Test Blu-ray : Misanthrope

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Misanthrope

États-Unis : 2023
Titre original : To catch a killer
Réalisation : Damián Szifrón
Scénario : Jonathan Wakeham, Damián Szifrón
Acteurs : Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Ralph Ineson
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h58
Genre : Thriller, Policier
Date de sortie cinéma : 26 avril 2023
Date de sortie DVD/BR : 3 octobre 2023

Eleanor, une jeune enquêtrice au lourd passé, est appelée sur les lieux d’un crime de masse terrible. La police et le FBI lancent une chasse à l’homme sans précédent, mais face au mode opératoire constamment imprévisible de l’assassin, l’enquête piétine. Eleanor, quant à elle se trouve de plus en plus impliquée dans l’affaire et se rend compte que ses propres démons intérieurs peuvent l’aider à cerner l’esprit de ce tueur si singulier…

Le film

[4/5]

On avait découvert Damián Szifrón en 2015, à l’occasion de la sortie de son troisième film en tant que réalisateur, Les Nouveaux sauvages, qui avait été sélectionné en compétition au Festival de Cannes en 2014, puis nominé aux Oscars pour le meilleur film en langue étrangère. Ce film à sketches absolument redoutable, à la fois méchant et réjouissant, avait naturellement attiré l’attention des producteurs américains, mais après cette entrée en matière incontournable, on n’avait plus entendu parler du cinéaste argentin… Jusqu’en 2023 du moins, année de sortie de Misanthrope, son premier film américain.

Et tant qu’à s’attaquer au cinoche US, autant s’attaquer au genre-roi, à savoir le polar. De fait, Misanthrope affichera dans un premier temps des atours relativement familiers : avec son intrigue tournant autour de la traque d’un psychopathe armé et dangereux se postant à une fenêtre avec son fusil à lunette afin de commettre des meurtres de masse, on n’est finalement pas si éloigné de grands classiques du genre tels que L’Inspecteur Harry ou Un tueur dans la foule. Mais Damián Szifrón n’est pas cinéaste à faire comme tout le monde, et Misanthrope se démarquera rapidement de la production US par sa crudité, son rythme, et la façon passionnante avec laquelle il aborde l’éternel miroir entre flic et truand.

Le scénario de Misanthrope, co-signé Damián Szifrón et Jonathan Wakeham, est en effet profondément lié à notre époque, d’une manière aussi nette qu’avait pu l’être, en son temps, un film tel que le Breaking News de Johnnie To. L’intrigue du film s’appuie en effet sur les pires aspects du monde moderne, en termes de solitude et de maladies mentales, et place ses personnages comme des pions dans un pays – les États-Unis – ayant décidément de gros problèmes à régler du côté de la violence et de l’accès aux armes. La violence est certes frappante dans Misanthrope – et elle tape dur, c’est le moins que l’on puisse dire – mais elle l’est finalement moins que le portrait que l’on nous dresse de ces personnages en perte de repères, psychologiquement fracturés, et ce des deux côtés de la loi.

Mais en plus d’avoir quelque-chose à dire allant bien au-delà que ce qui nous est simplement raconté à l’écran, Misanthrope permet de plus à Damián Szifrón de faire la démonstration de son savoir-faire technique, et, aidé par un budget confortable, il aura l’occasion de le faire dès la séquence d’ouverture du film, qui clouera littéralement le spectateur à son siège. Après avoir survolé la ville de Baltimore à l’envers – histoire peut-être d’annoncer d’entrée de jeu que le film s’affirme, comme un reflet de notre société tel que nous n’avons pas forcément l’habitude de le voir – le film ne tardera pas à prendre ses marques et à prendre les spectateurs à la gorge, alors que les festivités du Nouvel An se transforment littéralement en un chaos de flammes et de sang.

C’est dans ces conditions que le public fera connaissance avec Eleanor (Shailene Woodley, époustouflante), l’héroïne du film, qui passera en un clin d’œil des petits tracas à gérer entre des habitants de plus en plus individualistes à ce qui ressemblera à une zone de guerre après l’explosion d’un immeuble où se trouvait un tireur ayant fait un carton sur plusieurs fêtards apparemment choisis au hasard. Le spectateur est ainsi plongé dès les premières minutes de Misanthrope au cœur d’un véritable cauchemar, celui du terrorisme le plus brutal et le plus incompréhensible, rendu à l’écran de façon absolument saisissante par un Damián Szifrón sûr de son affaire, qui appuie volontairement sur la confusion, la terreur, le vertige, ainsi que bien sûr sur le côté arbitraire et définitif de cette violence sans visage.

C’est en partie grâce à cette entrée en matière magistrale que Misanthrope parviendra par la suite à négocier de façon vraiment admirable son revirement vers les rails d’un polar un peu plus classique, teinté cela dit d’un réalisme cru et d’une atmosphère lourde de tension. Le duo formé à l’écran par Shailene Woodley et Ben Mendelsohn est excellent, les dialogues sont secs et percutants (avec pas mal de punchlines efficaces), et l’intrigue permettra peu à peu aux personnages de révéler leurs failles, ce qui permet à Damián Szifrón d’explorer certaines zones de douleur que l’on a peu l’habitude de voir chez les héros de thrillers contemporains, et qui approfondissent le côté humain – et même occasionnellement émouvant – de l’entreprise.

Le DVD

[4/5]

Le Blu-ray de Misanthrope édité par Metropolitan Vidéo nous propose, comme toujours, une expérience visuelle et sonore absolument impeccable : l’occasion idéale pour le spectateur de se plonger dans des conditions optimales au cœur du Baltimore dans la tourmente qui nous est proposé par le film. Définition au taquet, piqué précis, couleurs et contrastes superbement gérés, l’image est très enthousiasmante et mérite sans peine tous les superlatifs. Côté son, VF et VO nous sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 7.1 et s’avèrent tous deux redoutablement immersifs, et d’un dynamisme à couper le souffle – le rendu acoustique des scènes d’action est littéralement à tomber par terre. Du très très gros boulot de la part de Metropolitan : Bravo.

Dans la section suppléments, la galette nous propose, en plus de la traditionnelle bande-annonce, de nous plonger dans une galerie de dessins et de storyboards (1 minute) ainsi que dans une galerie de photos du tournage (5 minutes).

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