Test Blu-ray : Le Roi et quatre reines

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Le Roi et quatre reines

États-Unis : 1956
Titre original : The King and Four Queens
Réalisation : Raoul Walsh
Scénario : Margaret Fitts, Richard Alan Simmons
Acteurs : Clark Gable, Eleanor Parker, Jean Willes
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h26
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 23 octobre 1957
Date de sortie DVD/BR : 22 novembre 2021

Dan Kehoe, un paisible cow-boy, arrive au ranch tenu par une veuve et ses quatre brus. Sachant que l’or d’un braquage y est caché mais que seule l’une des brus en connaît l’emplacement, il joue les unes contre les autres dans l’espoir de le dénicher. Mais chacune d’entre elles est l’épouse d’un hors-la-loi dont on attend le retour du seul survivant…

Le film

[3/5]

Même s’il apparaît aujourd’hui dans les rangs de la collection « Western de légende » de Sidonis Calysta, Le Roi et quatre Reines n’appartient finalement au genre western que par hasard : cette amusante petite comédie aurait pu se dérouler à n’importe quelle époque, et le fait qu’elle se déroule au Far West n’a finalement que très peu d’incidence sur le déroulement du récit. Il s’agit d’un « faux » western, se rattachant essentiellement au genre par l’intermédiaire de son ouverture et de sa fermeture, qui mettent en scène la même poursuite à cheval.

Le « Roi » du titre, c’est Clark Gable évidemment, âgé de 55 ans à l’époque, et dont la virilité exacerbée et irrésistible est au centre même du récit, dans le sens où aucune femme ne lui résiste – et surtout pas les « quatre reines », incarnées par Eleanor Parker, Jean Willes, Barbara Nichols et Sara Shane. Quatre actrices pour incarner quatre « veuves » en puissance, et carrément en chien après deux ans d’abstinence – peu subtil, le scénario les présentera comme quatre poules caquetant autour d’un vieux coq se prenant pour un paon.

Le Roi et quatre Reines, c’est aussi et surtout quatre actrices pour quatre images de la femme : les quatre veuves hypothétiques du film sont en effet caractérisées de la façon très différente. On a donc la jeune blonde écervelée, la brune mexicaine sulfureuse, la sensible aux grands yeux bleus et celle à l’esprit vif – comme si chaque femme ne pouvait être tout cela à la fois, et devait nécessairement répondre à un stéréotype en particulier. C’est maladroit certes, mais il s’agit là d’une convention de genre, et le résultat est plutôt amusant, surtout quand on voit ces jeunes femmes âgées de 28 à 33 ans tomber l’une après l’autre sous le charme de ce vieux bouc de Clark Gable.

L’acteur s’amuse manifestement beaucoup dans le rôle de Kehoe, un petit arnaqueur galant et beau parleur qui séduit les quatre jeunes femmes dans le but de découvrir l’emplacement d’un magot caché. Face à lui, celle qui tirera son épingle du jeu au cœur du Roi et quatre Reines ne fait pas partie de ces quatre-là : il s’agit de Ma McDade, incarnée par l’excellente Jo Van Fleet, et désignée dans le film comme « la vieille » – alors même qu’elle avait 15 ans de moins que Clark Gable. Ainsi, si elle n’avait qu’une quarantaine d’années à l’époque, Jo Van Fleet n’avait pas son pareil pour jouer les vieilles carnes à la peau dure – elle venait d’ailleurs de recevoir un Oscar pour son rôle de mère (maquerelle) de James Dean dans À l’est d’Eden.

Badinages romantiques et comédie de situation sont donc au programme du film de Raoul Walsh, formellement assez dépouillé, mais disposant d’un joli Cinémascope : Le Roi et quatre Reines développe un humour léger dans un ensemble certes très mineur mais globalement attachant.

Le Blu-ray

[4/5]

Un peu plus de dix ans après sa première apparition au sein de la collection « Western de légende », Le Roi et quatre Reines revient sur le devant de la scène du catalogue de Sidonis Calysta avec une édition Blu-ray constituant un upgrade technique honorable. Le master proposé par l’éditeur n’est certes peut-être pas de première jeunesse, mais répond globalement à nos attentes en termes de Haute-Définition. Le piqué est globalement précis, les noirs sont profonds, les contrastes solides, bref, tout est réuni pour (re)découvrir cette œuvre trop méconnue dans de bonnes conditions. Le film est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine en VF comme en VO, les deux mixages sont équilibrés et le sous-titrage ne pose aucun souci particulier. La version française d’origine a un charme certain, mais on notera une curiosité : le personnage incarné par Clark Gable dans le film se nomme Kehoe – on ne sait pour quelle raison ce nom est devenu « Cauet » (Kohee) en français.

Du côté des suppléments, Sidonis Calysta recycle dans un premier temps les suppléments déjà disponibles sur l’édition DVD de 2010. On aura donc droit aux traditionnelles présentations du film, assurées par Bertrand Tavernier (19 minutes), évoquant peut-être de façon un peu trop appuyée les qualités formelles somme toute très modestes du film, ainsi que par Patrick Brion (6 minutes), qui quant à lui aborde son sujet avec sa nonchalance habituelle, que d’aucuns qualifieraient volontiers de je-m’en-foutisme. Tous deux sont extrêmement enthousiastes vis-à-vis du film. Pour cette édition, Sidonis nous propose également une nouvelle présentation, signée Jean-François Giré (11 minutes). Cela fait maintenant quelques mois que l’on suit les interventions du bonhomme pour la collection « Western de légende », et on avait déjà constaté que quand ce dernier n’a pas grand-chose à dire, il brode en racontant intégralement le scénario. C’est ce qu’il fait ici.

On continuera avec un portrait de Raoul Walsh par Jean-Claude Missiaen (21 minutes), qui sera complété d’un documentaire sur Raoul Walsh (1h35) ayant la particularité d’être extrêmement complet, et d’aborder beaucoup de films dans le détail. On y entendra notamment des interventions de Hugh O’Brian, Pierre Rissient, Richard Erdman, Jane Russell, Anne Francis, L.Q. Jones ou encore Peter Bogdanovich.

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