La guerre des boutons

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La guerre des boutons, comparatif Yann Samuell vs Christophe Barratier

Il y a longtemps, quand j’avais dix ans, j’adorais un film dont je ne me rappelais jamais le titre, où des enfants se battaient et volaient des boutons. C’était évidemment La guerre des boutons d’Yves Robert de 1961, adapté du roman du même nom de Louis Pergaud. Après un remake américain dans les années 90, la rentrée 2011 voit débarquer sur les écrans deux nouvelles adaptations : le Yann Samuell (14/09/11) et le Christophe Barratier (21/09/11).

La guerre des boutons de Yann SamuellLa guerre des boutons de Yann Samuell

France : 2011
Titre original : La guerre des boutons
Réalisateur : Yann Samuell
Scénario : Louis Pergaud
Acteurs : Eric Elmosnino, Mathilde Seigner, Fred Testot
Distribution : UGC Distribution
Durée : 1h49
Genre : Comédie
Date de sortie : 14 septembre 2011

Globale : [rating:2.5][five-star-rating]

Synopsis : 1960, un village dans le sud de la France. Une bande de garçons, âgés de 7 à 14 ans, menée par l’intrépide Lebrac, est en guerre contre les enfants du village voisin, leurs ennemis jurés. Une guerre sans merci, qui dure depuis des générations. On se bat pour l’honneur et la fidélité et, pour gagner, tous les moyens sont bons. Même, s’il le faut, combattre nu comme un ver, ou pire, accepter l’aide de Lanterne – une fille ! – la nouvelle recrue de la bande, pleine de panache et d’ingéniosité. Mais il n’est pas facile d’être une armée de petits hommes sans se faire attraper par Papa et Maman ! Quand, après la bataille, on rentre à la maison, les vêtements en lambeaux et des boutons en moins, mieux vaut se faire discret…

La guerre des boutons de Yann Samuell

La république des enfants

Yann Samuell est connu pour sa très belle romance Jeux d’enfants et le moins réussi L’âge de raison. Le réalisateur a eu plusieurs fois l’occasion d’aborder le sujet de l’enfance de diverses manières dans ses précédents films. Sa version de la guerre des boutons fait la part belle aux jeunes garnements, avec une attention particulière portée sur les dialogues et les répliques drôles :

« – À trois, on y va !
   – Mais on est que deux… »

« On pourrait pas m’appeler destructeur ou ratiboiseur ? »

« Les fables de La Fontaine ont été écrites par un inconnu… »

Les premières séquences, tournées à la Lars Von Trier (sans pied avec tremblements) et montées à la Michael Bay (surdécoupage des plans), empêchent de s’immerger dans l’univers du film. Même si cela s’améliore au fil du récit, le film manque de maîtrise technique, notamment au niveau de l’image, du cadrage et de la lumière, qui aurait permis aux spectateurs de se plonger totalement dans le passé. L’action se déroule dans les années 60 et pourtant, on n’y croit pas une seconde.

La guerre des boutons de Yann Samuell

Côté distribution, la majorité des enfants ont su jouer de manière juste, mis à part le personnage de Lebrac qui sonne faux et tombe dans le sur-jeu. Or, la justesse ne fait pas tout. Les personnages sont tous caractérisés (le chef courageux, le petit maladroit, le second intellectuel, …) mais manquent d’âme et de consistance, empêchant ainsi un attachement émotionnel ou une quelconque empathie. La présence des adultes n’envahit pas trop le récit et permet de laisser régner une ambiance légère malgré les faits historiques (guerre d’Algérie). La scène de dispute entre Eric Elmosnino (Gainsbourg) et Alain Chabat (Chouchou, Didier) est un tantinet longue et semble avoir été placée là pour justifier une participation exceptionnelle et un effet de casting (Mathilde Seigner, Fred Testot).

Résumé :

Malgré un regard à hauteur d’enfant et une écriture soignée, La guerre des boutons peine à émouvoir et devient simplement une pâle copie/adaptation de l’original. Le film n’a pas su replonger les spectateurs dans les souvenirs de l’enfance.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=cnT9rAUrUMk[/youtube]

La nouvelle guerre des boutons de Christophe BarratierLa nouvelle guerre des boutons de Christophe Barratier

France : 2011
Titre original : La nouvelle guerre des boutons
Réalisateur : Christophe Barratier
Scénario : Louis Pergaud
Acteurs : Laetitia Casta, Guillaume Canet, Kad Merad
Distribution : Mars Distribution
Durée : 1h40
Genre : Comédie
Date de sortie : 21 septembre 2011

Globale : [rating:2.5][five-star-rating]

 

Synopsis : Mars 1944. Alors que la planète est secouée par les soubresauts de la guerre mondiale, dans un petit coin d’une campagne française se joue une guerre de gosses… Car, depuis toujours, les gamins des villages voisins de Longeverne et Velrans s’affrontent sans merci. Mais, cette fois, leur guerre va prendre une tournure inattendue : tous les petits prisonniers se voient délestés des boutons de leurs vêtements, en sorte qu’ils repartent presque dénudés, vaincus et humiliés. Ce conflit porte désormais un nom : la « guerre des boutons ». Et le village qui aura récolté le plus de boutons sera déclaré vainqueur… En marge de ce conflit, Violette, une jeune fille d’origine juive, fait battre le cœur de Lebrac, le chef des Longeverne. La véritable origine de Violette sera-t-elle dénoncée et découverte ?

La Nouvelle guerre des boutons

« Tiens, voilà du boudin »

Le nom de Christophe Barratier, dans le cœur de tous les Français, est associé au succès populaire des Choristes (8,5 millions d’entrées !!!). Son univers est toujours marqué par un style vieille France, comme une carte postale jaunie par le temps, que l’on retrouve également dans Faubourg 36 et dans La nouvelle guerre des boutons.

Le réalisateur maîtrise parfaitement l’exercice de la reconstitution historique, mieux que chez le concurrent, insufflant une vraie nostalgie douce et historique à son film. Sa version du roman se déroule pendant la Seconde Guerre Mondiale et choisit de donner une place importante et décisive sur le court du récit.

Comme toujours l’image est léchée et une attention particulière (voire trop appuyée) est portée sur la musique, donnant à cette guerre des boutons une allure de blockbuster / film « d’auteur » français, parfois englué dans une overdose de sentiments à la Walt Disney. Le réalisateur tire sur la corde de l’émotion tellement fort que le tour de passe-passe ne fonctionne plus. Les enfants en font des tonnes pour paraître innocents et drôles. Petit Gibus est cantonné aux répliques comiques à répétitions lourdes, perdant ainsi la fraîcheur et la spontanéité du personnage d’origine et son fameux « mon pantalon, est décousu, et si ça continue, on verra le trou de mon … mon pantalon … »

La Nouvelle guerre des boutons

L’histoire d’amour entre Lebrac et Violette est facile et maladroite mais permet de donner plusieurs dimensions à la guerre, qu’elle soit entre villages ennemis ou entre pays ennemis.

Le casting adulte est plus que bien fourni : Laetitia Casta, Gérard Jugnot, Kad Merad, Guillaume Canet. Là encore, leur présence ne tombe pas dans l’excès mais aurait pu se faire encore plus discrète.

Résumé :

La nouvelle guerre des boutons touche le spectateur grâce à une nostalgie vieille France liée au monde merveilleux de l’enfance mais le manque de spontanéité des enfants fait perdre au film la part d’innocence qu’il lui manquait.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=DSwcqJtJuTA[/youtube]
La guerre des boutons, comparatif Yann Samuell  vs Christophe Barratier

On pourrait se demander comment il est possible que deux adaptations relativement similaires d’un roman puissent sortir sur les écrans sur un si court intervalle de temps. L’effet s’était déjà produit avec Coco Chanel (Coco avant Channel, Coco Chanel et Igor Stravinsky), Truman Capote (Truman Capote et Infamous). Or, même si le livre est tombé dans le domaine public, pourquoi la première équipe n’a pas demandé l’exclusivité d’adaptation ????? Les spectateurs vont êtres perdus dans tous ces boutons…

D’après les premiers chiffres, les deux films ont réalisé le même nombre d’entrées, sachant que le second est sorti il y a seulement 2 jours. Il semblerait que le film du réalisateur des Choristes tire avantage de ses succès précédents.

Conclusion :

Yann Samuell VS Christophe Barratier, match nul, mais pitié, pas de match retour… Le premier tire sa force d’un scénario bien écrit et en perd du côté de la technique. Le deuxième joue sur une combine qui marche mais qui commence à s’essouffler (vieille France, travail sur l’image et le son, casting

 

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