Test Blu-ray : Cause toujours, tu m’intéresses

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Cause toujours, tu m’intéresses

France : 1979
Titre original : –
Réalisation : Édouard Molinaro
Scénario : Francis Veber
Acteurs : Jean-Pierre Marielle, Annie Girardot, Jacques François
Éditeur : StudioCanal
Durée : 1h26
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 18 avril 1979
Date de sortie DVD/BR : 6 décembre 2023

Il est journaliste, elle est pharmacienne. Il est divorcé, elle est célibataire. Ils sont tous les deux très seuls. Un soir, pour tromper sa solitude, il fait un geste absurde : il décroche son téléphone et compose un numéro au hasard. Il a besoin de parler. C’est sur elle qu’il tombe et elle s’accroche à cette voix comme à une bouée de sauvetage…

Le film

[4/5]

La première chose que le public français a remarqué, en 1979 à la sortie de Cause toujours, tu m’intéresses, c’est évidemment le titre du film, ainsi que le casting, ou du moins les deux acteurs présents sur l’affiche, Annie Girardot et Jean-Pierre Marielle. Cela ne nous parait pas forcément évident aujourd’hui, un peu plus de quarante ans après sa sortie dans les salles, mais à l’époque, ce titre à rallonge à la tonalité extrêmement familière en rappelait d’autres. En premier lieu, le titre donnait presque l’impression que le film d’Édouard Molinaro était une suite, ou peut-être un prolongement spirituel, de Cours après moi que je t’attrape, une comédie de Robert Pouret sortie en 1976 qui mettait en scène le même duo-vedette. Les affiches des deux films, qui mettaient en scène les deux acteurs dans un style très bande dessinée, étaient par ailleurs très similaires, et ont peut-être accentué cette impression de filiation dans l’esprit du public de 1979.

Le titre Cause toujours, tu m’intéresses faisait également écho, dans la mémoire collective des spectateurs français de l’époque, à d’autres gros succès du cinéma hexagonal mettant en scène Annie Girardot : on pense bien entendu à Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause (1970) et Elle cause plus… elle flingue (1972), tous deux écrits et réalisés par Michel Audiard. Bref, il semble qu’à sa sortie, le titre du film d’Édouard Molinaro ait été pensé comme un argument marketing, destiné à surfer sur différents succès antérieurs du cinéma français, tout en profitant de l’engouement naissant du public pour les titres délicieusement absurdes et familiers des films de Philippe Clair ou de Max Pécas (Marche pas sur mes lacets, Embraye bidasse, ça fume…).

Pour autant, le plus gros défaut de Cause toujours, tu m’intéresses, c’est probablement son titre, dans le sens où ce dernier donne au spectateur une indication complètement fausse sur le film en termes de tonalité. Avec le recul, il n’y a rien d’étonnant à ce que le film d’Édouard Molinaro n’ait pas rencontré son public, tant son titre ne correspond finalement en rien avec ce qu’il nous donne à voir. Pensez-vous qu’un film tel que E.T. l’extraterrestre aurait remporté le même succès en France s’il s’était appelé Tire sur mon doigt, ça fera de la lumière ? Hé bien il en est de même avec Cause toujours, tu m’intéresses : il y a de fortes que le film eut mieux fonctionné dans les salles si la production avait décidé de reprendre le titre du roman de Peter Marks dont le film est adapté, à savoir Une liaison téléphonique.

Mais l’Histoire du cinéma en a décidé autrement, reléguant de ce fait le délicieux petit film d’Édouard Molinaro aux confins de la mémoire collective. Heureusement, la collection « Nos années 70 » dirigée par Jérôme Wybon nous permet aujourd’hui de redécouvrir Cause toujours, tu m’intéresses, et de le juger à sa véritable valeur : celle d’une excellente comédie, écrite avec une remarquable sensibilité par un Francis Veber qui ne cédera jamais à la facilité en rajoutant à cette intrigue simple les mécanismes d’un certain théâtre de boulevard, avec portes qui claquent et personnages hystériques. Au contraire, l’union inattendue de ces deux cœurs solitaires permettra à Veber de nous livrer un scénario tendre, très finement senti et analysé, et surtout très touchant.

Avec un peu plus de quarante ans de recul, ce qu’on trouve également absolument remarquable dans Cause toujours, tu m’intéresses, c’est la façon subtile avec laquelle le film évoque toute tentation de racisme ordinaire ou d’homophobie latente, ce qui encore monnaie courante dans le cinéma français des années 70. Ici, aucun des personnages n’est méprisé, qu’il s’agisse du voisin noir de Jean-Pierre Marielle (Umbañ U Kset) et de sa singulière utilisation des adverbes, ou du collègue homosexuel d’Annie Girardot (Jacques François). Au contraire, c’est leur humanité profonde qui est mise en avant tout au long du film, les deux personnages représentant d’ailleurs clairement la voix de la raison pour les personnages principaux. Un très joli film.

Le Blu-ray

[4/5]

Grâces soient rendues à StudioCanal, qui permet ce mois-ci au cinéphile français de redécouvrir Cause toujours, tu m’intéresses, au sein de la prestigieuse collection « Nos années 70 » dirigée par Jérôme Wybon. C’est d’autant plus appréciable que côté galette Blu-ray, le master restauré du film d’Édouard Molinaro affiche vraiment une belle pêche, avec un master ne présentant pas de souci particulier. Les couleurs sont naturelles et parfaitement saturées, la définition ne pose pas le moindre problème et le niveau de détail ne faiblit jamais malgré un grain argentique scrupuleusement préservé : c’est du très beau travail. Côté son, le film nous est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 au rendu sonore clair et net. En deux mots comme en cent, Cause toujours, tu m’intéresses bénéficie grâce à StudioCanal d’une présentation optimale pour son arrivée sur support Haute Définition.

Du côté des suppléments, on commencera tout d’abord avec la traditionnelle présentation du film par Jérôme Wybon (5 minutes), qui replacera rapidement le film dans son contexte de tournage ainsi que dans la carrière d’Edouard Molinaro. Il abordera également rapidement les suppléments disponibles sur la galette. Ces derniers consistent en un long entretien avec Jean-Pierre Marielle (38 minutes), enregistré pour la télévision belge, qui permettra à l’acteur de revenir sur sa carrière ainsi que sur quelques-uns de ses rôles les plus emblématiques. Un court passage est ainsi consacré à Cause toujours, tu m’intéresses ainsi que sur sa relation avec Annie Girardot. Très intéressant ! On terminera enfin avec un entretien avec Édouard Molinaro (8 minutes), que Jérôme Wybon a eu le loisir de monter pour cette édition à partir des archives personnelles de Vincent Perrot. Il y reviendra essentiellement sur son rapport à la musique, et sur la façon dont cette dernière s’intègre dans ses films.

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