Test Blu-ray : Better Man

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Better Man

Royaume-Uni, États-Unis, Chine, France, Australie : 2024
Titre original : –
Réalisation : Michael Gracey
Scénario : Simon Gleeson, Oliver Cole, Michael Gracey
Acteurs : Robbie Williams, Jonno Davies, Steve Pemberton
Éditeur : Paramount Pictures
Durée : 2h17
Genre : Biopic, Musical
Date de sortie cinéma : 22 janvier 2025
Date de sortie DVD/BR : 22 mai 2025

L’ascension du célèbre chanteur/compositeur britannique Robbie Williams. Devenu une star avec le Boys Band Take That dans les années 1990, ce dernier a peu à peu plongé dans les paradis artificiels avant de retrouver le succès en solo en 1997 avec la chanson « Angels »…

Le film

[3,5/5]

Si le phénomène ne date pas d’hier, le succès rencontré par Bohemian Rhapsody (2018, 962 millions de dollars de recettes) puis par Rocketman (2019, 206 millions) a contribué à populariser les biopics centrés sur des personnalités incontournables de la musique contemporaine, qu’elles soient mortes ou pas. Ainsi, ces dernières années, les biopics musicaux se sont multipliés : Respect (2021), Elvis (2022), Whitney Houston – I Wanna Dance With Somebody (2022), Bob Marley : One love (2023), Back to Black (2024), Monsieur Aznavour (2024), Un parfait inconnu (2024)… Tous n’ont pas eu le même retentissement auprès du public, et après quelques années à enchaîner les biopics, les producteurs commencent aujourd’hui à chercher des moyens de « renouveler » le genre, ou du moins de l’emmener dans des directions inattendues. Début 2025, et en attendant le Michael d’Antoine Fuqua, on a donc vu débarquer dans les salles Piece by Piece, qui revenait sur la carrière de Pharrell Williams sous la forme d’un film Lego, et Better Man, qui retraçait la trajectoire de Robbie Williams en remplaçant le chanteur par un singe.

De peur qu’une certaine lassitude ne soit en train de s’installer dans l’esprit du public, les auteurs de biopics choisissent donc la voie de l’originalité. Cela dit, quand on opte pour ce genre de partis pris artistiques, le risque est peut-être que le public se focalise davantage non pas sur l’histoire en elle-même, mais sur la manière dont elle est racontée. C’est d’autant plus flagrant dans le cas de Better Man : il s’agit en effet d’un biopic consacré à Robbie Williams, ayant débarqué sur les écrans seulement un an et demi après une mini-série similaire diffusée sur Netflix, qui abordait également les jeunes années, la chute et la résurgence de la star de la pop britannique. Plus largement, ce biopic en mode Planète des Singes avait peut-être été pensé comme un moyen pour Robbie Williams d’enfin atteindre le public américain, mais avec moins de deux millions de dollars de recettes, les chiffres du box-office US furent purement et simplement catastrophiques.

Il faut dire qu’en dépit de sa longue carrière en Europe, Robbie Williams est quasiment inconnu du grand public aux États-Unis. Le pari de Paramount Pictures, qui possède les droits de distribution du film à l’international, était de supposer qu’un biopic mettant en scène un singe en CGI trouverait forcément son public, d’autant que le co-scénariste et réalisateur Michael Gracey avait surpris tout le monde fin 2017 avec The Greatest Showman, un film musical que personne n’avait vu venir et qui récolta plus de 400 millions de dollars lors de son exploitation dans les salles. Mais on suppose que le problème de Better Man est plus profond, et réside dans la personnalité même de Robbie Williams, qui assure la voix off du film. Comme on le sait de notre côté de l’Atlantique, Robbie Williams est un éternel provocateur, jouant au bad boy, et véhiculant une image de hooligan et de « fuck you attitude » qui fait volontiers craquer les européennes – une personnalité qui, aux États-Unis, se retrouve chez certains rappeurs, mais pas dans la musique pop.

De plus, les autres Williams connus aux USA et ayant eu droit à un biopic – Pharrell, Venus et Serena – sont plutôt considérés comme des bourreaux de travail, enclins à la résilience et gardant toujours une motivation intacte, tandis que Better Man appuie énormément au fil de son intrigue sur les problèmes d’estime de soi dont souffre Robbie Williams, toujours hanté par des pensées négatives, alors même qu’il est au sommet. Pour le reste, le film offre les arcs dramatiques habituels du biopic. On retrouve les habituels problèmes de toxicomanie et d’égocentrisme, une grande partie du deuxième acte étant consacrée à la volonté absolue de Robbie de devenir un artiste numéro un et de séduire le grand public. Après le succès viendra la chute, mais on reviendra aux fondamentaux avec la rédemption, quand Robbie commencera à se reprendre en main et à reconstruire sa vie. Rien de bien nouveau sous le soleil donc, tout cela a déjà été abordé dans des dizaines d’autres biopics de musiciens, mais si vous aimez la musique de Robbie Williams, Michael Gracey laisse largement la place aux titres qui ont marqué sa carrière.

De l’aveu même de Robbie Williams, qui l’a déclaré alors qu’il était invité au 20h de France 2 face à Laurent Delahousse DeCouette, si le choix de faire du personnage principal un chimpanzé tout au long du film est présenté au public comme la façon dont le chanteur se perçoit lui-même, c’était en réalité davantage une façon pour le film de se démarquer des nombreux autres biopics inondant le marché. C’est dommage, dans le sens où Better Man aurait pu se nourrir de ses effets visuels inhabituels, en intégrant d’autres animaux à l’intrigue, où en appuyant volontairement davantage sur l’animalité du personnage, en le renvoyant régulièrement à l’état sauvage par exemple. Car finalement, pour un artiste représenté à l’écran comme un chimpanzé, se complaisant volontiers dans l’autodestruction et le chaos, le film de Michael Gracey reste malheureusement bien conventionnel !

Le Blu-ray

[4/5]

C’est bien sûr sous les couleurs de Paramount Pictures que débarque en France le Blu-ray de Better Man. Côté image, le film est récent et on le sent : le master est propre, la définition est impeccable, la colorimétrie fait toujours mouche, le piqué est d’une précision redoutable et les contrastes sont impeccablement tenus, avec des noirs denses et profonds. Côté son, l’éditeur continue sur son excellente lancée avec une VO proposée en Dolby Atmos, dans un mixage bénéficiant d’un dynamisme époustouflant et d’une spatialisation impeccable, de même que des basses littéralement tonitruantes, renforçant encore l’immersion au cœur du film, surtout bien sûr durant les scènes musicales bien sûr. De son côté, la version française ne s’exprimera qu’à travers un mixage Dolby Digital 5.1 ; si bien sûr la version originale offre un rendu plus ample et spectaculaire, la VF propose tout de même un rendu dynamique et d’excellents effets acoustiques. Du beau travail !

Du côté des suppléments, on commencera tout d’abord avec un intéressant making of (32 minutes), qui nous éclairera sur la relation entre Robbie Williams et Michael Gracey. Ainsi, on l’ignorait totalement, mais le projet The Greatest Showman s’est en partie monté grâce au chanteur britannique, qui avait enregistré un message vidéo à destination de Hugh Jackman pour l’inciter à accepter le film. Ils reviendront ensuite sur l’histoire et le concept du film, et on aura droit à de nombreuses images des coulisses du tournage. Il s’agit d’un bonus sympathique, qui consacre beaucoup de temps au processus de motion capture, notamment sur scènes les plus emblématiques de Better Man. On terminera avec une featurette consacrée aux impressionnants effets visuels du film (15 minutes), en compagnie du superviseur des effets visuels Luke Millar (Weta), du superviseur de l’animation Dave Clayton et du réalisateur Michael Gracey.

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