux de tournage, on retiendra les entretiens avec les comédiens : 9 minutes avec Nabil Djedouani et Régis Laroche, l’interprète de Ponce Pilate ; 5 minutes avec Marie Loustalot et Patricia Malvoisin, l’interprète de Suzanne ; 7 minutes avec Mohamed Aroussi, l’interprète de Carabas. De ces entretiens, il ressort que Rabah Amer-Zaïmeche est quelqu’un qui travaille à l’intuition, qui préfère abandonner le tournage d’une scène lorsqu’il sent, dès la deuxième prise, qu’il n’y a pas de flamme, scène qu’il reprendra plus tard, ailleurs. Il s’avère que ce réalisateur, tout en fournissant un texte très écrit au départ, est ouvert aux bonnes suggestions venant de ses interprètes, voire à de véritables improvisations. Ses interprètes se considèrent comme ayant été très libres, très responsables de leur propre travail. A condition toutefois, dit l’un d’eux, d’être vraiment présent. Quant au fait de prendre des gens de l’équipe technique pour faire de la figuration ou pour interpréter des rôles secondaires, il s’agirait d’un choix quasiment politique qui permet, entre autre, d’obtenir une véritable osmose entre les comédiens et les techniciens.

Histoire de Judas 2

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