Bergamo Film Meeting 2017 : Waldstille

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Waldstille

Pays-Bas, 2016
Titre original : Waldstille
Réalisateur : Martijn Maria Smits
Scénario : Martijn Maria Smits et Lenina Ungari
Acteurs : Thomas Ryckewaert, Jelka Van Houten, Marie Louise Stheins
Distribution : –
Durée : 1h29
Genre : Drame
Date de sortie : –

Note : 2,5/5

Une tragédie familiale est explorée en long et en large dans le deuxième film du réalisateur néerlandais Martijn Maria Smits, présenté en compétition au Festival de Bergame. Hélas, il ne ressort rien d’extraordinairement original ou poignant de Waldstille, si ce n’est l’obstination largement contenue d’un père de revoir sa fille. Après une introduction au revirement aisément prévisible, le reste du récit se contente en effet de suivre le père meurtri, car coupable, dans ses différents stratagèmes pour récupérer la garde de sa fille, quitte à enfreindre parfois la loi ou à mettre sa belle-famille devant le fait accompli. Ce long chemin vers la rédemption aurait pu devenir saisissant, à condition de s’écarter tant soit peu des poncifs les moins révélateurs de l’état psychologique du protagoniste, aussi intérieurement torturé qu’extérieurement tortueux. La narration flegmatique ne contribue en effet rien à l’intensité du récit, qui peine à se donner les moyens pour évoquer en toute simplicité son histoire, plutôt que de rester figé dans l’observation superficielle d’une crise existentielle grave.

Synopsis : Ben et Tinka ont laissé leur jeune fille Cindy chez les grands-parents, le temps de fêter de façon insouciante le carnaval. Sur le chemin du retour, ils sont impliqués dans un accident de voiture qui s’avère fatal pour Tinka. Après avoir purgé sa peine de prison pour homicide involontaire, Ben tente de revoir sa fille qui vit désormais avec les parents de Tinka. Ces derniers veulent complètement écarter Ben de la vie de Cindy, puisqu’ils sont incapables de lui pardonner la mort de leur fille. Seule la sœur de la défunte est prête à lui donner une deuxième chance, initialement pour le bien de sa nièce.

Un squelette dans le placard

Le sentiment de vide transmis par Waldstille n’est pas forcément celui que son jeune réalisateur avait l’intention de susciter. La thématique du deuil y est certes traitée avec un certain tact et sans effusion mélodramatique excessive. En même temps, le rythme du film a dangereusement tendance à piétiner, une fois que la prémisse à peu près prometteuse s’est transformée en un statu quo lénifiant. Alors oui, le non-dit de la disparition subite et violente de la mère pèse comme une chape de plomb sur l’ensemble de l’intrigue. Mais de cette culpabilité impossible à (se) pardonner, aucune trame narrative vigoureuse ne finit par naître. A chaque séquence investie ponctuellement d’instants de grâce cinématographique, comme celle dans l’institut funéraire ou encore celles qui donnent l’illusion d’un bonheur familial retrouvé de façon temporaire, répondent de nombreuses autres dont les clichés développés sans verve laissent les personnages patauger dans leur propre amertume. Le processus cathartique de l’intrigue se montre en effet particulièrement enrayé, et pas seulement par la faute du manque de profondeur dans le développement des personnages, les parents de Ben en tête et surtout la présence furtive du père, interprété par Johan Leysen, le seul acteur de la distribution connu en France.

Retour vers la réconciliation

La gestion du temps se révèle en effet peu convaincante au sein d’un récit articulé autour de trois sauts majeurs, dont chacun aurait dû déboucher sur un changement de ton marquant. Or, après l’insouciance d’ores et déjà très chargée en mauvais présages de la partie festive, le reste du film se contente d’une morosité contre laquelle même les plus infimes lueurs d’espoir deviennent inefficaces. Dans le même ordre d’idées, il n’est nullement aisé pour le spectateur de s’identifier avec la démarche de Ben, certes animée par un instinct paternel indéfectible, quoique incarnée par un homme dont les troubles et les remords intérieurs paraissent au mieux partiellement à travers le jeu effacé de Thomas Ryckewaert. La mise en scène souffre du même type de discrétion – que l’on ne se hasarderait pas à prendre pour de la subtilité –, globalement dépourvue du vocabulaire filmique nécessaire pour conférer ne serait-ce qu’un tout petit peu de punch à ce film, qui nous paraît en fin de compte au moins aussi léthargique que son personnage principal.

Conclusion

On aurait dû se douter de quelque chose, dès que Martijn Maria Smits avait déclaré lors de l’introduction de son film, que le cinéma italien était le meilleur en Europe. Nous avons beau ne pas être d’accord avec ce jugement subjectif, chauvinisme français oblige, et le prendre essentiellement pour ce qu’il est, à savoir un compliment de circonstance probablement provoqué par l’hospitalité du Festival de Bergame, il révèle tout de même une conception du cinéma que nous ne partageons pas trop avec le réalisateur de Waldstille. Ce qui ne veut pas dire qu’il cherche à y singer artificiellement quelque caractéristique du cinéma italien que ce soit, mais qu’il s’intéresse à des histoires trop rudimentaires et vagues pour qu’elles puissent nous passionner sincèrement !

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