Test DVD : La belle de Gaza

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La belle de Gaza 

France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Yolande Zauberman
Scénario : Yolande Zauberman
Éditeur : Pyramide Distribution 
Durée : 1h14
Genre : Documentaire
Date de sortie cinéma : 29 mai 2024
Date de sortie DVD : 15 octobre 2024

Elles étaient une vision fugace dans la nuit. On m’a dit que l’une d’entre elles était venue à pied de Gaza à Tel-Aviv. Dans ma tête je l’ai appelée La Belle de Gaza.

Le film

[3/5]

Avec La belle de Gaza, la réalisatrice française Yolande Zauberman conclut sa trilogie de la nuit, commencée en 2011 avec Would you have sex with an Arab? et poursuivie en 2018 avec M. Trois documentaires tournés en Israël par celle qui, en 2001, signa l’idée originale de Tanguy, le film de Étienne Chatiliez. Dans sa trilogie de la nuit, la réalisatrice dit avoir « cherché la lumière pour repousser les ténèbres ». Après s’être intéressée, dans Would you have sex with an Arab?, à la vie nocturne de Tel Aviv et de Jérusalem et aux potentielles rencontres entre juifs et arabes, après nous avoir présenté dans M le retour dans son quartier natal de Menahem, abusé durant son enfance dans son quartier juif ultra orthodoxe, Yolande Zauberman nous conduit cette fois ci dans la rue Hatnufa de Tel Aviv, la rue où les prostituées trans exercent leur profession. C’est en tournant M que lui sont venues l’idée du film et de son titre. Lors de ce tournage, elle avait filmé par hasard deux femmes  qui s’enfuyaient dans cette rue et son compagnon, arabophone ayant échangé avec elles, lui avait dit que l’une d’entre elles lui avait dit être venue à pied de Gaza. Depuis, bien avant le 7 octobre, elle rêvait de retrouver cette femme afin, dit-elle, de connaître sa vision du monde, avec, en point de mire, l’histoire de Samson, israélite, et Dalila, philistine, ancien nom des palestiniennes, le temple que Samson parvint à faire s’écrouler sur les philistins et sur lui-même se situant à Gaza.  A-t-elle trouvé avec Nathalie, dont on devine le visage au travers de son voile, celle à qui elle a donné le nom de La belle de Gaza ? Peut-être, peut-être pas.

Mais, toute à sa recherche de cette belle de Gaza, Yolande est amenée à rencontrer d’autres femmes et Nathalie est loin d’être la seule femme de la rue Hatnufa à nous être présentée dans le film. On retient tout particulièrement l’histoire de Israela Stephanie Lev qui raconte avoir épousé un rabbin veuf, père de 6 enfants, qui, en 3 ans 1/2 de mariage, n’a jamais réalisé qu’elle était une femme trans : « si je ne lui avais pas dit, il ne l’aurait jamais su ». Cette même Israela a organisé en 2016 le premier concours Miss Trans Israël remporté par Talleen Abu Hanna, une arabe chrétienne de Nazareth magnifique de beauté. Toutes ces femmes ont la foi, quelle que soit leur religion, et elles considèrent que ce qu’elles sont vient de Dieu. Quant au genre masculin, qu’elles ont abandonné, l’une d’entre elles affirme bien fort : « quand je suis devenu une femme, j’ai vu comment les hommes mauvais maltraitent les femmes et comment les hommes  séduisent les femmes tout en médisant sur elles ». Une femme, objet d’un viol, ajoute qu’elle a arrêté la prostitution quand elle a pris conscience que, depuis 4 ans, elle répétait sans cesse ce viol, mais pour de l’argent. Plus question pour elle de survivre, mais de vivre. Présenté en séance spéciale lors du dernier Festival de Cannes, La belle de Gaza s’avère émouvant dans sa description de la vie à la fois cabossée et lumineuse de ces femmes mais également irritant par son absence, manifestement assumée par la réalisatrice, d’un approfondissement politique de son sujet.

Le DVD

[4/5]

Concernant l’image, il ne fallait pas s »attendre à des miracles : Pyramide Distribution a fait son maximum, mais l’image du DVD ne pouvait pas être meilleure que celle du film, une image dont la qualité, ou, plutôt l’absence d’une véritable qualité photographique, semble avoir été recherchée par la réalisatrice afin de ne pas enjoliver la réalité de ce qui se passe dans la rue Hatnufa. Le son est disponible en 5.1 et en stéréo et on dispose du choix entre sous-titrage en français, sous-titrage en anglais et aucun sous-titrage pour un film dans lequel on parle anglais, arabe, hébreu et même, un peu français.

Un entretien de 15 minutes avec la réalisatrice vient compléter le film. Elle y parle de sa trilogie de la nuit qu’elle qualifie de poupées russes, le sujet de La belle de Gaza étant issu du tournage de M, avec cette histoire de fille qui s’enfuit et qui finit par raconter qu’elle est venue à pied depuis Gaza. Pour Yolande Zauberman, s’intéresser, comme elle, aux marges d’un pays est important car, dit-elle, « la façon dont un pays vit avec ses marges raconte quelque chose sur le pays ».

 

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