Test Blu-ray : Le retour des morts-vivants

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Le retour des morts-vivants

États-Unis : 1985
Titre original : The return of the living dead
Réalisation : Dan O’Bannon
Scénario : John A. Russo, Russell Streiner, Dan O’Bannon
Acteurs : Clu Gulager, James Karen, Don Calfa
Éditeur : Le chat qui fume
Durée : 1h30
Genre : Horreur, Comédie
Date de sortie cinéma : 15 mai 1985
Date de sortie DVD/BR : 20 novembre 2017

 

Frank et Freddy, deux employés d’UNEEDA, société de fournitures médicales, libèrent accidentellement un gaz toxique d’un conteneur militaire stocké dans la cave de l’entreprise depuis la fin des années soixante. Pendant ce temps, Tina, la petite amie de Freddy, décide de l’attendre dans un cimetière voisin avec ses amis punks. Malheureusement pour eux, la maladresse de Franck et Freddy va déclencher une invasion de morts vivants et transformer cette nuit en cauchemar…

 

 

Le film

[4/5]

Si on ne rattache que très peu souvent (voire même quasiment jamais) Le retour des morts vivants et ses suites à la saga initiée en 1968 par George A. Romero avec La nuit des morts vivants, il semblerait finalement assez juste de la considérer non seulement comme en étant une excroissance, mais aussi et surtout comme en étant une excroissance parfaitement légitime. Un peu comme un demi-frère en quelque sorte… En effet, derrière le scénario de La nuit des morts vivants se cachaient en fait deux individus : Romero bien sûr, mais également John A. Russo, qui s’avère souvent le grand « oublié » de la saga. Dès Zombie en 1978, George Romero s’était affranchi de son co-scénariste en partant travailler avec Dario Argento, puis tout seul comme un grand à partir du Jour des morts vivants en 1985. Avec sa saga, Romero livrerait une œuvre aussi longue que très « politisée », le zombie étant un moyen pour lui de critiquer la société de consommation.

De son côté, John A. Russo, deuxième papa de La nuit des morts vivants donc, aura mis un peu plus de temps à accoucher de « sa » suite, conçue dans un premier temps avec Rudy Ricci, scénariste du deuxième long-métrage de George Romero, There’s always vanilla (1971), et de The booby hatch, comédie érotique se trouvant être le premier film de John Russo. Vous voyez se dessiner une certaine cohérence là-dessous ? Il y aurait bien de quoi réorganiser la « timeline » ou l’arbre généalogique de La nuit des morts vivants. Car si on oublie souvent la présence de John A. Russo au générique du film de 1968, on oublie également souvent sa présence au générique du Retour des morts vivants, dont la paternité est souvent uniquement attribuée au talentueux Dan O’Bannon, fier artisan dont la carrière fut tout entière (dé)vouée au cinéma de genre (science-fiction ou fantastique). Scénariste de talent (on lui doit notamment les scénarii de Darkstar, Alien, Lifeforce ou encore Total recall), O’Bannon semble avoir totalement « vampirisé » de sa présence le générique du Retour des morts vivants. C’est d’autant plus clair qu’il a remanié en profondeur le script original (signé John A. Russo, Rudy Ricci et Russell Streiner) en faisant le choix de le « réorienter » vers la comédie, de façon à ce que la filiation avec le film de George A. Romero soit plus ténue, ce qui le rendrait d’une part plus « original » et lui enlèverait d’autre part une partie de la pression liée au fait de signer une suite directe à une œuvre que tout le monde considérait déjà à l’époque comme un chef d’œuvre, doublé d’un véritable « tournant », d’une date incontournable dans l’histoire du cinéma horrifique.

Ainsi, même s’il conserve quelques éléments similaires (la maison entourée de zombies et le film construit en quasi-huis clos) et s’offre aussi un amusant clin d’œil au film original (un des personnages évoque carrément le film de Romero, expliquant qu’il s’agit en réalité de l’adaptation cinématographique d’un fait divers s’étant déroulé à Pittsburgh), Le retour des morts vivants n’aura au final pas grand chose à voir avec son modèle. Mais il aura peut-être finalement tout autant marqué son époque, en nous donnant à voir pour la toute première fois des zombies se déplaçant rapidement, parlant et tendant même à l’occasion des pièges aux vivants… Loin de la mise en scène sèche et quasi-documentaire de Romero, O’Bannon choisit une esthétique visuelle très contemporaine, qui apparaît immanquablement aujourd’hui comme typiquement 80’s : couleurs flashy et morts-vivants hauts en couleurs. Pour le design de ses zombies, le directeur artistique William Stout, également illustrateur, s’inspire des dessins de Bernie Wrightson et de comics horrifiques tels que Eerie, Creepy, Tales from the crypt, Weird mystery tales… Le résultat est assez étonnant, et deviendra une source d’inspiration pour tous les films de zombies ou presque pour les trente ans qui suivraient. Aucun d’entre eux ne ressemblent à un autre, et beaucoup possèdent des caractéristiques physiques immédiatement discernables.

Scénariste habile, Dan O’Bannon prend également le temps de mettre les « personnages » au premier plan de son intrigue, quitte à faire patienter le spectateur pour l’arrivée des morts-vivants. Et mine de rien, cet élément se révèle d’une importance capitale : Le retour des morts vivants prenant le parti de mélanger horreur et humour, le « dosage » des éléments comiques nécessitait une science du timing et de l’équilibre sur laquelle bien d’autres cinéastes se sont cassés les dents. Il fallait en effet que les personnages soient suffisamment développés afin de devenir attachants et que le spectateur s’intéresse à leur sort – dans le cas contraire, le jeu de massacre tourne à vide et finalement, l’ennui a vite fait de gagner le public…

Et c’est vrai que quand on pense au Retour des morts vivants, que la plupart d’entre nous ont découvert il y 25/30 ans, de quoi se souvient-on ? D’une ribambelle de punks, dont une aux cheveux roses ayant visiblement très chaud, d’un duo d’employés un peu au ras des pâquerettes dont la maladresse va mener au désastre, ou encore d’un étrange thanatopracteur dont on se demande s’il ne serait pas un poil nazi sur les bords… De bons personnages que l’on croirait sortis de comic-books, plus fouillés qu’ils n’y paraissent à première vue, et dont l’existence ne semble pas limitée aux quatre-vingt-dix minutes du film. Bien sûr, on se souviendra également de quelques très bons gags, tels quel l’imparable ligne de dialogue « send… more… paramedics… » – on suppose que les auteurs devaient être contents de cette vanne, puisqu’ils la refont quelques minutes plus tard avec « send… more… cops ». Et comme on l’a déjà évoqué un peu plus haut, impossible de ne pas se souvenir des nombreux effets visuels bien barrés du film – à l’image de ce zombie tout gluant qu’on croirait sorti d’une cuve de goudron.

L’essentiel est bien que même vingt ou trente ans après l’avoir vu, on se souvient du Retour des morts vivants. Alors que l’on oublie parfois certains films vus seulement quelques mois plus tôt…

 

 

Et puisqu’on évoquait en filigrane le côté « séminal » qu’a pu avoir Le retour des morts vivants sur le genre horrifique durant les années qui suivraient, on ne pourra s’empêcher de créer des « passerelles » mentales entre le film de Dan O’Bannon et le cinéma développé par la Troma de Lloyd Kaufman et Michael Herz à peu près à la même période, sur des films comme Toxic Avenger (1984) ou Atomic College (1986). Composant avec des contraintes budgétaires similaires, ces cinéastes devenus cultes sont parvenus à apporter une réelle fraîcheur au sein du genre horrifique grâce, grosso merdo, aux mêmes ingrédients : des personnages hauts en couleurs, de l’humour, des effets visuels soignés et peu ragoutants, un soupçon de provocation et d’érotisme…

Pour ceux qui l’ignoreraient, Le retour des morts vivants a, comme son modèle, donné naissance à de nombreux ersatz mais aussi et surtout à une série de suites « officielles ». On commencera avec Le retour des morts vivants II (Ken Wiederhorn, 1988) qui, s’il n’est pas un chef d’œuvre, possède néanmoins quelques qualités. On y retrouve par exemple avec plaisir le duo James Karen / Thom Mathews, et il faut tout de même avouer que quelques séquences sont particulièrement réussies, telle que celle de la « main dans la bagnole ». On peut supposer que les spectateurs l’ayant découvert durant leur enfance développeront une certaine nostalgie à l’égard de ce film qui, à l’instar de quelques-uns de ses contemporains – House II (Ethan Wiley, 1987) ou Elvira maitresse des ténèbres (James Signorelli, 1990) – développaient un côté tellement « bande dessinée » (ambiance ado, blagues bas de plafond, monstres en caoutchouc…) qu’on en avait usé la bande magnétique des VHS à force de les revoir le mercredi après-midi. Le retour des morts vivants 3 (Brian Yuzna, 1993) en revanche fait partie de ces chefs d’œuvre absolus de l’horreur du début des années 90 – Brian Yuzna prenait pour base un élément-clé de la saga (les expériences militaires) mais profitait surtout du film pour imposer une vision du zombie radicalement différente, avec un personnage de morte-vivante (Mindy Clarke) s’auto-mutilant afin de ne pas être tentée de dévorer son petit ami. Romantique, extrêmement gore, avec de petits relents sadomasochistes des plus déviants, Le retour des morts vivants 3 repousse les limites comme seul savait le faire Brian Yuzna à l’époque. Ce type est un génie. Que quelqu’un lui donne du pognon et une caméra. En 2005, suite à un petit regain d’intérêt pour les zombies lié au succès de la saga Resident evil au cinéma, la franchise Le retour des morts vivants ressortira du placard avec deux nouveaux films, tous deux mis en scène par Ellory Elkayem, réalisateur du sympathique Arac Attack – Les monstres à huit pattes en 2002. Return of the living dead : Necropolis et Return of the living dead : Rave to the grave sont donc globalement plutôt correctement torchés, avec des effets visuels assez réussis (notamment sur les soldats robots-zombies), mais on n’y retrouve ni l’humour des premiers épisodes, ni suffisamment d’originalité pour avoir envie d’y retourner une fois vus. En 2015, les droits de ces deux films ont été mis en vente sur eBay pour 47.500 dollars l’unité, mais n’ont pas trouvé acquéreur.

 

 

Le Combo Blu-ray + 2 DVD

[5/5]

Comme à son habitude, Le chat qui fume soigne le consommateur français avec Le retour des morts vivants, qui débarque comme d’habitude dans un magnifique combo Blu-ray + 2 DVD dont la maquette a été signée par le graphiste Frédéric Domont, alias Phraid Domont, également connu par beaucoup d’internautes français sous le pseudonyme de Bandini. Le packaging en digipack 3 volets est de toute beauté, et montre bien le soin développé par l’éditeur depuis des années afin de proposer des produits luxueux aux finitions impeccables. On notera également que cette édition est limitée et numérotée à 2000 exemplaires.

 

 

Pour ce qui est des banalités d’usage, le film est naturellement présenté en version intégrale, au format respecté et dans un tout nouveau transfert HD à tomber à la renverse, enterrant littéralement le master utilisé par MGM pour son édition Blu-ray de 2010. Pour trouver un point de comparaison, on irait plutôt chercher du côté du master proposé par Shout! Factory en 2016 – l’image est de toute beauté, le solide grain argentique du film a été préservé avec un soin maniaque, la définition et le piqué sont d’une belle précision, et le niveau de détail souvent surprenant. Les éléments de décor et le soin apporté à la conception des morts vivants n’en apparaissent que de façon plus spectaculaire, dans leur plus macabre netteté, les couleurs vives et saturées sont d’une tenue exemplaire, bref, c’est du tout bon. La préservation des tons d’origine a été très soignée, seuls peut-être quelques noirs et séquences en très basse lumière laissent apparaître une petite granulation excessive, mais on préfère nettement cela à une utilisation intempestive du réducteur de bruit. Côté son, Le chat qui fume nous propose de (re)découvrir le film soit en version originale, soit dans sa version française d’origine, celle qui a probablement bercé les années de jeunesse de quelques-uns de nos lecteurs. Toutes deux sont mixées en DTS-HD Master Audio 2.0 et vierges de tout parasite sonore : c’est à nouveau du très beau boulot. Si la piste française est peut-être un poil inférieure au niveau du rendu général, on ne doute pas que pour une poignée de cinéphiles l’ayant découvert à sa sortie dans les salles obscures, Le retour des morts vivants est quasi-automatiquement synonyme de « VF ».

Bref, Le retour des morts vivants en Blu-ray chez Le chat qui fume, c’est à nouveau un sans faute image & son à mettre à l’actif de l’éditeur français. Quand on pense que leur première galette ne date « que » d’il y a un peu plus de deux ans, on ne peut que s’incliner devant tant de chemin parcouru et tant de passion déployée au service du consommateur français. Et que dire sinon que le meilleur est peut-être encore à venir ? L’éditeur français a en effet annoncé de nombreux titres très attendus pour les mois à venir… Les chanceux ayant pré-commandé le chef d’œuvre 36-15 code Père Noël (René Manzor, 1989) auront en effet la chance de pouvoir le glisser au pied du sapin pour Noël. Et pour 2018, ce sont rien de moins que La rose écorchée (Claude Mulot, 1970), Le maître des illusions (Clive Barker, 1995), Les possédées du diable (Jess Franco, 1974), Le journal intime d’une nymphomane (Jess Franco, 1973) mais également L’assassin a réservé neuf fauteuils (Giuseppe Bennati, 1974), San Babila : Un crime inutile (Carlo Lizzani, 1976) et, last but not least, un triplé gagnant consacré à Michele Soavi : Sanctuaire (1989), La secte (1991) et le magnifique / sublime / monumental / ultime / chef d’œuvre absolu (ne rayez pas les mentions inutiles, il n’y en a aucune) Dellamorte Dellamore (1994).

 

 

Mais cessons de nous tourner vers l’avenir et revenons au présent, et à notre édition Blu-ray + 2 DVD du Retour des morts vivants : du côté des suppléments, Le chat qui fume fait à nouveau très fort en nous proposant l’essentiel des suppléments disponibles sur la galette éditée par Shout! Factory, mais bien sûr en disposant cette fois de sous-titres français. On notera d’ailleurs que si Le chat qui fume n’est pas allé rechercher l’intégralité des suppléments disponibles sur le disque américain, c’est pour réussir à conserver un tarif attractif de 25€ sur ce titre, alors que l’acquisition des bonus supplémentaires auraient fait passer le prix du Combo à 30€. Les possesseurs de l’édition US pourront d’ailleurs nous confirmer que le reste des suppléments était vaguement redondant avec ce qui nous est déjà proposé ici.

Le « gros » morceau de cette intéractivité, qui vous permettra de littéralement tout savoir sur le film, est un making of rétrospectif de deux heures (soit tout de même trente minutes de plus que le film lui-même) intitulé More brains ! A return to the living dead et réalisé par Bill Philputt en 2011. Préparation, production, tournage, réception, Philputt revient sur l’intégralité de la production du Retour des morts vivants, et vous apprendra à coup sûr énormément de choses. Des petits détails techniques aux gros problèmes de mise en forme, des acteurs à l’ambiance sur la plateau proche de la « zone de guerre », ce documentaire s’avère tout simplement passionnant et sans la moindre langue de bois. Les entretiens croisés sont souvent montés de façon très facétieuse, et l’ensemble est au final tout simplement indispensable pour tout amateur du film. Le documentaire comprend des interventions de (entre autres) Don Calfa, James Dalesandro, J. Trevor Edmond, Tony Gardner, Clu Gulager, Graham Henderson, Steve Johnson, James Karen, Thom Mathews, Kenny Myers, Dan O’Bannon, Linnea Quigley, John A. Russo, William Stout ou encore Brian Yuzna…

On continuera ensuite avec un entretien avec John A. Russo et un sujet sur les effets spéciaux du film (avec de belles interventions de William Stout), mais on notera que beaucoup des propos qui y sont tenus étaient déjà abordés dans le documentaire de Bill Philputt – en revanche, on découvrira avec plaisir quelques images du tournage et de la préparation des effets. Pour les amoureux de punk rock, un long sujet reviendra également sur la musique du Retour des morts vivants, qui faisait la part belle à des groupes de punk qui, pour la plupart, sont aujourd’hui retombés dans l’oubli. Des noms que l’on suppose importants de la musique punk y commentent avec un grand enthousiasme le coup de projecteur mis par le film sur leur musique.

Mais ce n’est pas tout, puisque l’éditeur nous offre également un amusant bêtisier composé d’images d’archives, ainsi qu’une douzaine de minutes des scènes inédites, en fait des débuts et fins de séquences présentes dans le film, coupées pour de simples questions de rythme. Le félin fumeur nous propose aussi de revoir le film en VF et en « open matte », sans les caches de la version 1.85:1 (qualité DVD). C’est intéressant, mais un peu anecdotique dans le sens où de nombreux français ont probablement déjà cette version quelque-part dans leurs cartons, soit en VHS soit en DVD, les éditions DVD ultérieures du Retour des morts vivants n’ayant jamais fait preuve d’un soin particulier de la part des éditeurs – jusqu’à aujourd’hui bien sur ! On terminera avec une poignée de bandes-annonces de films sortis chez Le chat qui fume.

Enfin, on notera pour terminer que les cinéphiles achetant le Combo Blu-ray + 2 DVD du Retour des morts vivants sur le site de l’éditeur recevront en plus de leur bel objet un livret exclusif composé de nombreuses images rares, qui a vraiment de la gueule et que vous serez probablement très heureux de ranger amoureusement aux côtés de vos autres galettes du Chat qui fume.

 

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