Test Blu-ray : L’Extravagant Mr Deeds

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L’Extravagant Mr Deeds

États-Unis : 1936
Titre original : Mr. Deeds goes to town
Réalisation : Frank Capra
Scénario : Robert Riskin
Acteurs : Gary Cooper, Jean Arthur, George Bancroft
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h56
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 5 juin 1936
Date de sortie DVD/BR : 16 mars 2022

Longfellows Deeds, jeune homme tranquille et naïf, se rend à New York pour percevoir un héritage. Un avocat véreux et une journaliste à sensation mettent à profit sa candeur à des fins personnelles…

Le film

[4/5]

Au centre de l’œuvre de Frank Capra – ou du moins dans un certain nombre de ses films, on trouvait souvent un Mr Tout-le-monde, un John Doe, un « Homme de la rue », pour citer le titre de son film de 1941. Un homme ordinaire donc, confronté à un événement extraordinaire, c’est bien entendu ce que l’on retrouve également au cœur de L’extravagant Mr Deeds, qui suit les aventures d’un joueur de tuba et poète amateur nommé Longfellow Deeds (Gary Cooper) qui, de manière plutôt improbable, hérite d’une énorme somme d’argent, qui lui tombe du ciel d’un richissime parent récemment décédé.

Le scénario de L’extravagant Mr Deeds est signé Robert Riskin, collaborateur régulier de Frank Capra. Sorti sur les écrans américains en 1936, le film s’impose d’ailleurs comme un pur produit de son époque, un conte de fées incongru prenant place dans le contexte de la Grande Dépression et n’hésitant pas à pointer du doigt les difficultés de certains américains des années 30, qui crèvent littéralement de faim tandis que Deeds donne un beignet à manger à un cheval. Film moral, volontiers pittoresque, le film nous propose également une classique opposition entre la ville et la campagne, qui commence d’ailleurs dès les premières minutes du film, qui mettent clairement les pieds dans le plat dans leur représentation de bonnes vieilles et solides valeurs américaines, exprimées dans une sorte de familiarité rustique, quoique très probablement peu réaliste.

Comme dans d’autres collaborations entre Robert Riskin et Frank Capra, L’extravagant Mr Deeds nous présente un méchant de façade prenant la forme d’une journaliste à scandales, et qui permettra finalement au véritable méchant du film d’agir dans l’ombre. Dans le rôle de la journaliste en question, le film nous donne à voir la bouillonnante Jean Arthur, qui, après une quinzaine d’années de rôles mineurs, crève ici littéralement l’écran, tiraillée entre ses sentiments naissants pour Deeds et la série d’articles qu’elle écrit à son sujet, le qualifiant notamment de « Cendrillon mâle ».

Bien entendu, l’une des idées les plus intéressantes de L’extravagant Mr Deeds est la façon dont le supposé « plouc » de la campagne deviendra en réalité une véritable source de sagesse, tandis que les citadins, malgré leurs machinations et leur condescendance, seront représentés comme de parfaits idiots. Bien sûr, même en 1936, cette thématique n’avait déjà rien de très révolutionnaire, mais le scénario de Robert Riskin nous propose des personnages si finement ciselés et Capra parvient à développer une telle alchimie à l’écran entre ses deux personnages principaux que l’ensemble passe crème.

Ça passe crème, donc, et comme d’autres films de Capra, L’extravagant Mr Deeds est aujourd’hui unanimement considéré comme un chef d’œuvre. Affichant une note de 7,8/10 sur le site IMDb (calculée sur la base de plus de 21.000 votants) et un taux de satisfaction de 91% sur l’agrégateur critique Rotten Tomatoes, le film de Frank Capra s’inscrit davantage dans le créneau du feel-good movie romantique que dans le genre de la comédie loufoque, dans laquelle Capra excellerait véritablement avec New York-Miami (1934) et Vous ne l’emporterez pas avec vous (1938). Et si on rit donc finalement peu, on se consolera avec le jeu de Jean Arthur et de Gary Cooper, qui fait ressortir le côté enfantin de Deeds d’une façon absolument remarquable.

Le Combo Blu-ray + DVD + Livret

[5/5]

C’est Wild Side Vidéo qui vient d’avoir l’excellente idée de sortir L’extravagant Mr Deeds en Blu-ray, le film de Frank Capra intégrant la longue série de chefs d’œuvres immortalisés par l’éditeur sous la forme de Mediabooks au design soigné et à la finition maniaque. Comme d’habitude avec Wild Side, L’extravagant Mr Deeds s’affiche donc dans une superbe édition Combo Blu-ray + DVD + Livret prenant la forme d’un Mediabook, s’intégrant bien entendu parfaitement dans la charte graphique de la collection, qui nous propose toujours une illustration originale et décalée : ici plutôt urbaine, avec un Mr Deeds / Gary Cooper au costume rempli de graffitis en rapport avec le film.

Côté master, le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat comble toutes nos attentes : le master restauré 4K de L’extravagant Mr Deeds est propre, stable, préserve la granulation d’origine et est de plus encodé en 1080p ; l’image est assez superbe, d’une belle précision, et le noir et blanc parfaitement contrasté – du très beau travail. Côté son, VO et VF nous sont offertes dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 (mono d’origine), pas forcément très impressionnants d’un point de vue technique, mais aux voix claires et intelligibles et respectant parfaitement la patine sonore d’origine. On notera que l’éditeur nous propose ici le deuxième doublage français du film, probablement enregistré dans les années 70 : on pourra y reconnaître les voix de Daniel Gall, Jacques Balutin et Jean-Claude Michel. Du très beau travail, que l’éditeur complète de belle manière avec une section suppléments particulièrement fournie.

Rayon bonus, on commencera avec le livret inédit de 40 pages, comptant un peu plus de dix pages de texte supervisé par Frédéric Albert Lévy. Sur le Blu-ray à proprement parler, on trouvera tout d’abord un commentaire audio de de Frank Capra Jr, naturellement proposé avec les sous-titres de rigueur. On continuera ensuite avec un extrait d’une émission Cinéma Cinémas datant de 1983, avec un intéressant entretien avec Frank Capra (15 minutes). Enfin, on terminera avec un portrait de Frank Capra (24 minutes) et une présentation du film (30 minutes), les deux sujets étant improvisés face caméra par Christian Viviani. Si l’historien du cinéma et coordinateur de rédaction de la revue Positif maîtrise clairement son sujet, et s’avère un véritable puits d’informations pour le néophyte, on ne peut cependant s’empêcher de se dire que quelques notes ou un peu de coupes auraient peut-être été nécessaires, notamment pour supprimer les « heuuuuuuuuu….. » incessants sur les deux sujets ainsi que les bafouillages du spécialiste. On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce.

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