Test DVD : Phoenix

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Phoenix

Allemagne : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Christian Petzold
Scénario : Christian Petzold, Harun Farocki d’après un roman de  Hubert Monteilhet
Acteurs : Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Nina Kunzendorf
Éditeur : Diaphana
Durée : 1h34
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 28 janvier 2015
Date de sortie DVD : 3 juin 2015

 

 

Juin 1945. Grièvement défigurée, la chanteuse Nelly Lenz, seule survivante d’une famille déportée à Auschwitz, retourne dans un Berlin sous les décombres. Elle est accompagnée de sa fidèle amie, Lene, employée de l’Agence Juive. Tout juste remise d’une opération de reconstruction faciale, Nelly part à la recherche de son mari, Johnny, malgré les mises en garde suspicieuses de Lene…

 

Phoenix 4

 

Le film

[3.5/5]

Ces 8 dernières années, Yella, Jerichow et, surtout, Barbara ont fait de Christian Petzold le chef de file de la Nouvelle Vague du cinéma allemand. Phoenix, son dernier film, est une adaptation cinématographique très libre de « Le retour des cendres », un roman écrit par l’écrivain français Hubert Monteilhet au début des années 60. Dans ses films précédents, Christian Petzold auscultait avec talent et précision l’Allemagne de la 2ème moitié du 20ème siècle. Dans Phoenix, il remonte plus loin dans le temps : plus précisément en 1945. Jeune femme juive, Nelly a connu Auschwitz, elle en est ressortie vivante mais défigurée. A son retour à Berlin, elle a deux buts : se faire refaire un visage ressemblant le plus possible à celui d’avant et retrouver Johnny, son mari. Le fait d’hériter de tous les biens de sa famille, en tant que seule survivante, est, en quelque sorte, le cadet de ses soucis. Son amie Lene, employée de l’agence juive, ne demande qu’à l’aider en ce qui concerne le premier but mais renâcle au sujet du second : Johnny aurait trahi sa femme et aurait été responsable de son arrestation .

Il est peut-être nécessaire d’évoquer un point important du film susceptible de dérouter le spectateur : redevenue physiquement à peu près celle qu’elle était auparavant, Nelly retrouve Johnny et celui-ci ne la reconnaît pas, tout en admettant une vague ressemblance avec son ancienne épouse. Au point de proposer à Nelly de jouer ce qui est son propre rôle afin de récupérer l’héritage et de se le partager 50 / 50. Comment cela est-il possible ? Quant à Nelly, elle n’essaye même pas de fournir à Johnny le moindre détail intime qui dissiperait le doute. Comment cela est-il possible ? Le réalisateur a l’intelligence de ne pas nous asséner une explication : il préfère nous faire admettre petit à petit que si Johnny ne reconnaît pas Nelly, ce n’est pas qu’il ne peut pas le faire, mais plutôt que, sans doute rongé par le remords, il ne veut pas la reconnaître. Nelly, quant à elle, telle un phénix, elle cherche à renaître, à relancer un amour auquel elle tient par dessus tout. Le fait que Johnny ne veuille pas la reconnaître est pour elle l’occasion de repartir à zéro dans leur relation et de vérifier la force de son amour. Si on arrive à dépasser la surprise que l’on ressent lors de la première rencontre de Nelly et Johnny, on trouvera dans Phoenix les mêmes qualités que dans les films précédents de Christian Petzold : une grande maîtrise dans le choix des plans, une grande rigueur dans la mise en scène, une excellente direction d’acteurs et un montage qui donne à chaque plan la bonne longueur. Sans insister, il montre les séquelles laissées chez celles et ceux qui ont baissé les bras face à la barbarie menée par Hitler ou, pire encore, ont adhéré à ses idées.

On ne sera pas étonné de retrouver Nina Hoss, l’actrice fétiche du réalisateur, dans le rôle de Nelly. Une première pour elle : jouer le rôle d’une femme qui est poussée à jouer son propre rôle. Elle retrouve dans le rôle de Johnny son partenaire de Barbara, Ronald Zehrfeld. Quant à Nina Kunzendorf, une comédienne qui tourne surtout pour la télévision, elle est pour nous la révélation du film dans le rôle de Lene.

 PHOENIX 2013

 

Le DVD

[4/5]

Édité par Diaphana, ce DVD se distingue par un excellent report de l’image, ce qui permet de mettre en valeur le travail de Hans Fromm, le Directeur de la photographie avec qui Christian Petzold a l’habitude de travailler. Grâce à lui et au travail de Diaphana, on peut goûter l’esthétisme des nombreuses scènes nocturnes ainsi que celles se déroulant dans des intérieurs peu éclairés. Le son ? On peut le choisir en 2.0 ou en 5.1, et on ne regardera et écoutera le film qu’en version originale sous-titrée.

Les compléments sont peu nombreux mais très intéressants. Tout d’abord un entretien de Christian Petzold avec le réalisateur Pierre Crézé, entretien de 10 minutes dans lequel il affirme qu’il y a 3 sortes de réalisateurs de cinéma : les écrivains, les peintres et les musiciens, lui-même se considérant comme étant un écrivain. Par ailleurs, on est presque surpris d’apprendre que des films comme Lola, Alien et Gerry font partie de ses films préférés avec, et c’est moins surprenant, La partie de campagne de Jean Renoir. Suit un entretien de Nina Hoss avec Philippe Piazzo, d’une durée de 12 minutes. Elle y évoque le travail qu’elle a réalisé pour endosser ce rôle difficile et nous parle de l’évolution qu’a vécue l’Allemagne depuis 1945 dans le travail de mémoire sur le nazisme et ses conséquences. Dernier complément : la bande-annonce du film.

 phoenix 3

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