Test Blu-ray : Un ours dans le Jura

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Un ours dans le Jura

France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Franck Dubosc
Scénario : Franck Dubosc, Sarah Kaminsky
Acteurs : Franck Dubosc, Laure Calamy, Benoît Poelvoorde
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h53
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 10 janvier 2025
Date de sortie DVD/BR : 7 mai 2025

Michel et Cathy, un couple usé par le temps et les difficultés financières, ne se parlent plus vraiment. Jusqu’au jour où Michel, pour éviter un ours sur la route, heurte une voiture et tue les deux occupants. Deux morts et deux millions en billets usagés dans le coffre, forcément, ça donne envie de se reparler. Et surtout de se taire…

Le film

[4/5]

Au milieu des années 90, sous les impulsions croisées de Quentin Tarantino (Pulp Fiction) et des frères Coen (Fargo) était né un genre de polar un peu à part, que l’on pourrait appeler polar « de pieds nickelés ». Mettant en scène, le plus souvent sur une intrigue assez complexe et foisonnante de personnages, des truands improbables et des opportunistes cédant à l’appât du gain, tout ce petit monde enchaînant les réactions parfois franchement irrationnelles au cœur d’histoires les dépassant complètement. Fortement teinté d’humour noir, le polar de pieds nickelés a immédiatement engendré une vague de films dont l’intrigue répondait toujours à une sorte d’effet boule de neige, un mort en amenant un autre, qui en amène un autre, qui en amène un autre, etc. jusqu’à un climax le plus souvent amoral et réjouissant. On commence avec un cadavre et un gros paquet de pognon, une série de quiproquos dramatiques traités avec détachement, et la boule de neige est lancée. De nombreux personnages pas forcément très futés se croisent et se recroisent, beaucoup d’entre eux, confrontés à des choix cornéliens, prennent la pire décision possible, entraînant chaos, confusion… et rires sur leur passage.

Parmi les cinéastes ayant contribué à donner au genre ses lettres de noblesse, derrière les frères Coen qui s’en sont fait une véritable marque de fabrique, on pourra naturellement citer quelques noms prestigieux tels que Guy Ritchie, Danny Boyle ou encore Joe Carnahan. En France, personne ne s’était encore frotté au genre du polar de pieds nickelés, et on ne s’attendait pas du tout à ce que le premier représentant du genre en France soit un film écrit et réalisé par Franck Dubosc. Et pourtant ! Celui que beaucoup considéraient jusqu’ici, au mieux, comme un amuseur public à l’inspiration inégale, et au pire comme le beauf crâneur et bas-de-plafond – à l’image du personnage de Patrick Chirac ayant fait son succès dans la saga Camping – vient bel et bien de réaliser l’exploit de prendre tout le monde à revers avec Un ours dans le Jura, un polar de pieds nickelés de toute première bourre. Ainsi, et pour citer une des répliques ayant fait son succès populaire, le moins que l’on puisse dire est qu’on « n’attendait pas Patrick » dans ce registre-là.

Se basant sur un scénario simple mais bien construit, navigant avec talent entre la comédie noire et le commentaire social, Un ours dans le Jura prend son temps pour mettre en place son intrigue et ses personnages. En dehors de quelques gags épars, la drôlerie du film vient des situations et des réactions des personnages, à priori toujours parfaitement motivées dans leur esprit, mais qui semblent systématiquement prendre les pires décisions possibles – en particulier cette idée de replacer les cadavres dans la voiture après les avoir initialement déplacés. Dans l’ensemble, les personnages s’avèrent tout à fait attachants, jusque dans leurs failles, même si Franck Dubosc a indéniablement la dent dure vis-à-vis de la jeune génération, le personnage incarné par Kim Higelin étant assurément l’un des plus odieux et antipathiques du film.

Pour le reste, les acteurs sont donc assez excellents, et évitent la caricature : le couple central incarné par Franck Dubosc et Laure Calamy est parfait, et les deux gendarmes interprétés par Benoît Poelvoorde et Joséphine de Meaux affichent plus de nuances que ne le laissait présager leur première apparition dans le film, alors qu’ils sont confrontés à une bande de migrants en déroute. En dépit de quelques « trous » dans la narration (que Franck Dubosc justifie dans les bonus du Blu-ray par une nécessité de resserrer le récit au maximum), Un ours dans le Jura s’avère donc une excellente surprise, très éloignée des films précédents de Franck Dubosc réalisateur, à savoir Tout le monde debout et Rumba la vie – une prise de risque absolument payante donc.

Et pour le coup, le public français semble également avoir apprécié ce virage à 180 degrés dans la carrière de Franck Dubosc : avec presque 1,5 millions d’entrées à ce jour, Un ours dans le Jura est déjà un succès, et constitue avec Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan l’une des plus grandes surprises du box-office français de l’année 2025. On vous invite également à lire la critique de notre rédacteur Tobias Dunschen qui, comme tout le monde, s’était laissé gagner par le charme de ce Franck Dubosc « réinventé ». Le problème maintenant, c’est que l’acteur / réalisateur risque d’être attendu au tournant avec son prochain film !

Le Blu-ray

[4/5]

Après avoir porté le film dans les salles, c’est donc fort logiquement Gaumont qui nous propose de découvrir Un ours dans le Jura sur support Blu-ray. Le master Haute-Définition du film est d’une belle précision, la définition est impeccable et les couleurs sont éclatantes. L’image s’avère donc pointue, les textures et le piqué sont d’une belle précision, et la profondeur de champ est impeccable : du très beau travail technique. Côté son, le film de Franck Dubosc nous est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1, qui passera des ambiances très finement spatialisées à des effets plus spectaculaires, notamment lors des scènes musicales. On notera également que si vous visionnez le film sur un simple téléviseur – sans système de Home Cinema ou barre de son – Gaumont a également pensé à vous, puisque l’éditeur propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0, plus équilibré pour les systèmes acoustiques en stéréo.

Dans la section suppléments, Gaumont a mis les petits plats dans les grands : l’éditeur nous propose en effet un très intéressant entretien avec Franck Dubosc (29 minutes). Il y reviendra sur l’origine du film, née d’un scénario précédent qu’il trouvait mauvais. Il assume totalement la filiation entre Fargo et Un ours dans le Jura, même si cette dernière n’était pas forcément consciente au moment de l’écriture du film, qu’il voulait très « français ». Il soulignera d’ailleurs sur le souci du détail dont a fait preuve son équipe, notamment au niveau des costumes et des accessoires. Il abordera ensuite le casting du film, se réjouissant d’avoir convaincu Laure Calamy qui avait d’abord refusé le rôle. En faisant le tour des acteurs du film, il évoquera le fait que chacun des personnages présents à l’écran au détour d’une séquence ou d’une autre possède une « histoire » et un background précis, mais que le récit a dû être raccourci au montage. Ces propos seront d’ailleurs illustrés par une série de scènes coupées (14 minutes), que le scénariste / réalisateur remettra dans leur contexte. Certaines scènes sont de fait particulièrement intéressantes : on découvrira par exemple où sont passés les 27 kilos de drogue qui manquaient à l’appel dans la séquence à la gendarmerie. Enfin, on terminera avec la traditionnelle bande-annonce.

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