Critique : Bye Bye Blondie

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bye bye blondie AFFICHEBye Bye Blondie

France, 2012
Titre original : –
Réalisateur : Virginie Despentes
Scénario : Virginie Despentes, d’après son roman
Acteurs : Emmanuelle Béart, Béatrice Dalle, Soko, Clara Ponsot
Distribution : Happiness Distribution
Durée : 1h37
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 21 mars 2012

Note : 3/5

Dans le cadre de la thématique Femmes Femmes des 15èmes Journées Dionysiennes de l’Ecran de Saint-Denis, Virginie Despentes est l’une des invités d’honneur, l’occasion notamment de redécouvrir ce qui est pour l’instant son meilleur film, une histoire d’amour entre Béatrice Dalle et Emmanuelle Béart.

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Synopsis : Frances et Gloria se sont aimées lorsqu’elles avaient quinze ans. Vingt-cinq ans plus tard, la première est devenue une petite vedette de la télévision culturelle. Mariée avec un écrivain homosexuel, elle vient rechercher son amour de jeunesse. Très vite la passion redémarre, mais est-il si facile pour deux personnalités si fortes de faire renaître une histoire qui s’est arrêtée un quart de siècle plus tôt ?

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La plus rebelle n’est pas celle qui hurle le plus fort

Plus de dix ans après le sulfureux Baise-moi, la romancière Virginie Despentes revenait derrière la caméra avec Bye Bye Blondie, l’adaptation de son livre éponyme. Si Gloria est toujours la même, son héros Eric est devenu Frances. Et le récit d’un amour punk hétérosexuel devient une histoire entre deux femmes interprétées avec fougue par Béatrice Dalle et Emmanuelle Béart. Les deux comédiennes s’investissent avec passion dans cette histoire improbable qui parvient à toucher et même à amuser. Étonnamment, Virginie Despentes a choisi de montrer que la plus rebelle des deux n’est pas forcément celle qui hurle le plus fort (Gloria) mais bien celle qui malgré une gloire bien éphémère avec une émission littéraire diffusée à un horaire tardif sur le petit écran (Frances) assume tous ses choix, qu’il s’agisse de ses penchants amoureux ou de sa carrière dont elle perçoit bien toutes les limites. Elle est le moteur, celle qui se bat, quand l’autre a presque abandonné la bagarre au quotidien malgré une envie de rébellion toujours affirmée. L’alchimie entre les deux actrices fonctionne réellement et permet l’empathie, même dans les scènes les plus improbables. Les deux comédiennes jouent avec leurs images respectives et les déjouent, créant quelques surprises dans l’intrigue, moins noire que ce que l’on aurait pu attendre.

Pascal Greggory, Virginie Despentes et Emmanuelle Béart
Pascal Greggory, Virginie Despentes et Emmanuelle Béart

La légèreté sied à Virginie Despentes

Pascal Greggory est le mari désinvolte, et on sent que l’auteur parodie ses propres excès face à l’acte douloureux de la création (le choix de la musique pour se mettre dans l’ambiance, le port du kimono, la photo de Simenon en évidence). La dérision jubilatoire du comédien permet de désamorcer le côté trop sérieux d’un tel personnage. Son jeu décalé souligne d’ailleurs cette envie de légèreté de la part de Virginie Despentes dans ce récit et son adaptation pour le grand écran, avec des dialogues fantaisistes. En dehors des rares spectateurs qui auront déjà vu quelqu’un qui ressemble un tant soit peu à cette guerrière fière habillée en Prada faire la femme de ménage, les autres devraient redécouvrir l’adjectif ‘ surprenant ‘ qui s’applique bien à ce drôle d’objet cinématographique. Une petite réserve porte sur l’erreur de casting des actrices qui interprètent le duo d’adolescentes. Soko et Clara Ponsot sont respectivement Dalle et Béart et on ne peut que regretter qu’elles n’aient pas inversé leurs rôles. Soko, excellente dans A l’origine de Xavier Giannolli déçoit dans la peau de cette adolescente hystérique et surjoue la hargne rebelle. Clara Ponsot, également à l’affiche des Infidèles, est une vraie révélation, dans un rôle pourtant à peu près autant casse-gueule.

Clara Ponsot et Soko
Clara Ponsot et Soko

Conclusion

Sans être toujours très maîtrisé dans la mise en scène, ce drame romantique possède la naïveté des romans Harlequin et n’hésite pas à assumer une émotion et de l’humour bien éloignés de ce que l’on peut attendre d’un auteur autrefois punkette délurée et qui s’est assagie, sans perdre totalement son mordant. Si l’équilibre sur l’ensemble des scènes n’est pas total, le ressenti final est étonnamment positif.

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