Alors que le Festival de Cannes 2025 entame les derniers cycles de rattrapage hors de ses murs cette semaine, celui de Venise prend de plus en plus forme. Ainsi, on connaît depuis avant-hier le nom de la deuxième lauréate du Lion d’or d’honneur, qui recevra ce prix prestigieux aux côtés du réalisateur allemand Werner Herzog à la fin de l’été. Il s’agit de l’actrice américaine Kim Novak, icône du cinéma hollywoodien des années 1950 et ’60 et l’une des dernières survivantes de la fin de l’âge d’or des studios, en l’occurrence la Columbia chez laquelle elle était sous contrat à partir de 1954. Inscrite pour toujours dans l’Histoire du cinéma grâce à son rôle mythique dans Sueurs froides de Alfred Hitchcock, elle avait de même collaboré avec d’autres réalisateurs de renom tels que Richard Quine, Otto Preminger, Billy Wilder et Robert Aldrich.
La 82ème édition du Festival de Venise aura lieu dans onze semaines, du mercredi 27 août au samedi 6 septembre prochains. La seule autre information d’envergure dont nous disposons pour l’instant à son sujet est le nom du président du jury, le réalisateur américain Alexander Payne (Winter Break).
Au moins indirectement un produit du dernier sursaut des studios contre la concurrence inévitable de la télévision, Kim Novak (* 1933) n’a jamais vraiment su, ni voulu s’accommoder de l’autorité que des patrons stricts comme Harry Cohn à la Columbia ont exercé sur elle. Ce qui ne l’a pas empêché de faire une belle carrière pendant une dizaine d’années, essentiellement du milieu des années ’50 jusqu’à celui de la décennie suivante. Conçue comme une rivale théorique à sa contemporaine Marilyn Monroe, elle avait d’emblée tenu des rôles de femmes fatales et autres blondes écervelées dans des films comme Du plomb pour l’inspecteur de Richard Quine, Phffft ! de Mark Robson, On ne joue pas avec le crime de Phil Karlson et Tu seras un homme mon fils de George Sidney.
Deux de ses rôles les plus remarqués du début de sa carrière étaient celui de la confidente du toxicomane Frank Sinatra dans L’Homme au bras d’or de Otto Preminger en 1955, puis trois ans plus tard, celui de la mystérieuse Madeleine / Judy dans le chef-d’œuvre de Alfred Hitchcock Sueurs froides. A la même époque, elle avait également tenu le haut de l’affiche dans des films de Joshua Logan (Picnic), George Sidney (Un seul amour et La Blonde ou la rousse), Richard Quine (L’Adorable voisine, Liaisons secrètes et L’Inquiétante dame en noir), Delbert Mann (Au milieu de la nuit), Michael Gordon (Garçonnière pour quatre), Ken Hughes (L’Ange pervers), Billy Wilder (Embrasse-moi idiot !), Terence Young (Les Aventures amoureuses de Moll Flanders) et Robert Aldrich (Le Démon des femmes).
Peu de temps avant ce dernier film, sorti en 1968, la maison de l’actrice à Bel Air est complètement détruite par une coulée de boue. Kim Novak prend cet incident comme prétexte pour s’éloigner du quotidien stressant d’une actrice à Hollywood. Par la suite, elle n’apparaît que sporadiquement dans des films comme Le Plus grand des Hold-up de Hy Averback, Le Bison blanc de J. Lee Thompson, Gigolo de David Hemmings, Le Miroir se brisa de Guy Hamilton, Traumatismes de Mike Figgis, ainsi que dans la série à succès des années ’80 « Falcon Crest ». Elle vit depuis longtemps reculée sur son ranch dans l’état d’Oregon sur la côte ouest des États-Unis.
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Pour une vedette à la réputation aussi durable, Kim Novak a reçu étonnamment peu de prix. En effet, le seul autre trophée honorifique qu’elle a obtenu auparavant était l’Ours d’or d’honneur au Festival de Berlin en 1997. Désormais, elle cumule cette double reconnaissance à la fois allemande et italienne avec ces treize autres légendes du cinéma que sont Billy Wilder, Dustin Hoffman, Jeanne Moreau, Claudia Cardinale, Ken Loach, Steven Spielberg, Sophia Loren, Martin Scorsese, Robert Altman, Catherine Deneuve, Andrzej Wajda, Francesco Rosi et Tilda Swinton.
Kim Novak est la quatrième comédienne américaine à recevoir le Lion d’or d’honneur au Festival de Venise, après ses consœurs et compatriotes Jane Fonda, Jamie Lee Curtis et Sigourney Weaver. A 92 ans, elle est la deuxième lauréate la plus âgée, dépassée uniquement par l’auguste Manoel De Oliveira (Val Abraham), 95 ans en 2004. Il n’y a eu qu’une autre artiste nonagénaire honorée de la sorte, ce fut la réalisatrice italienne Liliana Cavani (Portier de nuit), qui avait 90 ans en 2023. En 1988, le réalisateur néerlandais Joris Ivens (Une histoire de vent) allait souffler ses 90 bougies quelques mois après son sacre vénitien.
