Test DVD : Milagro

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Milagro

Etats-Unis : 1988
Réalisation : Robert Redford
Scénario : David S. Ward, John Nichols d’après le roman « The Milagro beanfield war » de John Nichols
Interprètes : Chick Vennera, Rubén Blades, Sonia Braga
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h53
Genre : comédie, drame
Date de sortie cinéma : 25 mai 1988
Date de sortie DVD/BR : 18 mai 2021

Joe Montragon, pauvre ouvrier agricole d’un village du Nouveaux Mexique, décide un jour d’irriguer son champ en détournant l’eau d’un chantier immobilier. Son acte va provoquer une véritable révolution à la fois âpre et burlesque qui ira au-delà de ce village perdu.

Le film

[4/5]

« Joe Mondragon a laissé l’eau couler dans le champ de haricots de son père ». Quand bien même cette action de Joe n’a pas été vraiment volontaire, tout au moins au début, le bouche à oreille fait que, très vite, l’ensemble des habitants de Milagro, au Nouveau Mexique, est au courant de cette annonce. Une annonce qui semble totalement anecdotique, sauf que, dans cette région, l’eau est rare et, en plus, cette eau que Joe a détournée est destinée au chantier de construction de « Miracle Valley », un vaste parc de loisirs. D’où les expressions de surprise des habitants de Milagro : sur quoi l’action incongrue de Joe va-t-elle déboucher ?

Bien entendu, comme c’est souvent le cas, un peu partout dans le monde, lorsqu’un gros investissement débarque dans une localité, la population a tendance à se partager en 2 camps : d’un côté, les optimistes qui pensent que cela va se traduire par de nouvelles possibilités de carrière ; de l’autre côté, celles et ceux qui anticipent l’arrivée d’un certain nombre de problèmes, petits ou gros, comme l’augmentation du prix de la vie et des impôts locaux, la raréfaction de l’eau pour les champs de la localité, le très grand risque que soit éliminée rapidement une culture très ancienne dans un environnement où dominent en nombre les populations d’origine latino-américaine. Dans le camp des opposant.e.s à ce parc de loisirs, la plus combative est indéniablement Ruby Archuleta, une battante dont l’activité professionnelle tourne autour d’un atelier de carrosserie et de plomberie. Elle est persuadée, en plus, que le Gouverneur de l’état est en cheville avec Ladd Devine, l’entrepreneur à l’origine de « Miracle Valley ». Une chance pour elle : la présence à Milagro de Charlie Bloom, un avocat-activiste-journaliste qui fait paraitre régulièrement le périodique local « La Voz del Norte », le meilleur moyen de toucher et de convaincre l’ensemble de la population. Sauf quand, à la manière de la famille Dassault faisant acheter à Corbeil-Essonnes tous les exemplaires d’un journal exposant leurs faits peu reluisants, Ladd Devine fait en sorte de confisquer l’ensemble des exemplaires du numéro spécial qui explique les malversations et les conséquences néfastes du projet « Miracle Valley ». Heureusement, comme l’a dit Bob Dylan, « The answer, my friend, is blowing in the wind », la réponse, mon ami, est soufflée dans le vent !

Même si Robert Redford est un gringo, il a su installer dans son film les éléments de fantastique qui le font entrer dans le genre du « réalisme magique », un genre qu’on retrouve davantage dans le cinéma latino-américain que dans le cinéma US. C’est ainsi qu’on retrouve le personnage d’Amarante Cordova, le plus vieil homme du village, et de Lupita, sa truie. Amarante a une particularité : celle de pouvoir entrer en contact, de pouvoir converser avec Coyote Angel, un esprit qu’il est le seul à voir et à entendre. A mi chemin entre le réalisme et le fantastique, on croise aussi la brigade sénile, des papys armés jusqu’aux dents afin de faire triompher la justice, leur justice. Milagro étant un film choral, les personnages importants sont en grand nombre : on a déjà parlé de Joe Mondragon, celui qui est au départ de toute l’histoire. Il est interprété par Chick Vennera, son rôle dans le film étant le plus important de toute sa carrière. Charlie Bloom, l’avocat-activiste-journaliste, est interprété par John Heard, qu’on retrouvera 2 années plus tard dans Maman, j’ai raté l’avion !, tout comme Daniel Stern, l’interprète de Herbie Platt, un étudiant en sociologie venu de New-York pour étudier la communauté de Milagro durant 6 mois. Il y a aussi Julie Carmen, l’interprète de Nancy, l’épouse de Joe Mondragon. Et Richard Bradford, qui incarne Ladd Devine, et  Melanie Griffith, qui joue Flossie, son épouse. L’interprète d’Amarante Cordova, est un comédien mexicain qui, à 74 ans, faisait ses débuts en langue anglaise à l’écran : Carlos Riquelme. On retrouve Christopher Walken dans le rôle d’un agent fédéral infiltré dans le village et Robert Carricart, un comédien né à Bordeaux, dans celui de Coyote Angel. Deux musiciens de grande renommée sont présents à l’affiche : Freddy Fender, star de la musique tex-mex, dans le rôle de Sammy Cantu, le maire de Milagro, et Ruben Blades, star de la salsa, dans celui du Sheriff Bernabe Montoya. Et puis, et puis, on terminera avec la grande Sonia Braga, exceptionnelle dans le rôle de Ruby Archuleta, tout comme elle était exceptionnelle dans Dona Flor et ses deux maris, Le baiser de la femme araignée ou Aquarius. Tous ces éléments font de Milagro, 2ème long métrage réalisé par Robert Redford, un excellent mélange de western plein d’humour et de fable écologique et politique, le tout agrémenté d’une cocasse dose de surnaturel.

 

Le DVD

[4/5]

Pour ce film, Rimini Editions a choisi une sortie séparée en DVD et en Blu-ray. On ne fera aucun reproche majeur à la qualité de l’image du DVD, laquelle rend grâce à la chaleur des couleurs de la région du Nouveau Mexique, entre Santa Fe et Taos, où le film a été tourné. Pas de problème non plus au niveau du son, disponible en Dolby 2.0, en VF et en VOSTF.

Pour accompagner le film, Rimini Editions a fait un choix inhabituel : en effet, le supplément n’est autre que l’intégralité de la conférence de presse donnée le 15 mai 1988, à l’occasion du passage du film, hors compétition, au Festival de Cannes 1988. Autour de Robert Redford, on retrouve trois interprètes du film, Sonia Braga, Melanie Griffith et Daniel Stern, ainsi que, en meneuse des débats, la journaliste, écrivaine et future distributrice Michèle Halberstadt. Un tel choix présente des avantages et des inconvénients : l’avantage principal réside dans l’éventail très large qu’on obtient concernant les sujets abordés. Les principaux inconvénients sont de devoir supporter quelques questions stupides ou totalement déplacées et de se retrouver frustré lorsque, suite au cheminement parfois mal maîtrisé du débat, aucune réponse n’est apportée à une question intéressante. Celle-ci, par exemple, posée à Robert Redford : avez vous vu Miracle à Milan ?

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