Test Blu-ray : Barberousse + Dodes’kaden

0
979

La sortie sur support Blu-ray de Barberousse et Dodes’kaden sous les couleurs de Wild Side est un double événement : il s’agit non seulement de deux des plus beaux films d’Akira Kurosawa, mais surtout, la sortie le 30 août de ces deux chefs d’œuvre met le point final à une luxueuse collection initiée il y a maintenant presque deux ans, entièrement dédiée aux réalisations du cinéaste japonais pour le studio Toho. 17 films représentant le plus gros d’une œuvre majeure, qui plus est présentés dans des version restaurées en Haute Définition, et toujours accompagnés d’un riche livret…

 

 

Barberousse


Japon : 1965
Titre original : Akahige
Réalisateur : Akira Kurosawa
Scénario : Akira Kurosawa, Hideo Oguni, Masato Ide, Ryûzô Kikushima
Acteurs : Toshirô Mifune, Yûzô Kayama, Tsutomu Yamazaki
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 3h05
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 4 janvier 1978
Date de sortie DVD/BR : 30 août 2017
 

 

Début du XIXè siècle : de retour à Edo (ancien nom de Tokyo), sa ville natale après trois ans d’études à Nagasaki, le jeune docteur Noboru Yasumoto est bien décidé à y faire une brillante carrière. Il rêve d’une nomination dans l’hôpital du Shogunat de Edo. Sa connaissance de la médecine occidentale et ses origines le destinent en effet aux plus hautes sphères médicales. Mais sa première affectation l’envoie dans un quartier très pauvre de Tokyo, à la clinique de l’intransigeant Dr Niide dit « Barberousse »…

 

 

Dodes’kaden


Japon : 1970
Titre original : Dodesukaden
Réalisateur : Akira Kurosawa
Scénario : Akira Kurosawa, Hideo Oguni, Shinobu Hashimoto
Acteurs : Yoshitaka Zushi, Kin Sugai, Toshiyuki Tonomura
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 2h20
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 6 novembre 1974
Date de sortie DVD/BR : 30 août 2017

 

 

Rokuchan, un jeune garçon, s’imagine aux commandes d’un tramway. Le médecin du quartier, lui, refuse de dénoncer un voleur, sauve un désespéré, désarme un ivrogne… Autant d’exclus et de rêveurs dont les destins vont peu à peu se croiser

 

 

Les films

[5/5]

Aussi différents qu’ils puissent paraître à priori, Barberousse (1965) et Dodes’kaden (1970) sont deux films profondément liés. Thématiquement, ils partagent la même « humanité » chaleureuse, ce même regard plein de compassion sur la misère, qui peut dissimuler une grandeur d’âme inattendue. Mais surtout, ces deux films marquent dans la carrière de Kurosawa une rupture, le premier marquant la fin d’une époque tandis que le second représentait au contraire un nouveau départ, si ce n’est une renaissance.

 

 

Mélodrame d’une puissance émotionnelle rare, Barberousse constitue le deuxième épisode de la « trilogie de la misère » (après Les bas-fonds, avant Dodes’kaden), le film suit l’évolution de Yasumoto, un novice apprenant la médecine aux côtés de Barberousse (Toshiro Mifune), et qui au fil du film abandonnera ses idées préconçues tout autant que ses préjugés de classe jusqu’à un final vraiment mémorable et émouvant. Aussi réussi puisse-t-il paraître, le film ne satisfera finalement pas pleinement Kurosawa, mécontent de l’interprétation trop « héroïque » de Mifune qui n’a jamais voulu écouter les consignes de jeu du cinéaste. Barberousse sera donc non seulement le dernier film en noir et blanc du réalisateur japonais, mais également son dernier film mettant en scène Toshiro Mifune, après rien de moins que seize collaborations en l’espace de 17 ans.

Malgré ses couleurs chatoyantes, Dodes’kaden s’imposera en revanche comme le film le plus « froid » et le plus désespéré de sa trilogie de la misère. Relecture bigarrée, onirique et violente des Bas-fonds (même genre de décor, même genre de personnages marginaux et désœuvrés), Dodes’kaden est à la fois une merveille de poésie et de noirceur, où nul espoir n’est réellement permis, et où aucun des personnages ne verra de lueur d’espoir à l’horizon, si ce n’est dans le rêve ou l’imagination. Mais quelle part de réalité et quelle part de rêve dans ce bidonville où tout est ouvertement artificiel (le ciel, le soleil et les ombres sont peintes) et où la mort rode à tous les coins de poubelle ? Nul ne saura le dire avec certitude, d’autant que la tendresse, l’amour et la bonté sont également de la partie…

 

 

Les Blu-ray

[5/5]

Wild Side a beau avoir pris du retard dans la livraison des titres de sa collection Akira Kurosawa – Les années Tōhō, les deux derniers titres seront bel et bien arrivés avant la fin 2017 : Barberousse et Dodes’kaden débarquent donc dans de riches éditions Combo Blu-ray + DVD présentées dans des digibooks comprenant également chacune un livret consacré au film.

Côté image, on ne va pas faire la fine bouche : l’éditeur nous propose sur ces deux titres un résultat globalement satisfaisant, respectant parfaitement la granulation d’origine et affichant un piqué assez précis pour l’époque. Malgré la présence irrécupérable de taches et/ou poussières et de quelques fluctuations l’ensemble s’avère plutôt propre et stable, sur un film comme sur l’autre. Du côté des enceintes, Barberousse et Dodes’kaden sont tous deux proposés en V.O japonaise uniquement, et en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine : les dialogues sont claires, relativement équilibrés et sans souffle parasite. Du beau travail.

 

 

La section suppléments ne dépaysera pas les possesseurs des éditions DVD des deux films, parus chez Wild Side en 2006 : les suppléments sont exactement les mêmes, encodés en définition standard (un documentaire entre « ombre et lumière » et un entretien avec le fils de Toshiro Mifune sur Barberousse, un documentaire sur le passage à la couleur et des entretiens avec Hisao et Kazuko, les enfants de Kurosawa sur Dodes’kaden).

Enfin, chaque coffret contient un livret d’environ 70 pages, contenant de nombreuses illustrations ainsi qu’une analyse du film, signées par le duo de plume Linda Tahir / Christophe Champclaux, dont le style s’avère toujours aussi agréable à lire.

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici