Critique : Annie

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Annie

Etats-Unis, 2014
Titre original : Annie
Réalisateur : Will Gluck
Scénario : Will Gluck et Aline Brosh McKenna, d’après la pièce de Thomas Meehan
Acteurs : Jamie Foxx, Quvenzhané Wallis, Rose Byrne
Distribution : Sony Pictures Releasing
Durée : 1h58
Genre : Comédie musicale
Date de sortie : 25 février 2015

Note : 3/5

Les meilleures comédies musicales sont celles qui débordent de vie et d’énergie, en mesure de nous faire fredonner un peu honteusement devant l’écran et de nous faire ressentir cette existence hautement artificielle comme si elle était réelle. Hélas, à de très rares exceptions près, la grande époque du genre est derrière nous. Il faudra donc se contenter des quelques survivants, aussi perfectibles soient-ils. Ceci dit, nous n’apporterions pas énormément de modifications à cette adaptation filmique de Annie. Elle respire certes la facture synthétique et sirupeuse à chaque sourire désarmant de la héroïne. Mais en même temps, elle fait preuve d’un tel optimisme naïf qu’elle ne tarde pas à devenir pour nous un délicieux plaisir coupable.

Synopsis : Tous les vendredis soirs, la jeune Annie attend devant le restaurant, où ses parents avaient mangé avant de l’abandonner dix ans plus tôt. Elle rêve de les retrouver ainsi, afin d’échapper à son quotidien pénible, qu’elle partage avec quatre autres filles chez la méchante Mlle Hannigan. Un jour, à force de courir partout, Annie a failli être écrasée par un camion. Elle est sauvée in extremis par le richissime entrepreneur Will Stacks, qui brigue le poste de maire de New York. Cet acte héroïque vaut au futur politicien un spectaculaire gain en popularité. Ses conseillers organisent alors un autre rendez-vous avec la fillette. Pas dupe des calculs électoraux de Stacks, Annie accepte d’emménager dans sa suite luxueuse le temps de la campagne, afin de laisser définitivement la misère derrière elle.

Une vie d’esclave couleur rose-bonbon

Soyez avisés qu’il vaudrait mieux abandonner toute exigence réaliste, avant de déguster ce conte de fées amplement sucré. Si la prémisse de la fille seule et pauvre qui rencontre comme par miracle l’homme le plus riche du pays a déjà de quoi nous laisser dubitatifs, leur rapprochement progressif jusqu’au final larmoyant relève d’une innocence au premier degré, qui n’a plus vraiment la cote par les temps cyniques qui courent. Or, la mise en scène de Will Gluck ne cherche nullement à mettre en abîme cette odyssée digne de Cendrillon ou de la transformer en autre chose qu’une histoire d’une bonté aussi simple qu’édifiante. L’écœurement n’est jamais très loin, face à un tel déversement de sentiments positifs. Mais la sincérité enfantine avec laquelle la narration paraît croire en l’ascension sociale du personnage principal finit par dissoudre toute réserve raisonnable qu’on aurait pu cultiver à l’égard d’un film si joliment manipulateur. En gros, toute résistance nous paraît inutile, face à un divertissement d’évasion quasiment parfait, toutes proportions gardées envers les vrais chefs-d’œuvre de la comédie musicale.

Demain est un autre jour

Le style musical du film est en effet plus proche de la gentillesse aseptisée de l’univers de High School Musical que de la verve passionnelle, entre l’euphorie et le mélodrame, de Moulin Rouge ! de Baz Luhrmann. Les nombreux numéros de chant et les rares danses s’inscrivent sans heurts dans une structure dramatique fort conventionnelle. Tout un chacun y a le droit de s’exprimer musicalement à tour de rôle, avant l’inévitable réunion finale dans la joie et la bonne humeur. Le ridicule y guette constamment, mais c’est précisément la démarche d’une gaieté excessive qui rend le film si charmant. Alors que le résultat musical est plus ou moins convaincant, selon les participants, ce sont surtout Jamie Foxx et Quvenzhané Wallis qui tirent leur épingle du jeu. Le premier nous rappelle de bons souvenirs de l’époque de Dreamgirls, toujours sans être complètement à l’aise dans le registre des ballades mélodieuses. Quant à la deuxième, elle semble être née pour interpréter cette gamine effrontée, qui devient le centre de l’attention partout où elle va. Annie, le film et le rôle, ne pourraient pas être plus différents des Bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin, le film qui avait lancé la jeune comédienne il y a deux ans. Et pourtant, Wallis s’acquitte avec une intensité élégante de ces deux premiers personnages importants de sa carrière.

Conclusion

Les films réellement adaptés à toute la famille sont si rares, que nous ne pouvons que souhaiter tout le succès commercial imaginable à cette guimauve enchantée, lors de sa sortie française pendant les vacances d’hiver. A notre avis, il n’y a rien de mieux pour oublier les soucis de la vie courante et pour puiser un peu d’énergie superficielle que des comédies musicales aussi mignonnes et inoffensives que celle-ci !

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