Test Blu-ray 4K Ultra HD : Arrête-moi si tu peux

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Arrête-moi si tu peux

États-Unis : 2002
Titre original : Catch me if you can
Réalisation : Steven Spielberg
Scénario : Jeff Nathanson
Acteurs : Leonardo DiCaprio, Tom Hanks, Christopher Walken
Éditeur : Paramount Pictures France
Durée : 2h21
Genre : Policier, Aventures
Date de sortie cinéma : 12 février 2003
Date de sortie BR/4K : 3 décembre 2025

Années 60. L’histoire vraie d’un véritable imposteur recherché dans le monde entier. A 17 ans, il se fait passer pour un pilote de Boeing, un avocat, un médecin et détourne des millions de dollars. Il fait enrager le meilleur agent du FBI. Qui est le chat ? Qui est la souris ?

Le film

[4/5]

Il est rare qu’un film parvienne à transformer la cavale d’un adolescent en véritable ballet existentiel, mais Arrête-moi si tu peux réussit ce tour de passe-passe avec une élégance qui ferait rougir un escroc de bas étage. Steven Spielberg, qui n’en est pas à son premier coup de maître, orchestre ici une fugue où l’arnaque devient une forme d’art, et où le mensonge se déploie comme une tapisserie mouvante. L’histoire de Frank Abagnale Jr. n’est pas seulement celle d’un gamin qui falsifie des chèques et se déguise en pilote de ligne ; c’est celle d’un être qui cherche désespérément à remplir le vide laissé par une famille éclatée. Arrête-moi si tu peux se regarde alors comme une comédie dramatique qui cache sous ses couleurs pastel une mélancolie tenace, un peu comme un clown qui sourit avec du mascara qui coule.

Dans Arrête-moi si tu peux, la mise en scène épouse les contours du mensonge : fluide, séduisante, presque trop belle pour être vraie. Steven Spielberg et son chef opérateur Janusz Kaminski jouent avec les reflets, les vitres, les surfaces brillantes, comme si chaque plan était une carte de crédit prête à être glissée dans une machine. Le cinéma devient ici une escroquerie consentie : on sait que tout est faux, mais on accepte de se laisser berner. La caméra glisse sur les uniformes, les sourires, les faux papiers, et l’on comprend que l’artifice est la véritable matière du film. Arrête-moi si tu peux ne se contente pas de raconter une histoire d’arnaque ; il en fait une esthétique, une philosophie presque, où l’illusion est plus réelle que la réalité.

Un des aspects les plus intéressants d’Arrête-moi si tu peux réside dans la manière dont le film relie la quête identitaire de Frank à la mécanique du cinéma. Le jeune homme change de costume comme un acteur change de rôle, et chaque imposture devient une performance. On pourrait presque dire que Frank est un metteur en scène de sa propre vie, sauf qu’il oublie parfois que le public n’est pas toujours consentant. Spielberg, lui, ne l’oublie jamais : il filme Leonardo DiCaprio comme une étoile montante, un visage encore juvénile mais déjà habité par la gravité. Le contraste avec Tom Hanks, figure paternelle maladroite et obstinée, donne à Arrête-moi si tu peux une dynamique de comédie de duo, prenant la forme d’une chasse à l’homme élégante et stylisée.

Mais Arrête-moi si tu peux n’est pas seulement une affaire de poursuite : c’est aussi une méditation sur la solitude. Derrière les sourires enjôleurs et les uniformes impeccables, Frank est un enfant perdu, qui court après une image de son père et une famille qu’il ne retrouvera jamais. Steven Spielberg, qui a toujours eu le chic pour filmer les liens familiaux brisés (E.T., Empire du Soleil…), injecte dans son film une tendresse inattendue. Les scènes entre DiCaprio et Christopher Walken, où le père déchu transmet à son fils une philosophie bancale de la débrouille, sont parmi les plus émouvantes du film. On rit des arnaques, certes, mais on pleure de ce vide affectif.

Il serait tentant de réduire Arrête-moi si tu peux à une comédie légère sur les années 60, avec ses costumes impeccables et sa musique jazzy signée John Williams. Mais ce serait oublier que Spielberg glisse dans chaque plan une inquiétude sourde : celle d’un monde où l’identité est une marchandise, où l’on peut devenir pilote, médecin ou avocat simplement en falsifiant un papier. Le film anticipe presque les obsessions contemporaines autour des fake news et des identités numériques. Et Arrête-moi si tu peux de devenir une fable moderne sur la fragilité du réel, une réflexion qui dépasse largement le cadre du biopic.

Et puis bien sûr, en dépit du fait qu’il soit adapté de faits réels, Arrête-moi si tu peux n’oublie s’avère également très drôle : on se surprend régulièrement à rire de la naïveté de ces adultes qui se laissent berner par un gamin, et l’ironie de Steven Spielberg et de son scénariste Jeff Nathanson est parfois assez mordante. Mais derrière l’humour, le film met surtout en évidence que la société adore les uniformes et les titres, et qu’elle est prête à croire n’importe qui, pourvu qu’il ait l’air sérieux.

Impossible d’évoquer Arrête-moi si tu peux sans aborder la musique de John Williams. Loin des envolées symphoniques habituelles, elle adopte un ton jazzy, presque minimaliste, qui colle parfaitement à l’univers de l’escroquerie. Les notes glissent comme des billets de banque dans une poche, et chaque thème musical semble accompagner la danse des mensonges. Spielberg et Williams, duo inséparable, prouvent une fois de plus que le son peut être aussi trompeur que l’image. Arrête-moi si tu peux devient alors une expérience sensorielle complète, où l’oreille est aussi complice que l’œil.

Enfin, et avant de terminer, il convient également de saluer le casting de Arrête-moi si tu peux. Leonardo DiCaprio, encore jeune mais déjà maître de son art, incarne Frank Abagnale avec une énergie débordante, oscillant entre charme adolescent et désespoir profond. En contrepoint, Tom Hanks apporte une humanité maladroite, une sorte de père de substitution qui poursuit Frank autant pour le sauver que pour l’arrêter. Christopher Walken, Nathalie Baye, Amy Adams et même Jennifer Garner viennent compléter ce tableau avec des performances qui ajoutent de la texture au récit – le tout compose une galerie de personnages qui reflètent chacun une facette de la société américaine des années 60. Absolument remarquable !

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4/5]

Le Blu-ray 4K Ultra HD de Arrête-moi si tu peux, édité par Paramount Pictures, se présente dans un boîtier avec fourreau, qui reprend l’affiche minimaliste du film avec ses silhouettes en mouvement. Le packaging, sobre mais efficace, reflète parfaitement l’esprit du film : une course-poursuite stylisée, presque graphique. L’image, encodée en HDR10 et Dolby Vision, offre une restitution impressionnante des couleurs pastel et des contrastes subtils. Les séquences aériennes, avec leurs uniformes bleus et leurs reflets métalliques, gagnent en profondeur, tandis que les intérieurs feutrés des années 60 révèlent des détails jusque-là invisibles. Le grain argentique est respecté, donnant à l’ensemble une texture cinématographique authentique. Du beau travail ! Côté son, le Blu-ray 4K Ultra HD nous propose tout d’abord une VO en DTS-HD Master Audio 5.1 d’une clarté remarquable. Les dialogues sont nets, la musique jazzy de John Williams se déploie avec une finesse qui enveloppe le spectateur, et les ambiances sonores (aéroports, salles de classe, bureaux du FBI) bénéficient d’une spatialisation convaincante. La VF, simplement mixée en Dolby Digital 5.1, est tout à fait correcte, mais souffre d’un léger manque de dynamisme par rapport à la version originale.

La section suppléments du Blu-ray 4K Ultra HD de Arrête-moi si tu peux est malheureusement vide. Cela dit, le boîtier inclut également le Blu-ray du film, sorti en 2013, qui recyclait les bonus du DVD « Collector » de 2003. Retour rapide sur les suppléments : on aura droit d’abord aux coulisses du film (17 minutes), qui nous permettront de découvrir les choix de Spielberg et l’implication dans le film du véritable Frank Abagnale. On continuera ensuite avec un retour assez complet sur le casting du film (28 minutes), qui détaillera les performances de Leonardo DiCaprio, Tom Hanks, Christopher Walken, Nathalie Baye, Martin Sheen, Amy Adams et Jennifer Garner, avec des interventions du vrai Frank Abagnale qui viennent renforcer l’authenticité du récit. On enchaînera avec un sujet sur la musique du film (5 minutes), qui donne la parole à John Williams, à un sujet sur le véritable Frank Abagnale (15 minutes), qui explore la frontière entre le mythe et la vérité, et sera complété par une featurette consacrée au point de vue du FBI (7 minutes), qui apportera une touche documentaire bienvenue à l’ensemble. Une dernière featurette consacrée au processus créatif (5 minutes) et une galerie de photos compléteront l’ensemble.

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