Test DVD : L’inexorable enquête

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L’inexorable enquête

États-Unis : 1952
Titre original : Scandal sheet
Réalisateur : Phil Karlson
Scénario : Ted Sherdema, Eugene Ling, James Poe
Acteurs : John Derek, Donna Reed, Broderick Crawford
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h18
Genre : Thriller, Policier
Date de sortie cinéma : 23 janvier 1953
Date de sortie DVD : 16 septembre 2020

Mark Chapman est éditeur d’un grand journal qui vend la violence, la sueur et le sang. Pour faire monter les ventes, il a instauré une politique de sensationnalisme. Il a pris sous son aile un jeune loup, McCleary, dont la devise est « Les grands reporters fabriquent leurs affaires quand l’actualité chôme ». Ce que n’avait pas prévu Chapman, c’est de commettre un meurtre et de devoir lancer McCleary à ses trousses…

Le film

[4/5]

Aussi étonnant que cela puisse paraitre aujourd’hui, L’inexorable enquête est un film qui s’est trimballé une mauvaise réputation pendant de nombreuses années, pour deux raisons qui, aujourd’hui, paraitront probablement un peu tirées par les cheveux. La première est due à l’ombre persistante de Samuel Fuller, qui plane encore largement sur le film. Cela est dû à la simple et bonne raison que le film s’avère être l’adaptation de l’un de ses romans, The dark page, publié en 1944, et que Fuller, jamais avare en petites phrases choc, avait déclaré avoir trouvé le film si mauvais que, fou de rage, il avait poursuivi le réalisateur lors de la première du film afin de lui casser la gueule. La deuxième raison de la mauvaise réputation du film est que L’inexorable enquête souffre un peu de la comparaison avec La grande horloge (John Farrow, 1948), film à l’intrigue assez similaire, et adapté du roman éponyme de Kenneth Fearing, publié en 1946. Plusieurs décennies plus tard, on sait maintenant que le roman de Fearing était en réalité un plagiat de celui de Fuller écrit deux ans plus tôt. Mais la chronologie fut inversée au cinéma, ce qui put donner l’impression opposée aux spectateurs de l’époque.

Cela dit, que Fuller aime le film ou pas, ou qu’il passe avant ou après La grande horloge n’enlève en réalité aucunement les qualités de L’inexorable enquête. Réalisé par le brillant Phil Karlson, qui a autant œuvré à donner leurs lettres de noblesse au western qu’au Film Noir, tout en faisant un crochet durant les années 70 par le polar badass (on aimerait vraiment que Sidonis Calysta intègre à sa collection « Film Noir » les deux derniers films du cinéaste, Justice sauvage et La trahison se paie cash, tous deux inédits en DVD / Blu-ray en France), le film développe une intrigue assez passionnante, avec le rédac’ chef d’un journal à scandales ayant commis un meurtre tiraillé entre le fait de laisser ses journalistes enquêter (et donc augmenter le trirage du journal) ou de les museler afin de se protéger. Un pitch simple mais assez imparable, imposant une satire féroce du journalisme de l’époque (qui, finalement, comptait déjà nombre de vautours n’ayant rien à envier au personnage incarné par Jake Gyllenhaal dans Night call) et un film élégant, au rythme extrêmement bien tenu et aux acteurs impeccables – on aurait tort de s’en priver !

Le film

[4,5/5]

C’est Sidonis Calysta qui nous propose aujourd’hui de (re)découvrir le film, dans sa nouvelle vague de la collection « Film Noir ». La galette proposée par l’éditeur nous offre le film au format 1.37 respecté, le master du film affiche une très bonne forme, la définition et le piqué sont irréprochables, et rendent justice à la photo du film, signée Burnett Guffey (L’évadé d’Alcatraz, Bonnie & Clyde…). Côté son, le film est mixé en Dolby Digital mono 2.0 est d’une belle clarté, sans souffle ni craquements disgracieux, au choix en VO ou VF d’époque.

Du côté des suppléments, et outre la traditionnelle bande-annonce du film, accompagnée de la tout aussi traditionnelle galerie de photos, on trouvera trois présentations du film, signées Bertrand Tavernier, Patrick Brion et François Guérif. Comme d’habitude, Tavernier est le plus intéressant et le plus complet des trois, et les trois petits sujets nous livrent en tout environ trois quarts d’heure d’analyse et d’anecdotes sur le film, chacun abordant le film par le prisme de son érudition habituelle (Tavernier est d’avantage axé sur le contexte historique, Brion sur la forme et Guérif naturellement très attaché à l’aspect « littéraire »), les trois sujets se complétant d’ailleurs plutôt bien, même s’ils n’évitent pas une certaine redondance.

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