L’histoire de deux hommes, d’un accident de voiture et d’un crime commis au fond des bois. Les faits se racontent petit à petit, les histoires se ressemblent et les pièces du puzzle s’assemblent…
Le film
[3/5]
Le 17 septembre 1983, les parents de Jakrawal Nilthamrong ont eu un très grave accident de voiture. Alors que sa mère a pu récupérer totalement et retrouver la vie et le travail qu’elle avait avant l’accident, il n’en a pas été de même pour son père, touché au cerveau et qui n’a jamais retrouvé l’intégralité de ses capacités. D’une certaine façon, Jakrawal Nilthamrong est conscient que cet accident a beaucoup contribué à le façonner tel qu’il est aujourd’hui, mais, d’un autre côté il ne cesse de se demander ce qu’il serait devenu sans cet accident. Alors que les souvenirs qu’il a de son père avant l’accident s’évanouissent petit à petit, la premières image de Vanishing point reprend la photo en noir et blanc parue dans la presse à la suite de l’accident de ses parents : en quelque sorte, le point de départ de la vie qu’il a eu, différente, forcément, de celle qu’il aurait pu avoir. Dans un cheminement parallèle pas toujours facile à comprendre, le réalisateur nous raconte ensuite l’histoire de deux hommes à des époques différentes de leurs vies et qui, pour lui, sont l’image en miroir l’un de l’autre : un homme d’une cinquantaine d’années qui a été directeur d’usine en province, qui quitte sa famille avec sa comptable beaucoup plus jeune que lui et qui va à Bangkok pour prendre en charge un hôtel dont il est propriétaire ; l’autre est un jeune journaliste qu’on commence par rencontrer lors de la reconstitution d’une scène de crime dans une forêt : il est idéaliste et il ne supporte pas les injustices.
Jakrawal Nilthamrong est un réalisateur thaïlandais de 45 ans pour qui Vanishing point, primé au Festival de Rotterdam en 2015, est le premier long métrage. Intéressé par tout ce qui touche à la philosophie et à la spiritualité asiatiques, il ne peut pas cacher une certaine forme de parenté avec son compatriote Apichatpong Weerasethakul, même s’il sait s’en différencier ne serait-ce qu’en instillant de temps à autre de petites touches d’humour. La réception qu’on peut avoir de Vanishing point dépend grandement de l’état d’esprit qu’on a au moment où on le visionne et cela peut aller, pour la même personne, d’un véritable enchantement à une très grande irritation. A vous de choisir le bon moment ! Et, surtout, n’oubliez pas de le regarder dans une pièce où règne une bonne obscurité. A noter que, quelle que soit la façon dont on reçoit ce film, il y a des moments inoubliables, tel celui où un moine bouddhiste explique qu’il y a une différence du même ordre entre un homme jeune et le même homme devenu plus âgé qu’entre de la nourriture et des excréments : un homme âgé a été un homme jeune, des excréments ont été de la nourriture ! Après avoir vu Vanishing point, on sera sans doute intéressé par la sortie, le 4 mai et cette fois ci en salle, de Anatomy of time, le nouveau film de Jakrawal Nilthamrong présenté à la Mostra de Venise en septembre dernier.
Le DVD
[3.5/5]
C’est sans doute la sortie prochaine de Anatomy of time qui a incité Damned à sortir Vanishing point en DVD, un film de 2015 qui n’avait pas eu droit, à l’époque, à une sortie en salles. Il n’y a pas grand chose à dire sur ce DVD, d’autant plus qu’on est dans l’impossibilité de comparer à ce que peut donner sa vision en salle, sur grand écran. Tout au plus, concernant l’image, on peut dire qu’elle est de qualité honnête et concernant le son, que l’on n’a pas à se creuser la tête pour faire son choix : on est d’office en 2.0, VO sous-titrée en français.
En supplément, le DVD offre Immortal woman, un court-métrage muet de Jakrawal Nilthamrong, d’une durée de 9 minutes, réalisé en noir et blanc en 2010 : une femme allongée ou en fauteuil roulant, dotée d’un masque à oxygène et que le réalisateur filme en plans larges en alternance avec des gros plans se focalisant sur de nombreux détails de son corps : oreilles, peau, plis, cheveux, mains.