Test DVD : Les mutinés du Téméraire

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Les mutinés du Téméraire

Grande-Bretagne : 1962
Titre original : H.M.S. Defiant
Réalisation : Lewis Gilbert
Scénario : Edmund H. North, Nigel Kneale, d’après le roman « Mutiny » de Frank Tilsley
Interprètes : Dirk Bogarde, Alec Guinness, Anthony Quayle
Editeur : Rimini Editions
Durée : 1h37
Genre : Aventure
Date de sortie cinéma : 23 janvier 1963
Date de sortie DVD et Blu-ray : 2 juin 2020

 

En 1797, pendant les guerres napoléoniennes, l’équipage du Téméraire, un navire anglais voguant en Méditerranée, se révolte, indigné par la cruauté du second, le lieutenant Scott-Padget, et, malgré les tentatives d’apaisement, se rend hors-la-loi.

Le film

[3.5/5]

Doit on parler de coïncidence ou bien y a-t-il une bonne explication ? Toujours est-il que, la même année, en 1962, le cinéma de langue anglaise a sorti 3 films d’aventure dont l’action se déroule à la fin du 18ème siècle sur des navires de guerre britanniques : Les révoltés du Bounty, film américain dont l’action se déroule en 1789, avec Marlon Brando, remake du film de 1935  ; Billy Budd, film anglais réalisé par Peter Ustinov, avec Terance Stamp, dont l’action se déroule en 1797 ; Les mutinés du Téméraire, film anglais dont l’action se déroule également en 1797. Dans chacun de ces films, des marins qui se révoltent, qui se mutinent. 1797, 1962, pourquoi ? En 1797, la Royal Navy dût faire face à deux importantes mutineries, dont la cause se trouvait dans les très mauvaises conditions de vie à bord des navires, dans les mauvais traitements subis par les marins sur certains marins et dans une solde pas revue à la hausse depuis de nombreuses années : la mutinerie de Spithead et la mutinerie de la Nore. 1962 ? La fin des années 50 et le début des années 60 ont vu la contestation s’installer dans de nombreux domaines en Grande-Bretagne : les « Angry young men » (« Jeunes gens en colère ») en littérature, Le Free Cinema, la révolution musicale avec Cliff Richard à la fin des années 50 et, un peu plus tard, l’arrivée des Beatles et des Rolling Stones. En 1962, le fait d’évoquer au cinéma un mouvement de révolte se déroulant au sein d’une des plus prestigieuses institutions de l’Empire Britannique, la Royal Navy, est donc dans l’air du temps.

Les mutinés du Téméraire fait très souvent référence à la mutinerie de Spithead. Lorsque le Téméraire prend la mer depuis les côtes anglaises pour se diriger vers la Corse, la mutinerie a déjà commencé à s’organiser sous le manteau et le marin Vizard en est le représentant sur le navire. Après une sorte de prologue qui se déroule sur terre, avec la description de la brutalité de « The Press », le système de conscription consistant à enrôler de force des civils, l’intrigue du film va se dérouler sur mer, sur le pont du bateau et à l’intérieur du bateau. Les amateurs d’action trouveront leur compte avec les deux batailles navales suivies d’abordage qui leur sont proposées. Ce n’est pas là, toutefois, que se situe l’intérêt majeur du film ! De toute évidence, les scénaristes et le réalisateur ont avant tout porté leur regard sur deux confrontations humaines : chez les officiers, celle entre le lieutenant Scott-Padget, un homme au comportement sadique, manquant totalement d’humanité, un homme dont on devine que, pour une raison qui ne nous est pas dévoilée, il a de forts soutiens dans les plus hautes sphères de l’amirauté, et le capitaine Crawford, son chef, un homme intègre, respectueux des ordres qu’on lui donne, un homme tout à fait conscient qu’un bon chef peut parfois se montrer sévère mais que, avant tout, il doit faire preuve de justice dans ses décisions ; chez les hommes d’équipage, la confrontation entre Vizard, le meneur de la mutinerie, persuadé que, pour qu’elle réussisse, il faut savoir faire preuve de patience et d’une certaine retenue dans les actes, et Evans, un marin particulièrement vindicatif, impatient de faire la peau au lieutenant Scott-Padget, quelles qu’en soient les conséquences. En fait, sur le bateau, un seul sentiment arrive à fédérer tout le monde : l’hostilité envers l’ennemi français, un sentiment arrivant à mettre les mutins face à un choix cornélien.

 

Pour interpréter les rôles de Crawford et de Scott-Padget, Les mutinés du Téméraire peut s’enorgueillir d’avoir accueilli deux monstres sacrés du cinéma britannique. Alors qu’Alec Guiness, 48 ans au moment de la sortie du film, est déjà appelé Sir Alec Guiness depuis déjà 3 ans, Dirk Bogarde, 41 ans, ne deviendra Sir Dirk Bogarde que 30 ans plus tard. Concernant leurs carrières, Alec Guiness a déjà de nombreux grands rôles à son actif alors que ceux de Dirk Bogarde n’interviendront qu’ultérieurement, le premier d’entre eux étant, un an plus tard, le rôle de Hugo Barrett dans The Servant de Josef Losey. On ne peut qu’apprécier la classe toute britannique dégagée par Alec Guiness tout au long du film ainsi que le côté particulièrement ambigu qu’affiche, comme souvent, un Dirk Bogarde, à la fois fourbe et sadique, sauf lorsqu’il s’agit de protéger un homme pour lequel il a manifestement une certaine attirance. A leurs côtés, on retrouve Anthony Quayle, Sir John Duncombe dans L’incompris de Luigi Comencini, qui compose ici un Vizard à la fois déterminé et prudent.

 

Le DVD

[4/5] 

Tourné en Cinémascope et en Eastmancolor, un procédé en passe de supplanter le Technicolor, Les mutinés du Téméraire n’est pas avare en belles images à l’exception notable des scènes censées se dérouler la nuit, heureusement assez rares. Un défaut probablement dû au vieillissement du matériau d’origine. En la matière, Le DVD fait ce qu’il peut. En tout cas, et on s’en félicite, il reprend à son compte le bon résultat en ce qui concerne les belles images. Le son, en 2.0, est disponible en VF et en VO, avec ou sans sous-titrage en français.

Un supplément intéressant vient compléter le DVD. Il s’agit d’un entretien de 20 minutes avec Agnès Blandeau, Maître de conférence en anglais à l’Université de Nantes. Au cours de cet entretien, sont évoquées cette fameuse année 1962, la carrière cinématographique de Lewis Gilbert et les raisons des mutineries qui se sont développées dans la Royal Navy à la fin du 18ème siècle. Bien entendu, Agnès Blandeau nous renseigne aussi sur les 3 acteurs principaux, ce qui permet d’apprendre qu’Alec Guiness a tourné Les mutinés du Téméraire pendant une interruption du tournage de Laurence d’Arabie.

 

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