Test Blu-ray : La Nuit érotique des morts-vivants

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La Nuit érotique des morts-vivants

Italie : 1980
Titre original : Le Notti erotiche dei morti viventi
Réalisation : Joe D’Amato
Scénario : George Eastman
Acteurs : Laura Gemser, George Eastman, Dirce Funari
Éditeur : Le Chat qui fume
Durée : 1h52
Genre : Horreur, Érotique
Date de sortie cinéma : 7 août 1981
Date de sortie Blu-ray : 1 août 2022

John Wilson, promoteur immobilier, se rend à Saint-Domingue, capitale de la République dominicaine, en vue de construire un hôtel sur l’Île du Chat. Sur place, il fait la connaissance de la belle Fiona qui accepte de l’accompagner. Le couple embarque sur le bateau du navigateur Larry O’Hara. Une fois sur place, le trio rencontre un vieil indigène et sa fille, lesquels mettent en garde les étrangers d’un grand danger – la présence de zombies sur l’île – et leur conseillent de rebrousser chemin. Mais Wilson refuse…

Le film

[3/5]

Sur le site de référence IMDb, la filmographie de Joe D’Amato, alias Aristide Massaccesi, compte rien de moins que 199 films en tant que réalisateur, réalisés sous différents pseudonymes entre 1972 et 1999. On notera par ailleurs que malgré sa mort au tout début de l’année 1999, Joe D’Amato semble bien bander encore : lors de notre évocation de son film Emmanuelle et Françoise en 2019, IMDb ne répertoriait en effet que 197 films réalisés par le cinéaste. Deux films supplémentaires lui ont donc été attribués au cours de ces trois dernières années. A ce rythme, il ne devrait probablement pas tarder à dépasser les 200 films…

Souvent crédité également aux postes de directeur de la photographie et de caméraman, parfois même au montage et au scénario, Joe D’Amato était un artiste complet, et un technicien pour le moins habile. Comme beaucoup d’entre vous le savent, les dernières années de sa carrière de cinéaste furent tournées vers le cinéma X, d’abord en pellicule, puis en vidéo. Il fut d’ailleurs le premier réalisateur à introduire des scènes « hard » au cœur de ses films de genre, avec Black Emanuelle en Amérique en 1977, puis avec Les Amours interdites d’une religieuse en 1979. Le début des années 1980 marquera petit à petit sa reconversion définitive dans le porno, avec notamment une série de films « tropicaux » avec Laura Gemser, Dirce Funari et George Eastman, son ami et scénariste. Annj Goren, Lucía Ramírez et Mark Shannon en assuraient les scènes de sexe.

Fier représentant de cette période « érotico-exotique » (erotico-esotico), La Nuit érotique des morts-vivants, qui fut également distribué en France sous le titre La Nuit fantastique des morts-vivants, constitue, avec Porno Holocaust (1981), le premier film nous donnant à voir ce curieux mélange de porno et d’horreur. Il s’agit évidemment d’un projet hybride, qui suit grosso modo les étapes classiques et assez surannées des différents films de la saga Emmanuelle tout en y mêlant une bonne dose d’horreur graphique. Evidemment, il s’agit d’une sacrée curiosité, et un film qui se pose là comme une espèce de symbole d’un certain cinéma complètement « libre », mais aussi et surtout d’un film fauché, globalement mal fagoté, et défiant clairement toute tentative d’analyse.

L’intrigue de La Nuit érotique des morts-vivants est d’une simplicité désarmante : on y fera connaissance avec un homme d’affaires américain nommé John Wilson (Mark Shannon), qui au terme d’un business rondement mené, deviendra l’heureux propriétaire d’une petite île tropicale isolée. Après avoir engagé Larry O’Hara (George Eastman), marin de son état, pour l’emmener sur l’île avec sa nouvelle maîtresse, le trio rencontrera une mystérieuse naïade nommée Luna (Laura Gemser), ainsi qu’un vieil homme qui les prévient – à juste titre – qu’ils sont sur le point d’entrer dans un monde nouveau et dangereux dont ils ne connaissent rien. Bien sûr, les gens de la ville, menés par l’arrogant Wilson, rejetteront d’abord l’avertissement du vieillard en le prenant pour un fou, mais après une série d’événements bizarres, ils seront amenés à changer d’avis…

En toute objectivité, on peut avancer que les deux tiers de La Nuit érotique des morts-vivants n’entretiennent en réalité aucun véritable rapport avec l’intrigue du film à proprement parler. Joe D’Amato introduit en effet ses personnages pendant une bonne moitié du métrage, qui se résume essentiellement à un enchaînement de scènes de cul mettant en scène les personnages de Mark Shannon et George Eastman. Une ou deux séquences de BèZ déraillent de l’érotisme au porno franc et net. Mais le film n’est pas seulement un film de BèZ : Joe D’Amato intercale entre les ébats tropicaux (Coco) une série de séquences horrifiques bon marché mettant en scène des espèces de zombies vêtus de guenilles qui, assez paradoxalement, parviendront tout de même à imprimer au film sa véritable identité horrifique. L’ensemble fonctionne essentiellement grâce au sens du cadre de Joe D’Amato, ainsi qu’à son talent de directeur photo. Ajoutez à ce mélange une partition de synthétiseurs très atmosphérique signée Marcello Giombini et vous obtenez La Nuit érotique des morts-vivants : un curieux film d’ambiance allant un peu dans toutes les directions, souffrant d’un budget anémique mais s’avérant contre toute attente un divertissement assez hypnotique dans son genre, notamment en raison d’une séquence surprenante impliquant une grande bouteille de champagne.

Le Blu-ray

[5/5]

Enchaînant les coffrets Blu-ray avec une épatante régularité depuis quelques années maintenant, Le Chat qui fume confirme plus que jamais son statut d’acteur majeur dans le petit monde de l’édition vidéo en France, que cela soit en termes de qualité et de contenu. Gros pari éditorial du fait de sa nature mi-horreur, mi-porno, La Nuit érotique des morts-vivants débarque donc dans un nouveau coffret Blu-ray venant grossir les rangs de sa déjà riche collection d’éditions luxueuses dédiées à différents films et réalisateurs. Comme d’habitude, le Blu-ray nous est présenté dans un sublime Digipack 3 volets composé par Frédéric Domont, le tout étant surmonté du traditionnel fourreau cartonné.

Côté Blu-ray, cette édition de La Nuit érotique des morts-vivants estampillée Le Chat qui fume s’avère tout à fait satisfaisante. Comme on pouvait s’y attendre étant donné la facture technique du film de Joe D’Amato, le film en Haute Définition bénéficie d’un upgrade correct sans être tout à fait époustouflant : le master est d’une stabilité exemplaire, le grain d’origine est préservé, la définition est le piqué sont bons… C’est du très beau travail technique. On rechignera peut-être un brin sur les contrastes, qui auraient peut-être pu occasionnellement bénéficier d’un poil plus de punch durant les séquences les plus sombres. Côté son, VF et VO nous sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, en mono d’origine évidemment. Les dialogues sont clairs, les ambiances plutôt bien préservées, sans souffle : le confort acoustique est optimal.

En plus d’être un bel objet, le Blu-ray de La Nuit érotique des morts-vivants édité par Le Chat qui fume n’est pas avare en suppléments, puisqu’il nous propose un entretien avec Mark Shannon (45 minutes), qui reviendra comme le veut la coutume sur sa carrière, ses débuts et son parcours au cinéma, d’abord dans le cinéma traditionnel, puis dans le porno. Les anecdotes sont nombreuses et amusantes, et il évoquera également sa rencontre avec Joe D’Amato et le tournage de La Nuit érotique des morts-vivants, ainsi que d’autres films de la période erotico-esotico. Enfin, on terminera le tour des suppléments avec la traditionnelle bande-annonce, qui sera accompagnée de deux séquences du film sans le procédé de la nuit américaine (25 minutes) : une curiosité qui en rajoute encore un peu au côté cheap du film. Pour vous procurer cette édition limitée à 1000 exemplaires, rendez-vous sur le site de l’éditeur !

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