Test DVD : L’homme à l’affût

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L’homme à l’affût

 
États-Unis : 1952
Titre original : The sniper
Réalisation : Edward Dmytryk
Scénario : Harry Brown, Edna Anhalt, Edward Anhalt
Acteurs : Arthur Franz, Adolphe Menjou, Gerald Mohr
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h23
Genre : Policier, Thriller
Date de sortie cinéma : 4 février 1953
Date de sortie DVD : 6 mars 2018

 

 

Eddie Miller est un chauffeur-livreur à San Francisco. Malhabile avec les femmes, il vit comme un solitaire. Il est parfois pris de violentes pulsions pendant lesquelles, avec son fusil à lunette, il tue des femmes, toutes brunes, tel un sniper. La police est plutôt désemparée face à ses crimes, dont elle ne parvient pas à comprendre les mobiles, jusqu’à ce qu’elle fasse appel à un psychologue qui va les aider à cerner la personnalité du tueur…

 

 

Le film

[5/5]

Puissant, immersif, vénéneux, L’homme à l’affût surprendra à coup sûr plus d’un spectateur par la modernité déployée par Edward Dmytryk afin de donner vie à son psychopathe luttant contre ses propres pulsions. Incroyablement malsain pour l’époque (1952), le film suit littéralement le personnage principal au plus près de sa psyché dérangée, au plus près de ses doutes, de sa tension, de sa fièvre meurtrière. D’une façon très étonnante, L’homme à l’affût préfigure ainsi par son ambiance morbide plusieurs films qui marqueront fortement le spectateur dans les 20 / 30 ans qui suivraient. On pense par exemple non seulement à des films tels que L’inspecteur Harry (Don Siegel, 1971) – difficile de ne pas se remémorer la scène d’ouverture du film de Don Siegel quand le héros de Dmytryk suit, depuis le viseur de son fusil à lunette, la future victime innocente à qui il va coller, le plus arbitrairement du monde, une balle dans la tête – mais également quelques grands « psycho-killers » des années 80, comme les très immersifs et malsains Maniac (William Lustig, 1980), Cauchemars à Daytona Beach (Romano Scavolini, 1981) ou Henry, portrait d’un tueur en série (John McNaughton, 1986).

Intégrant ce mois-ci les rangs de la « Collection Film Noir » de Sidonis Calysta, le film d’Edward Dmytryk ne s’apparente pourtant pas à proprement parler au genre du Film Noir, mais d’avantage d’un thriller psychologique faisant preuve d’une âpreté froide, clinique, et d’une sécheresse quasi-documentaire dans le constat de la folie homicide du personnage principal, remuant tellement le spectateur dans son fauteuil qu’on ne serait pas loin de considérer, au final, comme plus dérangeante que celle avec laquelle Alfred Hitchcock marquerait le public quelques années plus tard avec Psychose. La principale différence entre le film d’Hitchcock et L’homme à l’affût se situe d’ailleurs d’avantage dans les « explications » livrées au public afin de comprendre le mal qui ronge ses personnages : si la mère castratrice de Bates a une existence bien réelle qui sera révélée au spectateur, dans le cas du film de Dmytryk, on restera dans le flou quant aux motivations ou aux causes réelles poussant notre criminel à passer à l’acte. On suppose bien sûr qu’un traumatisme se cache quelque part dans son passé, surtout étant donné la façon « charnelle » avec laquelle il tient dans les mains son fusil, substitut phallique par excellence…

Visuellement époustouflant, le film d’Edward Dmytryk emmène donc le spectateur de crime en crime, proposant quelques très étonnants éclairs de violence. Le film est par ailleurs porté par l’interprétation enfiévrée d’Arthur Franz, épatant en bête traquée cherchant, en vain, à se protéger de lui-même. Plus de soixante-quinze ans après sa sortie, la redécouverte du film pose clairement une question capitale : et si L’homme à l’affût était le meilleur film de la riche carrière d’Edward Dmytryk, devant Adieu ma belle (1944) ou Ouragan sur le Caine (1954) ?

 

 

Le DVD

[5/5]

Si excellent soit-il, le film d’Edward Dmytryk L’homme à l’affût ne débarquera finalement qu’en DVD en France sous les couleurs de Sidonis Calysta, mais on espère que l’éditeur finira par proposer ce petit chef d’œuvre sur support HD. En revanche, le DVD qui nous est aujourd’hui proposé rend pleinement hommage au film : l’encodage est très soigné, sans le moindre souci de compression, les contrastes sont excellents et l’image rend justice à la photo du film signée Burnett Guffey, sans trop souffrir des limites d’un encodage en définition standard : c’est remarquable. Côté son, seule la version originale nous est proposée, dans un mixage Dolby Digital 2.0 mono d’origine et tout à fait satisfaisant.

Côté suppléments, on trouvera non pas une, non pas deux, non pas trois mais carrément une série de quatre présentations du film, assurées par les habitués de la collection Bertrand Tavernier, Patrick Brion et François Guérif, qui se voient rejoints par Olivier Père, directeur du cinéma d’Arte France, qui y va également de sa petite analyse. On regrettera certes quelques légères redondances, mais dans l’ensemble, les propos tenus par les quatre historiens du Cinéma se complètent plutôt bien.

 

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