Critique : Queen and Country

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Queen and Country afficheQueen and Country

Grande-Bretagne, 2013
Titre original : Queen and Country
Réalisateur : John Boorman
Scénario : John Boorman
Acteurs : Callum Turner,  David Thewlis, Richard E. Grant, Caleb Landry Jones, Tamsin Egerton, Pat Shortt
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h55
Genre : Comédie dramatique, historique
Date de sortie : 7 janvier 2015

Note : 4/5

En 1987, John Boorman, le réalisateur de Delivrance, de Excalibur et de La Forêt d’émeraude, nous avait offert un petit bijou plein de tendresse, de nostalgie et d’humour en faisant raconter par un enfant de 7 ans les bombardements sur Londres, au début de la 2ème guerre mondiale. Ce film avait pour titre Hope and Glory (La guerre à sept ans) et l’enfant, c’était lui-même. 27 ans plus tard, il nous replonge dans sa propre histoire, cette fois ci sur fond de guerre de Corée, avec Queen and Country.

Synopsis : 1952. Bill Rohan a 18 ans et l’avenir devant lui.
Pourquoi pas avec cette jolie fille qu’il aperçoit sur son vélo depuis la rivière où il nage chaque matin ?
Cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu’il est appelé pour effectuer deux années de service militaire en tant qu’instructeur dans un camp d’entraînement pour jeunes soldats anglais en partance pour la Corée.
Bill se lie d’amitié à Percy, un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de faire tomber de son piédestal leur bourreau : le psychorigide Sergent Major Bradley.
Tous deux parviennent néanmoins à oublier un peu l’enfermement et la discipline à l’occasion de rares sorties. Mais leur est-il encore possible d’y rencontrer l’âme soeur ?

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Bill et Percy 

1952 : 7 ans se sont écoulés depuis la fin de la 2ème guerre mondiale et, depuis 2 ans déjà, une guerre est engagée en Corée. L’ONU ayant voté une résolution autorisant une intervention militaire destinée à soutenir l’armée de la Corée du Sud, la Grande-Bretagne est de nouveau en guerre, cette fois ci à l’autre bout du monde. Bill Rohan, lui, a 18 ans, il vit chez ses parents dans une île au milieu de la Tamise et, lorsque le temps le permet, il nage dans le fleuve. La vie, toutefois, n’est pas toujours un long fleuve tranquille : voici Bill, jeune homme romantique et passionné, contraint d’aller faire son service militaire. C’est là qu’il va rencontrer Percy, jeune homme déluré et farceur, et s’en faire un ami. Bill et Percy deviennent vite sergents et instructeurs des jeunes recrues en matière de secrétariat. Très vite, leur vie va tourner autour de deux pôles : d’un côté, les filles, qu’elles soient issues de la grande bourgeoisie londonienne ou élèves dans une école d’infirmière ; de l’autre côté, la vie militaire, avec, quel que soit le pays, tous ses côtés risibles, voire grotesques. Dans cet environnement, deux personnages sont particulièrement en pointe : le sergent-major Bradley, un militaire d’autant plus à l’affût de la moindre faute qu’il connaît le règlement par cœur, et le soldat Redmond, le roi des planqués. Jeunes et intelligents, Bill et Percy ne peuvent résister à l’envie de s’opposer à une hiérarchie quelque peu bornée en fomentant quelques plaisanteries savoureuses. Par exemple, le vol d’une horloge offerte au régiment par la reine Victoria et qui, depuis, fait l’honneur de cette unité.
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Un réalisateur expérimenté

A 81 ans, il est évident que John Boorman ne peut qu’être plein de nostalgie lorsqu’il évoque la fin de son adolescence et le début de sa vie d’adulte. Il est non moins évident qu’il est un cinéaste dont l’expérience est immense et qui a su, tout au long de sa carrière, pratiquer des genres fondamentalement différents. Autant dire que les nombreux allers-retours entre (excellente) comédie de bidasses et (non moins excellente) comédie romantique ne présentent pour lui aucune difficulté. Lorsqu’il décrit la vie militaire, il nous fait rire à la fois par la présentation de règlements plus ou moins ridicules, les travers de la hiérarchie et ce qu’inventent les deux héros pour gripper la machine. Lorsqu’il détaille la vie sentimentale de Bill et Percy, il dépeint avec sensibilité ce qu’étaient les relations entre jeunes hommes et jeunes femmes avant la révolution sexuelle des années 60. Des esprits chagrins pourront certes regretter le classicisme de la réalisation, voire même taxer le film d’académisme, qu’importe : impossible de rejeter un film qui fait rire intelligemment et émouvoir sans pathos, quand bien même il ne marque pas définitivement l’histoire du cinéma par sa facture.

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Une distribution solide

Rappelons nous : dans Queen and Country, c’est lui-même que John Boorman met en scène. Pour jouer son rôle, il a choisi Callum Turner, un jeune acteur britannique surtout connu pour ses prestations dans des séries télévisées comme Leaving et Glue. Un beau jeune homme, plutôt timide et romantique, c’est donc cette image que John Boorman a gardé de lui à ses 20 ans. Le rôle de Percy est tenu par le texan Caleb Landry Jones, déjà tête d’affiche de Antiviral de Brandon Cronenberg. Un brin cabot, mais c’est le rôle qui le demande. Interprétant le soldat Redmond, on retrouve avec plaisir l’irlandais Pat Shortt, l’inénarrable et émouvant Josie de Garage de Lenny Abrahamson. Le reste de la distribution, bien qu’exempte de grands noms du cinéma britannique, s’avère crédible et très solide.

Conclusion

Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2014, Queen and Country est à la fois un drame, une comédie romantique, un hymne à l’amitié et un film dans lequel on rit beaucoup, en particulier de tout ce que toute armée a de profondément risible, voire grotesque. Ce film apporte la preuve qu’à 81 ans, un réalisateur peut continuer à avoir une grande jeunesse d’esprit et une « pêche » de jeune homme. Dans la mesure où, dans ce film, John Boorman ne fait qu’esquisser la naissance de son amour pour le cinéma, on ne peut qu’espérer qu’il vienne une 3ème fois nous reparler de lui et, cette fois ci, de ses débuts dans sa profession.

 

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