Test Blu-ray : Streets of Fire – Les Rues de feu

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Streets of Fire – Les Rues de feu

États-Unis : 1984
Titre original : Streets of fire
Réalisateur : Walter Hill
Scénario : Walter Hill, Larry Gross
Acteurs : Michael Paré, Diane Lane, Rick Moranis
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h33
Genre : Thriller, Action, Musical
Date de sortie cinéma : 14 novembre 1984
Date de sortie Blu-ray : 2 septembre 2015

 

Un pygmalion du show-business dirige avec brio la carrière de Ellen Aim, une star du rock. Mais un soir de concert, elle est kidnappée par Raven et son gang de motards. Son ancien amant, Tom Cody, arrive en ville pour la libérer, ce qu’il fait rapidement… Raven et son équipe se lancent alors à leur poursuite, au beau milieu de cette zone interdite qu’est le district de Battery…

Le film

[5/5]

Parmi la profusion de cinéastes américains ayant fait leurs armes ou officiant déjà derrière la caméra durant les années 70, seulement une poignée a réussi à aborder le grand tournant des années 80 (l’après-Star Wars) sans y laisser des plumes ou carrément leur âme. Quelques maestros ont certes su confirmer tout le bien que l’on pouvait penser d’eux, mais dans de nombreux cas (De Palma, Coppola…), le meilleur n’était déjà plus « à venir » mais se situait avant la décennie 80. Certains cinéastes cependant sont parvenus à évoluer, à avancer avec leur temps, et même à bonifier leur cinéma, nous livrant avec une étonnante régularité une série de chefs d’œuvres étalés sur les deux décennies. On pense à Steven Spielberg, qui a toujours bénéficié de l’œil bienveillant de la critique et du public depuis ses débuts, à John Carpenter, dont le cinéma a été réhabilité assez tardivement par le Saint des Saints de la critique française Les Cahiers du Cinéma, et enfin à Walter Hill, toujours largement méprisé de l’intelligentsia cinéphile, mais dont le « gros œuvre »contient une série de films absolument formidables, qui obtiendront probablement un jour fort logiquement leur place au panthéon du septième Art comme autant de perles intemporelles. Le Bagarreur (1975), Les Guerriers de la nuit (1979), Sans retour (1981), Les Rues de feu (1984) et enfin Extreme prejudice (1987) – Cela fait déjà cinq chefs d’œuvres sur une période de douze ans. Plutôt pas mal pour cet élève et admirateur de Sam Peckinpah, surtout quand on considère en comparaison que le cinéma de « Savage » Sam s’est quant à lui effondré au tournant de la décennie 80.

En attendant Driver, qui débarquera le mois prochain en Blu-ray sous les couleurs de Showshank Films, c’est aujourd’hui Wild Side Vidéo qui nous régale avec la sortie sur galette Haute Définition de Streets of fire – Les rues de feu.

Comme Les guerriers de la nuit quelques années avant lui, Les rues de feu s’inscrit globalement dans le registre de la « bande dessinée », du récit archétypal et décomplexé qui transcende le médium pour toucher à l’universalité. On parlera de « bande dessinée » car le film de Walter Hill est de nouveau complètement inclassable, et ne rentre réellement dans aucune des cases où on voudrait l’assigner. Prenant place « another time, another place », dans un univers mélangeant l’architecture et les véhicules des années 30 / 40 / 50 à la modernité clinquante des années 80, Les rues de feu relève de l’uchronie, et donc de la science-fiction. Par ailleurs, le récit se déroule dans un no man’s land rappelant nombre de romans et univers post-apocalyptiques de bande dessinée, tels que ceux que l’on pouvait lire à l’époque de la sortie du film dans Métal hurlant ou 2000 AD. Mais en réalité, Streets of fire n’a rien d’un film de science-fiction ; à choisir, il tiendrait bien d’avantage du western. Héros solitaire, sentiments d’honneur exacerbés, ville en état de siège, loi expéditive, shérif dépassé par les événements le tout s’achevant sur un duel suivi du départ du lonesome cow-boy dans le soleil couchant : l’analogie avec le western est évidente, et parsème de toute façon l’ensemble de l’œuvre de Walter Hill. Nombre de ses films sont en effet des westerns déguisés, de Sans retour à Extreme prejudice en passant par Dernier recours ou encore Les pilleurs… Patchwork d’influences, baigné dans une ambiance rétro-futuriste et dans le pop rock des 80’s, quelque part entre Laura Branigan et Blondie (ou plus exactement entre Laurie Sargent et Holly Sherwood), Streets of fire ne prendra sans doute jamais une ride, dans le sens où le film, même en 1984, n’avait finalement rien de très contemporain ; avec son histoire héritée du western et sa romance contrariée, il tend même carrément à l’universalité car aussi chargé que puisse paraître l’univers imaginé par Walter Hill et son co-scénariste Larry Gross visuellement parlant, il n’a rien de réel et s’avère reçu par le spectateur comme un monde étrange et inconnu qui, au final, agit sur son inconscient de la même façon que le décor le plus spartiate.

Le Blu-ray

[5/5]

Wild Side Vidéo a pris récemment l’excellente initiative de restaurer et proposer sur support Haute Définition des classiques du polar dont l’éditeur vient d’acquérir les droits pour la France. Le consommateur français va donc pouvoir remplacer / upgrader ses DVD de films inoubliables des années 80, tels que The hot spot, Dangereuse sous tous rapports (dont les droits étaient jusqu’ici détenus par MGM) mais également Fletch et Streets of fire (dont les droits étaient jusqu’ici détenus par Universal).

On salue donc bien bas cette initiative inattendue et courageuse ainsi que l’effort éditorial de Wild Side, qui nous permet d’enfin revoir le film dans des conditions de visionnage que l’on pourra sans trop de peine qualifier d’optimales vu l’âge du film. Jusqu’ici disponible chez Universal dans un DVD encodé en 4/3, le film de Walter Hill retrouve de sa superbe grâce à Wild Side. Le master affiche une forme insolente, avec un beau piqué et une gestion des couleurs et des contrastes rendant justice au travail du directeur photo Andrew Laszlo. Le grain cinéma est d’avantage préservé que sur le HD-DVD édité par Universal il y a quelques années, et se fait nettement remarquer durant les nombreuses séquences en basse lumière. Côté son, on ne saura trop vous conseiller de visionner le film en V.O, le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 s’avérant spectaculaire, et carrément tonitruant sur les scènes d’action. La spatialisation est efficace, très immersive pendant les séquences musicales. La version française d’origine, encodée en DTS-HD Master Audio 2.0, ne tient naturellement pas la comparaison, mais fera plaisir à ceux ayant découvert le doublage français lors de la découverte du film en salle.

Côté bonus, l’éditeur nous propose un making of rétrospectif ultra complet, d’une d’1h20 environ. Sans langue de bois, les acteurs de la grande aventure que fut Streets of fire – Les rues de feu reviennent donc sur le projet, de ses balbutiements à sa réception catastrophique. Aucun aspect de la production n’est passé sous silence, des acteurs à la musique en passant par la photo et les décors, c’est tout simplement passionnant et génial.

On terminera avec un petit mot sur les visuels des DVD / Blu-ray proposés sur cette vague de films édités par Wild Side : plutôt que de ré-utiliser bêtement les affiches ou les habituels montages photo, l’éditeur a fait appel à Thierry Segur, qui a signé à la demande de la branche marketing et éditoriale de l’éditeur quatre visuels originaux et vraiment réussis, à la manière des américains de chez Criterion, qui « ré-interprètent » toujours les films avec des visuels surprenants, et rappelant même carrément le superbe boulot des créatifs de chez Mondo. Bien sûr, chacun selon sa sensibilité aura sa préférence parmi les quatre : personnellement, si le visuel était disponible à la vente en grand format, cette affiche « customisée » de Streets of fire trônerait certainement dans mon salon.

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