Critique : Sonate pour Roos

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Sonate pour Roos

Pays-Bas, Norvège : 2017
Titre original : Verdwijnen
Réalisation : Boudewijn Koole
Scénario : Jolein Laarman
Interprètes : Rifka Lodeizen, Elsie de Brauw, Marcus Hanssen, Jakob Oftebro
Distribution : Arizona Distribution
Durée : 1h30
Genre : Drame
Date de sortie : 18 avril 2018


Note : 4/5

Lors de la Berlinale de 2012, c’est un réalisateur néerlandais, Boudewijn Koole, qui s’était vu attribuer l’équivalent de la Caméra d’or avec Little Bird. Beyond Sleep, son deuxième long métrage, tourné dans le nord de la Norvège, n’a pas été distribué dans notre pays. C’est de nouveau en Norvège que Boudewijn Koole a tourné Sonate pour Roos, son troisième long métrage.

Synopsis : Roos rejoint la Norvège tous les ans afin de rendre visite à son jeune frère et sa mère pianiste.
Entre les deux femmes, d’anciennes tensions enfouies empêchent toute communication. Cette année, Roos souhaite pourtant partager une nouvelle essentielle.


Une communication à établir

C’est l’hiver dans le nord de la Norvège. Autour d’une voiture qui avance sans problème sur une route enneigée, c’est bien sûr un blanc immaculé qui domine. Lorsque la quadragénaire Roos arrive à destination, on comprend très vite qu’il s’agit, comme c’est le cas presque chaque année, d’une visite familiale faite par cette néerlandaise à Louise, sa mère, et à Bengt, un jeune garçon de 13 ans dont on devine qu’il s’agit de son frère ou, plutôt, de son demi-frère. Si la relation entre Roos et Bengt est pleine de chaleur et de tendresse, le jeune garçon, en faisant part  à sa sœur de sa crainte de voir de nouveau une dispute éclater entre Roos et Louise, nous révèle vite que celle entre les deux femmes est aussi froide que la température qui règne à l’extérieur de la maison familiale. L’espoir de Bengt : si une telle dispute éclate, qu’au moins Roos vienne lui dire au-revoir en partant !

Pour Roos, en tout cas, il est manifestement important que cette visite soit différente de celles des années précédentes. Cette fois ci, il est indispensable que sa mère accepte de l’écouter car elle a des choses importantes à lui communiquer. Des choses relatives au passé, à ce qu’elle a vécu dans sa jeunesse face à une mère ne vivant que pour son métier de pianiste professionnelle, célébrée dans le monde entier. Des choses relatives au futur proche, surtout, des choses difficiles à dire et à entendre.

Un film tout en retenue

Dans Sonate pour Roos, le piano est un acteur important. A coup de 6 heures de répétition par jour, il a phagocyté la vie de Louise dès son plus jeune âge, il l’a éloigné de ses parents dès l’âge de 8 ans, il a détruit son couple à coup de tournées dans le monde entier, il l’a éloigné de sa fille qui a préféré aller vivre avec son père dès l’âge de 8 ans. Il arrive toutefois que cet instrument permette un rapprochement entre Louise et Ross dans une interprétation improvisée de la Fantaisie pour piano à 4 mains de Franz Schubert.

Et, concernant le piano, savez vous ce que l’on fait lorsqu’on souhaite diminuer le volume sonore de l’instrument ? On installe une sourdine. Cette même sourdine que Boudewijn Koole a installée pour raconter l’histoire de Louise et de Roos. Ici, pas d’annonces fracassantes, mais une tension feutrée qui s’installe et qui, tout comme le décors majestueux dans lequel il se déroule, représente un élément important du charme que dégage ce film tout en retenue. Quant aux  interrogations qu’on ne peut manquer de se poser, elles trouvent toutes leur réponse, à un rythme qui sera perçu comme lent par les spectateurs pressés et parfaitement adapté au sujet du film par les autres.

On ne les connait pas, mais …

Film néerlandais tourné en Norvège, Sonate pour Roos utilise 3 langues différentes de façon très naturelle : Louise et Roos conversent en néerlandais, l’anglais est utilisé dans les conversations entre Roos et son frère ainsi que celles qu’elle a avec Johnny, son amant local. Quant au norvégien, il est également pratiqué, par exemple dans les conversations de Louise avec ses voisins.

Le cinéma néerlandais étant rarement présent sur nos écrans, Rifka Lodeizen et Elsie de Brauw, les comédiennes qui interprètent les rôles de Roos et de Louise, sont pour nous de véritables inconnues. Pourtant, les spectateurs qui iront voir Sonate pour Roos ne manqueront pas d’être frappés par la qualité de leur jeu, un jeu très intériorisé particulièrement bien adapté au type de réalisation adopté par Boudewijn Koole. Le film compte également un comédien norvégien avec Jakob Oftebro, l’interprète de Johnny. Quant à Marcus Hanssen (quelle que soit sa nationalité !), il apporte beaucoup au film avec un jeu très touchant dans le rôle d’un enfant qui, lui, a eu la chance que sa mère ne soit plus la Louise d’antan, qu’elle ait eu le temps de s’occuper de lui et qui souhaite avant tout que la paix s’établisse dans la famille.


Conclusion

Le cinéma néerlandais étant rarement présent sur nos écrans, on ne peut que se féliciter d’être confronté, avec Sonate pour Roos, à un film de grande qualité provenant de ce pays. Un film tout en retenue qui parle avec beaucoup de dignité d’un sujet difficile.

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