Test Blu-ray : Holocaust 2000

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Holocaust 2000

Italie, Royaume-Uni : 1977
Titre original : The Chosen
Réalisation : Alberto De Martino
Scénario : Sergio Donati, Alberto De Martino
Acteurs : Kirk Douglas, Simon Ward, Agostina Belli
Éditeur : Le Chat qui fume
Durée : 1h40
Genre : Fantastique
Date de sortie : 22 mars 1978
Date de sortie Blu-ray : 30 novembre 2021

Londres, années 1970 – L’ingénieur américain Robert Caine projette de construire en Cisjordanie une centrale thermonucléaire dont l’énergie produite serait capable de nourrir une grande partie du tiers-monde. Malgré l’aide précieuse de son fils Angel, Caine voit son projet contesté par de nombreuses sommités. Mais, plus grave encore, les opposants les plus farouches à la construction de cette centrale meurent dans d’étranges circonstances. Avec le soutien d’une journaliste, Sara Golan, Caine réalise peu à peu que son invention pourrait conduire à la plus gigantesque catastrophe que le monde ait connu, semblable à l’apocalypse décrite dans le Nouveau Testament…

Le film

[3,5/5]

A sa sortie en 1976, La Malédiction était déjà, à sa manière, une réponse de la 20th Century Fox au Rosemary’s Baby de la Paramount (1968) et à L’Exorciste de chez Warner (1973), deux gros succès qui avaient mis le fantastique en mode « Satanique » sur le devant de la scène. Néanmoins, le succès du film de Richard Donner à travers a également fait ses propres émules, et initié une série de dérivés ou de remakes plus ou moins avoués, dont Holocaust 2000 est un des représentants les plus appliqués.

Ce qu’il y a d’amusant ici, c’est que si le réalisateur Alberto De Martino copie sans vergogne La Malédiction avec Holocaust 2000, il ne s’agissait pas réellement d’un coup d’essai pour le cinéaste, qui avait déjà livré en 1974 avec L’Antéchrist un dérivé assez éhonté de L’Exorciste. Dans les deux cas, il ne s’en sort plutôt pas mal, même si on peut supposer que l’impact de ses films, qu’il s’agisse de L’Antéchrist ou de Holocaust 2000, ne pourra atteindre son plein potentiel que sur les spectateurs n’ayant pas vu les films dont il s’inspire.

On suppose même que certains spectateurs ayant découvert Holocaust 2000 durant leurs jeunes années pourront préférer la copie à l’original ; pour autant, le schéma narratif des deux films n’en est pas moins exactement le même, et les similitudes entre les deux récits ne peuvent en aucun cas être ignorées.

  • Dans les deux cas, on a en tête d’affiche une ancienne gloire dans le creux de la vague : Gregory Peck dans La Malédiction, Kirk Douglas dans Holocaust 2000. Les excellents résultats au box-office du film de Richard Donner auront certainement assez rapidement convaincu Kirk Douglas de se lancer dans la grande aventure du récit satanique. Si le film de Donner mettait en scène un puissant ambassadeur, celui d’Alberto De Martino met quant à lui en scène un puissant industriel.

  • Dans les deux cas, la figure de « l’antéchrist » est au centre de l’intrigue, et se trouve être le fils du personnage principal, dont le destin semble intrinsèquement lié à la fin du monde. Le « fils » du héros représente cette menace, annoncée par de nombreux éléments prophétiques ; les deux films comportent également un prêtre et un journaliste parmi les personnages principaux.

  • Dans les deux cas, le récit enchaîne les mystérieux « accidents » autour des proches du personnage principal – dès que l’un d’eux est susceptible d’empêcher par ses actions la venue de l’Antéchrist, il meurt dans d’étranges circonstances. Si le moment de bravoure de La Malédiction était probablement la tête coupée de David Warner, Alberto De Martino nous livre également ici quelques scènes assez marquantes par leur brutalité et leur côté « gore » : la palme va bien entendu à cette tête tranchée par une pale d’hélicoptère, ayant la particularité non négligeable d’être arrivée sur les écrans un an avant celle du Zombie de George A. Romero.

  • Dans les deux cas, on a droit à une scène durant laquelle un personnage refuse à corps et à cris d’entrer dans une église. Cela dit, dans le cas de celle d’Holocaust 2000, elle s’intègre assez mal au reste du métrage et n’a finalement guère de sens.

Voilà donc pour les similitudes entre les deux films. Et on ne va pas mentir, d’autant qu’on l’a déjà évoqué sans grand enthousiasme au détour de certains autres articles : quiconque a vu La Malédiction préférera sans aucun doute le film de Richard Donner à celui d’Alberto De Martino, car du point de vue de l’impact sur le spectateur, Holocaust 2000 n’est certainement pas La Malédiction. Il se rapprocherait d’avantage d’un film tel que Damien : La Malédiction II en vérité, navigant sur les terres obscures du remake inavoué, et peinant un peu à se trouver une réelle personnalité. Pour autant, dans l’ensemble, la série B d’Alberto De Martino se laisse suivre sans aucun problème. Holocaust 2000 dispose en effet de suffisamment de bons éléments pour maintenir l’intérêt du spectateur en éveil jusqu’à son dénouement : un casting solide, mené par Kirk Douglas et Agostina Belli, une musique étonnante signée Ennio Morricone, et une ébauche de discours social intéressant.

Car il y a aussi des choses inédites dans Holocaust 2000, qui lui permettent de se démarquer de son modèle. Sa première particularité est sa volonté d’intégrer à l’intrigue quelques-unes des préoccupations écologiques et sociales de ses contemporains, à la manière des films de science-fiction conscientisés de l’époque : la crise énergétique des années 70 est donc au centre des débats, le film pointant d’ailleurs clairement du doigt l’énergie nucléaire. Révolution scientifique ou pas, la centrale nucléaire est ici synonyme de fin du monde, et donc reléguée au rang de catastrophe écologique – une catastrophe aux proportions littéralement bibliques en l’occurrence. Le mélange des thèmes religieux et écologiques est intéressant, et on ne pourra que féliciter Alberto De Martino et son équipe d’avoir su développer un tel sens de l’époque et du lieu, saisissant l’air du temps avec une acuité remarquable.

Malheureusement, Holocaust 2000 perd un peu de son rythme au fur et à mesure que l’intrigue évolue, et ne développe jamais réellement son message antinucléaire au-delà de son postulat de départ. Plus largement, le scénario n’avancera plus réellement une fois que le personnage de Kirk Douglas aura interprété et compris les avertissements célestes – c’est d’autant plus clair que le « mystère » autour de l’identité de l’Antéchrist est évident dès le début du film, dans le sens où il est clairement énoncé lors de l’intéressante séquence prenant place dans l’asile de fous. On aurait voulu une montée en puissance, mais le récit se met à stagner dans sa deuxième partie, uniquement illuminé par ci par là de bonnes idées (la scène de la nurserie empoisonnée), mais ne décollant jamais réellement.

C’est dommage, d’autant que c’est vraiment quand il se démarque nettement de La Malédiction qu’Holocaust 2000 est le plus passionnant. Ainsi, la séquence la plus réussie du film d’Alberto De Martino n’est aucunement influencée par le chef d’œuvre de Richard Donner : il s’agit d’une séquence de cauchemar absolument superbe, mettant en scène un Kirk Douglas complètement nu courant sur une plage et alternant les visions monstrueuses et les mises en garde, déclamées par un écolo fanatique religieux devenu figure d’outre-tombe (Massimo Foschi).

D’ailleurs, si vous nous permettez une légère digression, il semble bien que Kirk Douglas, à l’époque âgé d’un peu plus de soixante ans, était dans une période de sa vie où il aimait particulièrement à se foutre à poil devant une caméra : outre cette séquence d’Holocaust 2000, on se souvient également de l’avoir vu se balader – sans la moindre raison narrative valable – dans le plus simple appareil dans les couloirs du vaisseau spatial de Saturn 3 en 1980, assurant même une scène de bagarre où il affrontait Harvey Keitel les miches au grand air et les balloches au vent.

Tout ça pour dire que malgré sa nature de succédané d’un film de premier plan, Holocaust 2000 conserve tout de même une bonne poignée de qualités, qui le rendent tout à fait digne d’être vu, même presque quarante-cinq ans après sa sortie. La nature forcément étriquée du budget n’apparaît jamais réellement à l’écran, la photographie soignée d’Erico Menczer donne à l’image un aspect souvent assez luxueux, et pour terminer, la partition orchestrale d’Ennio Morricone donne vraiment le frisson – il s’agit sans aucun doute de l’une de ses œuvres les plus intéressantes de la fin des années 70.

Le Combo Blu-ray + CD

[5/5]

Sorti en DVD il y a une dizaine d’années chez StudioCanal, Holocaust 2000 faisait partie de ces quelques films qui s’échangeaient encore il y a quelques mois à prix d’or sur le marché de l’occasion – les amoureux du film auraient en effet du débourser entre 70 et 80 euros pour revoir le film dans une vieille version DVD toute pourrite, alors que Le Chat qui fume nous propose aujourd’hui une superbe version restaurée en Blu-ray accompagnée du CD de la bande-originale du film signée Ennio Morricone, tout ça pour 25 balles. Et comme d’habitude avec l’éditeur, le film est par ailleurs présenté dans une édition qui en jette plein les yeux d’entrée de jeu grâce à sa présentation très classe, dans un beau digipack trois volets agrémenté d’un sur-étui cartonné ; on notera qu’il fait partie de la catégorie des digipacks « fins » proposés par l’éditeur depuis quelques années, et que le design général tout autant que l’habillage graphique signé Frédéric Domont sont tout aussi chiadés qu’à l’accoutumée. Le tirage de cette édition est limité à 1000 exemplaires.

C’est donc sous les couleurs du Chat qui fume que l’on pourra aujourd’hui découvrir ou revoir Holocaust 2000, qui s’offre d’ailleurs une présentation Haute-Définition absolument remarquable. Le master restauré ne présente quasiment aucun défaut : les couleurs sont éclatantes et naturelles, le piqué et le niveau de détail ne faiblissent que sur les plans comportant des mentions écrites et/ou des fondus (ce qui est normal), et l’ensemble affiche un grain argentique scrupuleusement préservé : c’est du très beau travail. Côté son, VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0, et proposent un rendu sonore clair, net et au final tout à fait recommandable. On notera bien sûr que le doublage français est assuré, entre autres, par Roger Rudel, une des voix de doublage les plus inoubliables de l’hexagone, notamment grâce à sa participation au détournement La Classe américaine.

Du côté des suppléments, l’éditeur comme d’habitude a fait du beau travail. On commencera donc avec un entretien avec Alberto De Martino (17 minutes), au cœur duquel le cinéaste évoquera le scénario du film, sa rencontre avec Kirk Douglas ou encore les thématiques qui l’intéressaient dans le projet (notamment le fait que le « Mal » soit représenté par le progrès scientifique). Il reviendra également sur les autres acteurs, sur les décors ou encore la photo du film, avant de s’attarder un peu plus longuement sur trois scènes à effets spéciaux : le crash d’avion, la scène de l’hélico et bien sûr celle du cauchemar. On continuera ensuite avec un entretien avec Massimo Foschi (22 minutes). L’acteur se remémorera quelques aspects du tournage et du film, qu’il trouvait un peu trop « dense ». Il reviendra sur ses relations avec les acteurs et le réalisateur, se souviendra d’avoir offert une bouteille de vin à Kirk Douglas, et nous révélera la petite histoire se cachant derrière la forme de sa barbe dans le film. Il terminera en s’émerveillant du fait que le cinéma touche autant l’imaginaire du public à travers le monde – on apprendra également qu’il était le doubleur du personnage de Dark Vador dans les versions italiennes des films de la saga Star Wars. Très intéressant également, on trouvera en bonus une fin alternative (6 minutes), destinée aux salles américaines ainsi qu’aux diffusions câblées aux États-Unis. On y découvrira le personnage de Kirk Douglas retournant à Genève afin de tuer l’Antéchrist à l’aide d’une ceinture d’explosifs. Une fin un peu moins pessimiste que celle que nous connaissons… On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce. Retrouvez le Combo Blu-ray + CD Holocaust 2000 sur le site du Chat qui fume.

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