Critique : Terminator Genisys

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Terminator : Genisys

Etats-Unis, 2015
Titre original : Terminator Genisys
Réalisateur : Alan Taylor
Scénario : Laeta Kalogridis et Patrick Lussier
Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Jason Clarke, Emilia Clarke, Jai Courtney
Distribution : Paramount Pictures France
Durée : 2h06
Genre : Science-fiction
Date de sortie : 1er juillet 2015

Note : 2,5/5

Selon la science nullement exacte et hautement subjective des bandes-annonces, les meilleures d’entre elles donnent souvent de mauvais films et inversement. Et puis, il y a le cas encore plus fâcheux de celles qui révèlent l’essentiel du film qu’elles sont censées promouvoir, non pas grâce à une petite astuce formelle comme dans la bande-annonce en accéléré de Femme fatale de Brian De Palma, mais en exposant platement tous les enjeux et points essentiels de ce qui devrait rester un mystère intriguant jusqu’à l’extinction des lumières dans la salle de cinéma. Terminator : Genisys figure hélas parmi ces films qui ne procurent aucune sensation, ni surprise à quiconque a déjà subi le martèlement publicitaire qui va de pair avec chaque blockbuster estival, voire aux spectateurs qui sont tant soit peu familiers de l’univers créé dans les années 1980 par James Cameron. Le père de la guerre des mondes par espaces-temps interposés a en effet beau louer la facture du film de Alan Taylor, à force d’avoir épuisé tous les cas de figure imaginables, les scénarios de la franchise Terminator tournent dangereusement et surtout ennuyeusement en rond depuis le début du siècle.

Synopsis : En l’an 2029, la Résistance prépare sa dernière grande attaque contre le réseau de machines Skynet. Le commandant John Connor et son bras droit Kyle Reese mènent la charge. Mais ils arrivent trop tard : avant que la centrale de Skynet n’ait pu être rendue inoffensive, un T-800 a été envoyé dans le passé à travers une machine à explorer le temps pour tuer Sarah Connor, la mère de John. Kyle est volontaire pour le suivre en l’année 1984 et contrecarrer sa mission. Une fois arrivé, il doit se rendre compte que la donne a changé et que Sarah, assistée d’un autre T-800 à son service, n’a guère besoin de lui. Avec ses nouveaux alliés, Kyle s’engage alors dans une course contre la montre pour éviter le grand carnage de 1997 et rendre ainsi la guerre du futur caduque.

Papy, vieux et obsolète

Le nom de Arnold Schwarzenegger figure tout en haut de l’affiche de Terminator Genisys, alors que la vedette du cinéma d’action des années ’80 et ’90 y tient un rôle encore moins substantiel que dans les autres films de la série. Mais même revenu d’une carrière politique en demi-teinte, Schwarzenegger demeure une locomotive commerciale dans la tête des producteurs hollywoodiens. Comme le démontre par contre ce cinquième échec commercial d’affilé, les temps ont changé. Au lieu de provoquer des sursauts de nostalgie, l’ancien Mister Universe bientôt septuagénaire fait plus ou moins pitié dans un rôle autrefois taillé sur mesure, qui passe en revue les transformations assez risibles au fil de l’âge du personnage pour aboutir à un vieillard qui s’accroche vaillamment pour ne pas devenir dispensable. Dans le contexte d’un film moins formaté et dépourvu de personnalité que celui-ci, pareille réflexion sur le vieillissement aurait pu déboucher sur une ironie malicieuse ou même sur la sagesse d’un guerrier expérimenté qui n’a plus besoin de faire jouer ses muscles pour impressionner. Faute d’une narration suffisamment maligne pour tenter le second degré, il n’en est rien et le robot si fringant dans les deux premiers films fait tout simplement piètre figure ici.

Aussi palpitant qu’un message de sécurité routière

Les autres participants à l’aventure mercantile ne s’en sortent pas mieux. A commencer par Lee Byung-hun qui aurait mieux fait de poursuivre sa carrière plus que prometteuse en Corée au lieu de jouer les faire-valoir asiatiques rapidement éliminés dans des superproductions américaines sans âme. Car tout ce que cette histoire aurait pu contenir de potentiellement percutant est rapidement sacrifié sur l’autel d’un récit exsangue. Quoi de plus ingénieux et dans l’air du temps en fait que de tendre la glace à notre civilisation, qui est en train de se perdre dans des chimères virtuelles d’un monde connecté en permanence ? Or, toute mise en garde passe sommairement à la trappe, au profit d’un zigzag entre les époques et les répartitions des forces qui fait de plus en plus l’impasse sur les notions élémentaires de logique. Enfin, les effets spéciaux jadis révolutionnaires, notamment dans Terminator 2 Le Jugement dernier de James Cameron, sont tout juste aussi routiniers que la mise en scène, avec un soupçon de désintéressement généralisé dans tout ce cirque redondant qui se transmet aisément au spectateur, blasé par tant de déjà-vus sans verve.

Conclusion

Le concept de l’univers de Terminator ne relève pas tant de l’éternel retour que du maniement fluide du fil temporel de la narration. Dommage alors que cette prémisse aux variations a priori illimitées se soit si vite essoufflée pour ne ressembler plus désormais qu’à une peau de chagrin, une resucée interchangeable avec tous les produits fades que Hollywood nous sert à la chaîne. Dommage surtout que Arnold Schwarzenegger n’ait pas résisté à l’appel de l’argent trop facile, plutôt que de rester à l’écart des derniers balbutiements de ce qui était, il y a fort longtemps, une prestigieuse carte de visite. Parions que la vedette des générations passées ferait tout pour remonter dans le temps comme le T-800 et éviter ainsi à son parcours de comédien une conclusion prématurée si peu exquise !

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