Test Blu-ray : Mother’s day

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Mother’s day

États-Unis : 1980
Titre original : –
Réalisation : Charles Kaufman
Scénario : Charles Kaufman, Warren Leight
Acteurs : Nancy Hendrickson, Deborah Luce, Tiana Pierce
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h31
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 5 octobre 1983
Date de sortie DVD/BR : 15 octobre 2020

Trois copines de fac partent chaque année à l’aventure. Cette année, elles installent leur tente près d’une maison où vivent une mère et ses deux fils simples d’esprit. Or, ceux-ci ont pour habitude de massacrer les promeneurs égarés…

Le film

[4/5]

Mother’s day est un film d’horreur réalisé par Charles Kaufman, qui se trouve être le frère de Lloyd Kaufman, co-fondateur avec Michael Herz de la société Troma Entertainment. Rendons à César ce qui lui appartient : contrairement à une croyance répandue, le film n’a pas été, à l’origine, produit par Troma mais par Duty Productions et Saga Films A.B. La légende autour du film voudrait même que malgré les sollicitations de son frère, Lloyd Kaufman ait refusé de le produire. Michael Herz et Lloyd Kaufman sont cependant bel et bien crédités au générique du film comme producteurs associés, et ont longtemps assuré la distribution de Mother’s day à travers le monde.

Qu’à cela ne tienne cependant : le thème du film tourne autour de la notion de « famille », et on retrouvera bien au cœur de Mother’s day la joyeuse ambiance familiale typique des productions Troma, ainsi qu’au générique, puisque Susan Kaufman, la sœur de Charles et Lloyd, s’y occupait des décors, et que leurs parents Stanley et Ruth Kaufman font également une apparition devant la caméra, lors d’une scène de fête au début du film.

Si l’existence de matériel promotionnel tend à confirmer que Mother’s day a bel et bien été distribué en Belgique et dans le nord de la France en 1983 – sous le titre Les chouchous de maman – le film de Charles Kaufman a surtout acquis chez nous ses lettres de noblesse en vidéo, en sortant en 1984 en VHS chez Scherzo Vidéo Productions. La sortie du film était d’ailleurs teintée de scandale, puisque Mother’s day faisait partie de la liste des « Video Nasties », ces films interdits de sortie au Royaume-Uni par le British Board of Film Classification.

Et c’est vrai que dans son genre, Mother’s day est quand même particulièrement gratiné, nous donnant à voir un mélange de rape and revenge et de slasher avec une petite couche de survival redneck bien dégénéré. Les deux tueurs / fils à môman du film, Ike et Addley, semblent complètement dérangés, n’ayant plus d’ancrage dans le réel que par la télévision et les délires sadiques et meurtriers de leur mère.

Relativement décomplexé dans sa représentation de la violence en général, le film enchaîne les scènes d’humiliation et de viols, avec même une petite pointe d’humour noir lors de certaines séquences. Pur film d’exploitation, très influencé par Œil pour œil alias I spit on your grave (1978), le film n’en est pas pour autant sans intérêt, dans le sens où il développe un sous-texte sur le consumérisme et l’omniprésence de la télévision dans la culture populaire américaine de l’époque.

Tordu et subtilement drôle, Mother’s day s’amuse également beaucoup à proposer une image pour le moins malade de la figure maternelle, qui n’est ici ni une source d’inspiration, ni une femme au foyer serviable et irremplaçable, mais juste une grosse tarée, un danger pour la société, inciter ses fils à violer, à torturer et à assassiner dans des jeux de rôles malsains. Et vous trouviez que votre famille était dysfonctionnelle ?

Et puisqu’il est aujourd’hui rattaché à l’univers Troma Entertainment, force est de constater qu’il s’y intègre plutôt bien . Bien sûr, il ne s’agit ni du plus graphique d’entre eux, ni même du plus malsain ou du plus taré (sur ce terrain-là, le Combat shock de Buddy Giovinazzo est probablement une référence indépassable), mais Mother’s day reste encore aujourd’hui une expérience cinématographique intense et brute de décoffrage, aussi bien visuellement que thématiquement. Au delà de l’humour, il dégage un sentiment de malaise mais presque palpable. Un Grand Guignol grotesque, efficace et chargé d’adrénaline.

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est Rimini Éditions qui nous permet aujourd’hui de revoir Mother’s day, longtemps invisible dans des conditions décentes, et ce même s’il était sorti en DVD dans la collection Troma de Sony Pictures (2003-2004). Côté Blu-ray, le master n’est certes pas exempt de défauts (quelques petites taches dues au temps et aux conditions de tournage), mais assure un rendu global propre et d’une stabilité exemplaire. Le piqué est précis, le niveau de détail élevé, et les couleurs sont toujours naturelles et convaincantes. La granulation d’origine a par ailleurs été préservée. Côté son, nous aurons droit à deux mixages en DTS-HD Master Audio 2.0 (VO et VF), et celles-ci s’avèrent tout à fait satisfaisantes : le rendu acoustique est clair et dynamique. Du beau boulot.

Dans la section suppléments, Rimini Éditions a fait très fort en allant nous rechercher la quasi-intégralité des suppléments disponibles sur l’édition Anchor Bay sortie en 2012 aux États-Unis. On commencera donc avec une introduction de Charles Kaufman (2 minutes), dans laquelle il évoque sa joie de redécouvrir aujourd’hui le film en Haute-Définition, puis évoquera sa reconversion dans le secteur de… la boulangerie – il a en effet ouvert une grande boulangerie Break & Cie à San Diego en 1994. Et comme les frères Kaufman ont de l’humour à revendre, il terminera son intervention par un gag visuel lié au film qui vous fera forcément sourire. On continuera donc avec un making of (10 minutes), qui consistera en fait en réalité en un montage des essais tournés pour les effets spéciaux du film – c’est tourné en Super 8 et commenté par Charles Kaufman, qui bégaie occasionnellement de façon assez spectaculaire. On continuera ensuite avec un entretien avec Eli Roth (13 minutes) au cœur duquel le cinéaste prend la défense de Mother’s day avec le talent et l’ enthousiasme qu’on lui connaît. Il reviendra avec talent sur le commentaire social du film à l’encontre de la télévision, ainsi que sur son obsession pour le film, qu’il a vu plusieurs dizaines de fois. Enfin, on trouvera également sur la galette une rencontre entre Darren Lynn Bousman et Charles Kaufman (8 minutes), qui permettra au réalisateur du remake de 2010 et du film original de confronter rapidement leurs idées. Bien sûr, Lloyd Kaufman n’est jamais loin et s’incrustera sur la fin – intéressant et amusant. On terminera enfin avec la traduction bande-annonce du film.

Comme la plupart des autres films édités par Rimini Éditions dans sa collection consacrée au cinéma d’horreur, Mother’s day, sera également accompagné d’un livret de 20 pages signé Marc Toullec. Ce dernier y reviendra sur le tournage et la portée sociale du film de Charles Kaufman, avant de terminer en évoquant de façon lapidaire le remake signé Darren Lynn Bousman.

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