Test Blu-ray : Princesse Arete

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Princesse Arete

 
Japon : 2001
Titre original : Arîte hime
Réalisateur : Sunao Katabuchi
Scénario : Sunao Katabuchi
Acteurs (VO) : Houko Kuwashima, Tsuyoshi Koyama, Minami Takayama
Éditeur : @Anime
Durée : 1h45
Genre : Fantasy, Animation
Date de sortie DVD/BR : 20 septembre 2017

 

 

La jeune princesse Arete vit enfermée dans son château dont elle ne s’échappe que de temps en temps pour se mêler incognito à la population. Un jour, le Roi annonce qu’il donnera sa main au preux chevalier qui ramènera le plus bel artefact magique. Plusieurs prétendants se lancent dans la quête et rapportent leurs tributs au Roi, et vont même jusqu’à faire directement la cour à la princesse, à son grand désarroi. Arrive un sorcier du nom de Boax, à bord d’une machine volante, et convainc le Roi par un tour de magie qu’il sera le mari idéal pour sa fille. La princesse Arete, qui pensait découvrir le monde un jour, ne va que d’une déconvenue à une autre. Arrivera-t-elle à prendre son destin en main ?

 

 

Le film

[5/5]

Seize ans… Il aura fallu attendre seize longues années pour qu’un éditeur béni des Dieux, @Anime en l’occurrence, se décide enfin à sortir la petite merveille d’animation qu’est Princesse Arete en France, sur support DVD et Blu-ray. Avec le recul, il semble même insensé (in-sen-sé) qu’une œuvre aussi belle et authentiquement bouleversante, surpassant en termes d’impact et d’émotion la plupart des films made in Ghibli sortis sur nos écrans depuis vingt ans, soit restée si longtemps dans l’ombre et inconnue de tous (ou presque).

Grâce soit donc aujourd’hui rendue à @Anime, qui permet aux français de découvrir le sublime film de Sunao Katabuchi. Si ce nom ne vous dit peut-être rien, il n’en est pas moins le réalisateur d’une petite poignée de films poétiques et très personnels, dont le dernier en date est le très beau Dans un recoin de ce monde, sorti le 6 septembre dans les salles françaises, et qui est parvenu à réunir 33.000 spectateurs sur un tout petit circuit de 64 salles. Son nom est également apparu au générique de la série Black lagoon (2010), pour laquelle il a signé quelques épisodes – un véritable grand écart artistique, dans le sens où cette série –très réussie au demeurant- s’avérait un maelstrom délirant de violence et de filles en petites tenues.

Princesse Arete n’est pas de ce bois-là : il s’agit d’un conte mélancolique prenant place dans un univers de fantasy médiévale, et mettant en scène une jeune princesse ne manquant ni de caractère ni de courage. Une princesse bien décidée à ne pas rester écartée de la réalité comme le désire son père : en pleine crise existentielle alors qu’on promet sa main à des chevaliers qui l’indiffèrent totalement, Arete part à la recherche d’elle-même. Avide de connaissance et de découvertes, elle veut voir le monde, de nouveaux paysages, et croisera en chemin le personnage de Boax, le « méchant » du film, n’étant d’ailleurs pas réellement ce qu’il parait être à priori.

[ATTENTION SPOILERS] Et le film de se scinder brutalement en deux à ce moment précis : de cage dorée en cachot bien réel, le spectateur suivra donc le parcours de cette petite fille devenant femme, prisonnière de son propre esprit et des stéréotypes auxquels elle tentait d’échapper. Le parallèle entre les deux parties du film est aussi évident que réellement intéressant, dans le sens où il rapproche également les personnages d’Arete et de Boax comme les deux faces d’une seule et même pièce de monnaie.

Rempli d’artéfacts et autres objets magiques, l’intrigue de Princesse Arete évitera en revanche habilement tout recours à la magie dans la résolution de son intrigue. Film puissamment humaniste, Princesse Arete annonçait d’ailleurs ce fait d’entrée de jeu lors de sa toute première séquence, durant laquelle Arete, épiant discrètement les artisans sur le marché souffler le verre et faire de la poterie, regardait ses mains en se demandant si elle-même serait peut-être un jour capable d’une telle « magie ». Et le film de Sunao Katabuchi démontre parfaitement qu’Arete, à l’image de toute femme et de tout être humain, possède cette « magie » en elle : à travers son lent cheminement vers la liberté et la prise en main de son destin, le film avance en direction d’une espèce d’happy end nuancé et inattendu, prenant au final d’avantage des allures de « nouveau commencement » que de « fin ». [FIN DES SPOILERS]

Côté animation, les dessins sont doux et très jolis (les décors sont magnifiques), et renforcent la patine « old school » de l’animation orchestrée par le Studio 4°C (Steamboy, Amer béton). Le rendu est littéralement magnifique et évoque les early Ghibli tels que, par exemple, Mon voisin Totoro. La musique composée par Senju Akira illustre parfaitement la tonalité mélancolique du film, et fera à coup sûr voyager l’imagination du spectateur. Côté technique donc, le film est quasiment irréprochable : Princesse Arete est un véritable petit chef d’œuvre, une perle oubliée et méconnue, à découvrir de toute urgence.

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Sorti il y a un peu moins d’un mois sous les couleurs de @Anime, éditeur français spécialisé dans l’animation japonaise dont on vous a déjà vanté les mérites à de nombreuses reprises, le Blu-ray de Princesse Arete nous arrive aujourd’hui dans une édition haute définition de très haute volée. L’image est littéralement sublime, la définition est d’une précision à couper le souffle. Et si la Haute Définition a parfois sur les dessins animés un fâcheux revers de la médaille (les limites techniques des balbutiements de l’animation secondée par ordinateur en devenaient perceptibles avec le recul sur des « grands » films tels que La Belle et la Bête ou encore Le roi lion), elle sied parfaitement à l’animation traditionnelle et old school pratiquée ici par le Studio 4°C, et le film de Sunao Katabuchi y gagne encore en fluidité et en beauté visuelle. Bref, le rendu HD est littéralement imparable et superbe. Côté son, même constat d’excellence : pas de bidouillage multi-canal artificiel effectué à postériori à grands renforts de basses supplémentaires, mais un DTS-HD Master Audio 4.0 pour la version française et pour la VO japonaise, respectant tous deux la dynamique sonore d’origine. A noter que la VF est très soignée.

Côté suppléments en revanche, c’est le calme plat, mais en toute honnêteté, la découverte d’un si grand film se suffit à elle-même… On notera cela dit la présence d’une très belle jaquette réversible, une petite attention qui plait en général aux fans de films en Blu-ray !

 

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