Test Blu-ray : Dangereuse sous tous rapports

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Dangereuse sous tous rapports

États-Unis : 1986
Titre original : Something wild
Réalisateur : Jonathan Demme
Scénario : E. Max Frye
Acteurs : Jeff Daniels, Melanie Griffith, Ray Liotta
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h53
Genre : Comédie, Romance
Date de sortie cinéma : 10 juin 1987
Date de sortie Blu-ray : 2 septembre 2015

Charlie est un jeune cadre conformiste. Parfois, pourtant, il sent jaillir en lui une étincelle de fantaisie et d’audace. C’est ainsi qu’un jour, il sort d’un restaurant sans payer et se voit rappelé à l’ordre par une ravissante brune, Lulu, qui l’enlève ensuite dans sa voiture, le conduit dans un motel et lui fait manquer tous ses rendez-vous de la journée… Bagarres et coups fourrés vont alors accabler Charlie…

Le film

[3,5/5]

Après s’être « formé » en tant que cinéaste aux côtés de Roger Corman puis durant quelques années à la télévision américaine, Jonathan Demme était forcément un technicien aguerri en 1986 en arrivant aux commandes de Dangereuse sous tous rapports : cette maîtrise du médium cinéma alliée à un sens du rythme indéniable sont sans doute deux des raisons pour lesquelles ce road movie déjanté semble n’avoir pris aucune ride, presque trente ans après son tournage.

L’autre raison pour laquelle Dangereuse sous tous rapports ne vieillit pas et défile encore aujourd’hui sur les chapeaux de roues, c’est que le film est porté par l’incroyable énergie d’une Melanie Griffith tout juste débarquée du formidable Body double de Brian de Palma. En effet, le film de Jonathan Demme s’impose avant tout comme un véritable « one woman show » dédié à Melanie Griffith, qui éclipse à la fois les velléités de comédie romantique du script mais également les efforts physiques de Jeff Daniels, pourtant parfait dans son rôle de yuppie coincé découvrant la vie et l’amour aux côtés d’une attachante tornade faite femme.

Souvent négligées au profit de ses films post-Silence des agneaux, les comédies réalisées par Jonathan Demme dans les années 80 (Dangereuse sous tous rapports donc, mais également Veuve, mais pas trop…) dégagent un charme et une modernité indéniables, et s’avèrent encore aujourd’hui de parfaits exemples d’efficacité, en termes de réalisation, de rythme et même plus largement d’image. On ne saurait en effet dire s’il s’agissait d’une volonté consciente, mais son duo bien rôdé avec Tak Fujimoto à la photo a toujours fait en sorte de ne pas intégrer à ses films d’éléments trop « typiques » -notamment vestimentaires- de l’époque où ils sont tournés ; peut-être s’agit-il là d’un héritage de Roger Corman, qui tournait toujours à l’économie, mais le fait est que si beaucoup de films des années 80 transpiraient la musique post-disco 80’s et affichaient bandanas et spandex fluo à gogo, les films de Jonathan Demme jouent quant à eux la carte de la sobriété, et par conséquent de la pérennité.

Le Blu-ray

[4/5]

Wild Side Vidéo a pris récemment l’excellente initiative de restaurer et proposer sur support Haute Définition des classiques du polar dont l’éditeur vient d’acquérir les droits pour la France. Le consommateur français va donc pouvoir remplacer / upgrader ses DVD de films inoubliables des années 80, tels que The hot spot, Dangereuse sous tous rapports (dont les droits étaient jusqu’ici détenus par MGM) mais également Fletch et Streets of fire (dont les droits étaient jusqu’ici détenus par Universal).

On salue donc bien bas cette initiative inattendue et courageuse ainsi que l’effort éditorial de Wild Side, qui nous permet d’enfin revoir le film dans des conditions de visionnage que l’on pourra sans trop de peine qualifier d’optimales vu l’âge du film. Dangereuse sous tous rapports est probablement le film de cette vague de quatre films affichant le plus d’imperfections à l’image : le master ne semble pas de première jeunesse (points blancs, griffes), et la définition manque un peu de piqué, mais le grain cinéma est respecté et les couleurs explosent littéralement. Côté son, les deux mixages DTS-HD Master Audio 2.0 affichent une clarté et une propreté remarquables, préservant une belle homogénéité entre ambiances et dialogues.

Au rayon suppléments, outre la traditionnelle bande-annonce, on trouvera un entretien avec Pierre-William Glenn, directeur photo de renom ayant travaillé avec François Truffaut ou Bertrand Tavernier. Glenn, fièrement assis sur sa moto, revient sur Dangereuse sous tous rapports par le prisme de la photo de Tak Fujimoto : original et très intéressant.

On terminera avec un petit mot sur les visuels des DVD / Blu-ray proposés sur cette vague de films édités par Wild Side : plutôt que de ré-utiliser bêtement les affiches ou les habituels montages photo, l’éditeur a fait appel à Thierry Segur, qui a signé à la demande de la branche marketing et éditoriale de l’éditeur quatre visuels originaux et vraiment réussis, à la manière des américains de chez Criterion, qui « ré-interprètent » toujours les films avec des visuels surprenants, et rappelant même carrément le superbe boulot des créatifs de chez Mondo. Bien sûr, chacun selon sa sensibilité aura sa préférence parmi les quatre : personnellement, si le visuel était disponible à la vente en grand format, cette affiche « customisée » de Streets of fire trônerait certainement dans mon salon.

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