Test Blu-ray : Le Secret de mon succès

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Le Secret de mon succès

États-Unis : 1987
Titre original : The Secret of my Success
Réalisation : Herbert Ross
Scénario : Jim Cash, A. J. Carothers
Acteurs : Michael J. Fox, Helen Slater, Margaret Whitton
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h51
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 22 juillet 1987
Date de sortie DVD/BR : 18 août 2021

Fraichement diplômé, Brantley Foster quitte son Kansas natal pour tenter sa chance à New York. Après quelques déconvenues, il est engagé au courrier dans la société de son oncle Howard, Penrose Corporation. Très vite, il se rend compte que la gestion est exécrable. Son talent et son audace vont lui faire grimper les échelons…

Le film

[3/5]

La « Success Story » à l’américaine est un genre cinématographique à part entière, et à ce titre, il a souvent été détourné de façon plus ou moins subversive au fil des années. Le schéma de base de la réussite au pays de l’oncle Sam se résume souvent à du travail, du travail et encore du travail. Contre vents et marées, du travail. Comme le dit clairement la chanson « The Secret of my success » du groupe Night Ranger, qui sert de bande originale au film d’Herbert Ross Le Secret de mon succès, « The secret of my success is I’m living 25 hours a day. The secret of my success is I’m living 25 hours a day. 25 hours a day. 25 hours a day. » Le message est clair, au cas où vous ne l’auriez pas compris : du travail, du travail, du travail.

Autant dire tout de suite que le message se cachant derrière Le Secret de mon succès développe, au choix, une idéologie soit extrêmement candide, soit allant dans le sens d’un capitalisme ouvertement décomplexé. Dans la première demi-heure du film, le personnage incarné par Michael J. Fox, fraîchement embauché au courrier d’une grande entreprise, s’étonnera de l’organigramme de la société, au sein de laquelle deux employés ont exactement les mêmes tâches à accomplir, et qu’aucun des deux ne fait son boulot correctement. Sous couvert de mettre en évidence des incohérences administratives à la Brazil, on comprend néanmoins rapidement que le personnage se range plutôt du côté d’une optimisation des coûts – et donc plutôt du côté du capitalisme à tout crin…

Pour autant, et si on est loin, très loin du dézingage subversif de la Success Story que nous livreraient Paul Verhoeven et Joe Eszterhas une dizaine d’années plus tard avec Showgirls, le film d’Herbert Ross n’en développe pas moins une étrange défiance vis-à-vis du schéma classique du self-made man à qui tout sourit. Au début du Secret de mon succès, le personnage incarné par Michael J. Fox n’en démord pas : il veut être reconnu pour son travail, et arriver au sommet sans piston ou aide extérieure.

Pour autant, les moyens qu’il va employer pour y réussir ne sont pas ceux d’un travailleur acharné gravissant une à une les étapes de la réussite, mais plutôt celles d’un magouilleur acharné, occupant illégitimement un poste et finissant par détrôner le PDG de sa boite par le biais de basses manœuvres que l’on trouverait volontiers immorales si ce dernier n’était pas représenté à la manière du « grand méchant » de l’histoire, le type même du patron sans scrupules licenciant à tout va et trompant sa femme. Ainsi, sous ses atours inoffensifs, Le Secret de mon succès développe une tonalité assez cynique sur le prix à payer pour réussir au cœur d’une ville (un pays tout entier ?) qui refuse de tolérer les perdants.

Tout à fait dans l’air du temps des 80’s, Le Secret de mon succès surfe sur l’avènement de Wall Street en essayant de rendre la finance cool et amusante, à la façon d’un film tel qu’Un fauteuil pour deux (John Landis, 1983), mais également de Working Girl (Mike Nichols, 1988) ou encore de Filofax (Arthur Hiller, 1990). Dans un registre un peu différent, le fameux Wall Street d’Oliver Stone sortirait également en 1987, soit quelques mois seulement après Le Secret de mon succès. Bref, la finance est à la mode, et de ce fait, la comédie tout autant que la romance seront ici développées parallèlement à un tas de jargon financier un peu barbant.

Côté romance, l’objet de l’amour de Michael J. Fox dans le film est incarné par Helen Slater, surtout connue pour avoir incarné Supergirl à l’écran en 1984. L’intrigue romantique est tellement pétrie de clichés, notamment lors du final du film, que l’on se demande s’il ne s’agissait pas d’une manière détournée de les tourner en dérision, un peu à la façon de ce que faisait – ou pas ? – Mark L. Lester avec les clichés du cinéma d’action avec son Commando en 1985. Il faut de toute façon admettre que ce final « luxe et guimauve » parait tout à fait cohérent étant donné les rêves de gloire du personnage principal et la façon dont il met tout en œuvre pour y arriver.

Heureusement, Le Secret de mon succès est largement sauvé par l’énergie et la folie de ses acteurs, en particulier de Michael J. Fox et de l’étonnante Margaret Whitton, qui parviennent à eux deux à maintenir l’intérêt du spectateur jusqu’au dénouement, aidés il est vrai par un scénario occasionnellement malin, jouant avec habileté de la présence physique de Michael J. Fox et nous proposant dans le dernier acte une séquence vaudevillesque bien tenue et très amusante.

Le Blu-ray

[4/5]

Si Le Secret de mon succès s’était imposé comme un véritable « Best-Seller » à l’époque de la VHS, le film d’Herbert Ross avait plus ou moins disparu depuis l’avènement du DVD à la fin des années 90. Les amoureux de la carrière 80’s de Michael J. Fox peuvent donc se réjouir : Elephant Films vient d’avoir l’excellente idée de le ressortir au format Haute-Définition. Et comme d’habitude avec l’éditeur, si le film n’a certes pas été remasterisé en 4K de la mort qui tue, techniquement, c’est du beau travail : l’image est proposée au format 1.85:1 respecté, et nous fait profiter d’un gain sensible de précision côté image par rapport aux sources SD auxquelles nous étions habitués jusqu’ici. La photo du film est scrupuleusement respectée, et le piqué est très satisfaisant – le tout est par ailleurs proposé dans un master stable, avec de belles couleurs vives et surtout un grain argentique parfaitement préservé. Côté son, VF et VO s’imposent naturellement en DTS-HD Master Audio 2.0. Dans les deux cas, le rendu acoustique est clair et sans souffle, préservant le dynamisme des tubes FM oubliés qui émaillent le métrage.

Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord une discussion entre Erwan Le Gac et Julien Comelli au sujet du film (55 minutes). Assurant habituellement la réalisation des sujets mettant en scène notre critique/biochimiste préféré, Erwan Le Gac sort ici de l’ombre afin de partager, sur le mode de la discussion à bâtons rompus avec son camarade et ami, son amour pour Le Secret de mon succès, film qu’il déclare en préambule avoir vu une trentaine de fois à sa sortie en VHS. Les deux intervenants sont intéressants, relativisant leur enthousiasme de jeunesse à la lumière de leur regard d’adulte. Cependant, on ne pourra pas s’empêcher de trouver qu’ils s’emballent peut-être de façon un poil excessive sur le film : le terme « chef d’œuvre » est ainsi lâché à de nombreuses reprises, non sans une certaine ironie de la part de Julien Comelli. Mais on touche là à un film « souvenir », au sujet duquel aucune objectivité n’est plus possible – à titre personnel, j’aurais sans doute également le même genre d’enthousiasme irraisonné pour des films tels que Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, La nuit déchirée ou Un drôle de flic, tout en restant tout à fait lucide par rapport au fait que ces trois films ont bel et bien quelques défauts. On terminera le tour de la section interactivité avec une poignée de bandes-annonces.

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