Test DVD : Les yeux de la nuit

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Les yeux de la nuit

États-Unis : 1948
Titre original : Night has a thousand eyes
Réalisation : John Farrow
Scénario : Barré Lyndon, Jonathan Latimer
Acteurs : Edward G. Robinson, Gail Russell, John Lund
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h18
Genre : Drame, film noir, thriller
Date de sortie cinéma : 18 mars 1949
Date de sortie en DVD : 25 mai 2021

John Triton est un voyant de spectacle de cabaret. Il exerce en compagnie de Jenny et Whitney, ses deux partenaires. Tout bascule quand John est traversé de visions étranges. Plusieurs de ses prédictions se révèlent exactes. Quand il voit que Jenny, dont il est fou amoureux, va mourir lors de son premier accouchement, il se retire du monde. 20 ans plus tard, il tombe nez à nez avec la fille de Jenny, devenue orpheline…

Le film

[4/5]

Lorsque vous êtes voyant professionnel, sillonnant les Etats-Unis de salle de spectacle en salle de spectacle, que peut-il vous arriver de pire que de devoir affronter un don apparaissant soudainement, un don que vous n’avez pas demandé, que vous ne comprenez pas et qui vous confronte à de nombreux malheurs : celui de prédire, pour de vrai, des évènements ? En effet, jusque là, ce que vous deviniez sur scène en présence de vos deux acolytes relevait du trucage qui est de mise dans votre profession : cela vous permettait de gagner très modestement votre vie et il n’y avait là rien de bien méchant ! Par contre, lorsque vous vous mettez à avoir des visions et que ce que vous avez perçu se réalise, il y a de quoi vous interpeler : ai je perçu à l’avance un évènement qui, inéluctablement, allait de toute façon se produire ou bien l’évènement s’est-il produit parce que je l’ai perçu ? S’il s’agit de la victoire d’un cheval coté à 12 contre 1 et, qu’en pariant sur lui, cela permet de faire une belle moisson de dollars, la gêne est imperceptible. Si cette vision permet de sauver une vie, la gêne est inexistante. Par contre, si la vision concerne la mort d’un enfant, ou celle de la femme que vous avez aimée, ou celle d’un ami, ou celle de la fille de cet ami, il y a de quoi se sentir responsable, il y a de quoi s’interroger : est-il possible de défier le destin, de faire en sorte qu’une prédiction macabre ne se réalise pas ?

Cette question, John Triton ne cesse de se la poser depuis que, un beau jour, 20 ans auparavant, ce type de vision s’est présenté à lui alors qu’il était sur scène avec, à ses côtés, Jenny, la femme qu’il va épouser, et Whitney Courtland, son meilleur ami et son complice dans le numéro de voyance. Depuis, de nombreux évènements tragiques se sont déroulés, des évènements dont il avait eu la vision avant leur déroulement, au point de le perturber profondément, au point de l’amener à se retirer de la scène et de quitter Jenny et Whitney. Mais lorsque le cours de la vie vous amène à « voir » la mort de Whitney puis celle de Jean, sa fille, rien n’est plus important pour vous que de tout faire pour empêcher le destin de frapper à nouveau tragiquement. Mais qui peut croire que votre don est réel ? Qui peut vous aider dans votre combat contre le destin ? Elliott, le fiancé de Jean ? La police ?

Le titre original de Les yeux de la nuit est « Night has a thousand eyes », un titre beaucoup plus connu par les amateurs de jazz que par les cinéphiles. En effet, une chanson portant ce titre, écrite pour le film et qu’on entend interprétée par un orchestre de rumba, est devenue un standard du jazz, reprise par, entre autres, John Coltrane, Sonny Rollins, Harry Belafonte et Pharoah Sanders. Adaptation d’un roman de Cornell Woolrich, auteur utilisant souvent les pseudos William Irish ou George Hopley, ce film, en présentant de façon négative les médecins et les policiers qui entravent l’action de John Triton lorsqu’il cherche à empêcher le déroulement tragique qu’il a prédit et qui concerne Jean, arriverait presque à nous ranger dans le camp de celles et ceux qui croient que certaines personnes ont le don de prévoir l’avenir. Film très court, sans temps mort, avec une très belle photo en noir et blanc, avec une très belle lumière, Les yeux de la nuit est aussi un film à la facture plutôt avant-gardiste pour l’époque, avec de beaux plans séquence utilisant une caméra mobile, avec de nombreux flashbacks utilisés à bon escient. On en arrive à se demander si cet avant-gardisme n’est pas la cause du manque (relatif !) de succès rencontré par ce film lors de sa sortie à la fin des années 40. On est d’autant plus surpris par ce maigre succès que la prestation de Edward G. Robinson, l’interprète de John Triton, ne prête le flanc à aucune critique, et qu’il en est de même pour celles et ceux qui l’entourent : Gail Russell dans le rôle de Jean, John Lund dans celui d’Elliott, Jerome Cowand interprétant Whitney Courtland et Virginia Bruce dans le rôle de Jenny.

Le DVD

[4/5]

Ce film en Noir et Blanc qui, grâce au talent du Directeur de la photographie John F. Seitz, bénéficie de grandes qualités de photographie et de lumière, fait l’objet d’un très bon report dans le format DVD, avec, en particulier, un très bon respect de toutes les nuances de gris. Concernant les dialogues, le choix n’est pas permis : VO sous-titrée est la seule option.

Le supplément proposé ne dure que 10 minutes mais, mené tambour battant par Eddy Moine, le fils d’Eddy Mitchell, il nous apprend l’essentiel sur le film, sur son budget et ses recettes, sur l’auteur du roman dont il est l’adaptation, sur les scénaristes, sur le réalisateur et sur les principaux interprètes.

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