Critique : Divergente 3 Au-delà du mur

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Divergente 3 Au-delà du mur

Etats-Unis, 2016
Titre original : The Divergent Series Allegiant
Réalisateur : Robert Schwentke
Scénario : Noah Oppenheimer, Adam Cooper et Bill Collage, d’après le roman de Veronica Roth
Acteurs : Shailene Woodley, Theo James, Ansel Elgort, Miles Teller
Distribution : SND
Durée : 2h01
Genre : Science-fiction
Date de sortie : 9 mars 2016

Note : 3/5

Quel univers curieux que celui de Divergente ! Ni le premier à exploiter l’engouement actuel pour la littérature fantastique aux héros féminins, ni le plus original, il réussit néanmoins à tirer son épingle du jeu truqué des suites à rallonge en prenant à contre-pied les conventions les plus flagrantes du genre. Après un deuxième film amplement accessible grâce à sa fidélité sans faute aux ingrédients et aux clés de lecture de ces aventures destinées en priorité à un public adolescent, voici le troisième, qui s’emploie à quelques observations étonnantes d’ordre politique, avant le grand final lors du dernier film. Le plus beau compliment que l’on puisse faire à Divergente 3 Au-delà du mur, c’est qu’il ne s’apparente guère à cette espèce d’amuse-gueule fade et tiré inutilement en longueur, qui avait rendu les conclusions d’univers concurrents comme Twilight et Hunger Games si peu attrayantes. Bien que le sort de Tris et de ses compagnons de lutte pour un monde meilleur nous intéresse toujours très peu, l’intrigue se distingue par la noirceur de son propos, démentie uniquement lors des dernières minutes du film de Robert Schwentke, qui devient in extremis moins convaincant.

Synopsis : La hiérarchie sociale instaurée par Jeanine appartient désormais au passé. La nouvelle femme forte de la ville de Chicago, Evelyn, entend faire le ménage auprès des sbires de son successeur, quitte à commettre les mêmes erreurs que lui. Son fils Quatre et la copine de celui-ci, Tris, ne comptent pas assister les bras croisés à cette campagne d’épuration. La jeune meneuse de la révolution contre le système des castes espère au contraire qu’un nouvel ordre harmonieux régnera sur la cité, grâce au message mystérieux envoyé depuis l’autre côté du mur qui entoure toute la ville. Avec Quatre, son frère Caleb et leur allié plein de duplicité Peter, elle part vers l’inconnu.

Des lendemains qui déchantent

L’intention première des scénaristes de cette production hollywoodienne plutôt solide n’a sans doute pas été de commenter les événements assez récents regroupés sous le terme de « printemps arabe », voire le cas de figure historique au moins aussi ancien que la Révolution française, suivie par une période de turbulences sérieuses. Le point de départ du film ressemble pourtant à s’y méprendre au vide laissé après l’éviction des despotes d’antan, à cette brève parenthèse qui ne nous inspire aujourd’hui que de la nostalgie, alors qu’elle était il y a cinq ans une source de joie et d’optimisme. Depuis, la chape de plomb du pragmatisme s’est rabattue sur ce sursaut historique, jusqu’à présent resté pratiquement sans résultats positifs autour de la Méditerranée. De la même façon, la victoire éclatante obtenue à l’issue de Divergente 2 L’Insurrection s’est soldée ici par un chaos sanguinaire à peine contenu. Personne parmi les personnages investis d’un certain pouvoir ne détient visiblement la recette pour faire rentrer comme par miracle les choses dans un ordre plus sain. A l’exception de Tris, l’idéaliste de service, qui croît encore en un futur radieux sur des terres lointaines.

La peste ou le choléra

L’astuce habilement employée par le récit consiste alors à démontrer que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Le monde ultra-moderne que les réfugiés atteignent après la traversée d’un désert apocalyptique n’a rien à envier en termes de scissions infondées de la société à leur patrie délaissée. Les stratagèmes des puissants et les moyens à leur disposition ont certes l’air d’être plus sophistiqués et peut-être même plus civilisés. Mais en fin de compte, la jungle des prédateurs a simplement changé d’aspect dans un équilibre des forces toujours si peu altruiste. Il n’y a donc strictement rien à y gagner pour les deux héros – Tris et Quatre – au trait un peu trop caricatural. Ils se voient du coup réduits avec une facilité étonnante aux éternels ébats amoureux et quelques courses contre la montre à l’issue jamais très palpitante. Le seul à savoir préserver une redoutable complexité dans cet imbroglio factice est une fois de plus Peter, interprété avec une nonchalance désarmante par Miles Teller. Face à lui, Shailene Woodley et Theo James dans les rôles principaux remplissent tout juste la fonction des repères d’identification beaux, valeureux et pourtant trop longtemps dupes du traquenard dans lequel ils avancent avec une naïveté un poil exagérée.

Conclusion

Nos attentes ne sont jamais très élevées lorsqu’il s’agit de regarder l’énième épisode d’un univers dans l’air du temps, interchangeable avec plein d’autres films de la même trempe. Ce film constitue toutefois déjà la deuxième surprise relativement agréable de suite à mettre sur le compte de Divergente. Alors qu’on y cherchera en vain une quelconque virtuosité formelle, le constat nihiliste qui en ressort représente un départ appréciable de la morale vaine et superficielle dont souffrent ces jours-ci la plupart des productions fantastiques à vocation commerciale.

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