Test DVD : La révolution silencieuse

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fahnenappell,die klasse bekommt eine rüge

La révolution silencieuse


Allemagne : 2018
Titre original : Das schweigende Klassenzimmer
Réalisation : Lars Kraume
Scénario : Lars Kraume d’après l’œuvre de Dietrich Garstka
Interprètes : Leonard Scheicher, Tom Gramenz, Lena Klenke
Éditeur : Pyramide Vidéo
Durée : 1h47
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 2 mai 2018
Date de sortie DVD : 2 octobre 2018

 

Synopsis : Allemagne de l’est, 1956. Kurt, Theo et Lena ont 18 ans et s’apprêtent à passer le bac. Avec leurs camarades, ils décident de faire une minute de silence en classe, en hommage aux révolutionnaires hongrois durement réprimés par l’armée soviétique. Cette minute de silence devient une affaire d’Etat. Elle fera basculer leurs vies. Face à un gouvernement est-allemand déterminé à identifier et punir les responsables, les 19 élèves de Stalinstadt devront affronter toutes les menaces et rester solidaires.

Le film

[3/5]

1956 à Stalinstadt, une ville de l’Allemagne de l’Est. Le Mur de Berlin n’a pas encore été érigé et il est encore relativement facile pour des citoyens de la RDA de se rendre dans la partie occidentale de Berlin. C’est ce que font couramment Théo et Kurt, deux lycéens de terminale de Stalinstadt, sous le prétexte d’aller se recueillir sur la tombe d’un grand-père de Kurt. Un prétexte qui, cette fois ci, leur permet d’aller voir « Liane la sauvageonne » au cinéma. Toutefois, ce jour là, le plus important est ailleurs, il est dans la vision des actualités filmées qui leur apprend la naissance du soulèvement hongrois qui vient d’avoir lieu. De retour dans leur lycée et ayant appris l’action des troupes soviétiques contre ce soulèvement, Théo et Kurt arrivent à convaincre l’ensemble de leur classe d’observer, au début d’un cours, deux minutes de silence en hommage aux victimes hongroises, sans rien dire à leur professeur des motivations qui les ont guidés.

Bien entendu, la riposte des autorités est rapide et sans pitié : il faut qu’un meneur se dénonce ou soit dénoncé. Il sera alors exclu du lycée et il ne pourra plus jamais passer son baccalauréat en Allemagne de l’est. Dans le cas contraire, cette punition sera étendue à l’ensemble de la classe. Dans l’enquête menée par la Directrice du conseil scolaire, tout est bon pour diviser les élèves, pour les inciter à dénoncer un condisciple, pour briser les individus, d’autant plus que les autorités ont en main des dossiers sur les familles, sur leur passé politique sous le troisième Reich, sur leur comportement de résistant communiste pas forcément honorable, sur leur comportement lors de l’insurrection de juin 1953. Pour l’état, l’affaire est tellement grave que la classe a droit à la visite de Fritz Lange, le Ministre est-allemand de l’éducation de l’époque, un homme d’autant plus pur dans ses convictions et dur dans son comportement qu’il avait été torturé par les nazis.

En 2015, Lars Kraume s’était penché sur la société ouest-allemande des années 50 dans Fritz Bauer, un héros allemand, un film qui montrait les difficultés qu’avait alors l’Allemagne de l’Ouest à se confronter à son passé national-socialiste.  Dans La révolution silencieuse, c’est toujours la même époque qui est scrutée par le réalisateur, mais, cette fois ci, dans l’autre Allemagne, celle de l’Est et il est beaucoup plus question d’un avenir nébuleux que de passé.

Le film est l’adaptation cinématographique d’un livre publié en 2006, celui qu’a écrit Dietrich Garstka d’après l’histoire qu’il a vécue en 1956, alors qu’il était en terminale au lycée de Storkow. Cet auteur faisait partie des lycéens qui, suite à cette histoire, ont décidé de partir poursuivre leurs études en Allemagne de l’Ouest. Il est décédé il y a 6 mois, entre la sortie du film en Allemagne et la sortie en France. Dans ce film, il est question de conviction, tant du côté des lycéens que du côté des autorités : conviction générée par l’empathie envers les hongrois en lutte pour les lycéens, conviction communiste pour le ministre Fritz Lange pour qui toute action de rébellion, même minime, est qualifiée de contre-révolutionnaire. Si la conviction de Lange apparait comme immuable, on peut se demander si celle des lycéens n’est pas susceptible de vaciller. Après tout, ils n’ont même pas 20 ans et c’est tout leur avenir qui est en jeu : dans quelle mesure ce jeu vaut-il la chandelle ?! Autre interrogation à laquelle s’efforce de répondre le film : la sévérité des autorités va-t-elle réussir à fissurer le front, au départ unanime, des lycéens ou bien va-t-elle avoir l’effet inverse en les rendant toujours plus solidaires les uns des autres ? Dommage que la façon de peindre l’évolution de ce groupe s’apparente un peu trop à celle, sans nuance et plutôt pauvre d’un point de vue psychologique, qui est utilisée dans les nombreux films américains sur les adolescents.

On notera avec intérêt que les « Fake News » n’ont pas attendu Internet et les réseaux sociaux pour être utilisées de façon à manipuler les populations. C’est ainsi que la RIAS, la radio occidentale que les lycéens réussissent à écouter et grâce à laquelle ils se tiennent au courant de la situation hongroise, a annoncé la mort, au cours de l’insurrection,  du footballeur hongrois Ferenc Puskas. Une information dont les lycéens vont chercher à profiter en prétendant que les 2 minutes de silence avaient été décidées pour honorer la mémoire de celui qui était leur idole. Mauvaise pioche : avoir connaissance de cette information fallacieuse suffisait à prouver qu’ils écoutaient une radio interdite !

 

Le DVD

[4/5]

Le travail réalisé par Pyramide Vidéo sur ce DVD est de bonne qualité. Vu le contexte du film, il n’y avait pas la difficulté consistant à rendre au mieux un jeu très travaillé d’ombres et de lumières, encore moins  un déluge de couleurs vives. Le DVD rend bien la neutralité des teintes, exactement ce qu’on attendait de lui. Au niveau du son, il y a le choix entre Dolby 5.1 et Dolby 2.0 pour la VO sous-titrée et seulement le Dolby 2.0 sur la version française.

Le supplément offert par le DVD a pour titre les coulisses. Il est composé de 6 courts chapitres. Les cinq premiers ont une durée de 2 minutes environ : « Les costumes », « bienvenue en 1956 », « Boogie woogie », « La vraie histoire », « Permis de penser ». Le 6ème et dernier, « La fabrication », dure, lui, 4 minutes environ.

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