Revu sur Disney+ : Rêve de champion

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© 2002 Deana Newcomb / Walt Disney Pictures Tous droits réservés

Le sport et Disney, c’est toute une histoire. La dizaine de films sportifs bien édifiants comme il faut, actuellement disponibles sur Disney+, sont là pour le prouver. Or, comme pour beaucoup de sujets, le studio n’a pas fait figure de précurseur en termes de promotion d’une activité physique soutenue. Il a davantage tiré profit de l’engouement populaire né dans les années 1970 et ’80, en l’adaptant au catalogue des bons sentiments Disney. Car c’est moins la discipline physique pure et dure qui compte dans ces films, que l’esprit d’équipe et une adhésion sans équivoque à l’idéal volontariste. Puisque la vraie vie écrit les histoires les plus inspirantes, la plupart des scénarios s’en revendiquent directement. Ils s’y emploient seulement, une fois que le filtre idéologique propre aux productions Disney aura gommé tout trait de caractère trop proche de l’imperfection humaine chez leurs personnages héroïques.

Rêve de champion n’est de loin pas le pire exemple en la matière. Sans être un chef-d’œuvre du cinéma hollywoodien des années 2000 sous quelque prétexte que ce soit, le deuxième long-métrage de John Lee Hancock réussit à conter efficacement l’histoire d’un vieux prodige de la scène du baseball professionnel. Son succès commercial n’a certes pas résonné au delà du marché américain, spécificité culturelle de ce sport auquel on ne comprend toujours pas grand-chose oblige. Mais il a su donner un second, voire un troisième souffle à la carrière de sa vedette Dennis Quaid, sans doute un peu trop âgé pour interpréter ce lanceur d’exception sur le retour. C’est autour de lui que le récit s’agence presque exclusivement, faisant alors fi du potentiel social d’une ascension tardive à la gloire, au profit de tous les ingrédients indispensables à un bon mélodrame familial.

© 2002 Deana Newcomb / Walt Disney Pictures Tous droits réservés

Ainsi, l’équipe que le protagoniste Jimmy Morris entraîne avec un dévouement sans faille y fait essentiellement de la figuration. Inutile donc d’attendre quelque approfondissement que ce soit par rapport aux personnages secondaires interprétés par les jeunes Jay Hernandez et Rick Gonzalez. Ce qui ne les a pas empêchés de diversifier leurs activités sportives devant la caméra, juste avant dans le domaine viril du football américain pour le premier dans Crazy / beautiful de John Stockwell et trois ans plus tard sur un terrain de basket pour le deuxième dans Coach Carter de Thomas Carter. Parmi les autres seconds rôles plutôt solides, il convient de citer Rachel Griffiths en mère au foyer qui reste sagement au Texas s’occuper des enfants pendant que son mari poursuit contre toute raison son rêve de jeunesse, ainsi que Brian Cox en père militaire envers lequel le personnage principal garde une longue ardoise de reproches subjectives.

Cependant, l’attraction principale ici demeure Dennis Quaid. Il sait s’approprier son rôle, grâce à un mélange saisissant entre la mélancolie de celui qui n’a jamais su réaliser ses ambitions personnelles et l’euphorie incrédule de l’heureux gagnant d’une deuxième chance. A partir de ce personnage extrêmement conventionnel, admettons-le, l’acteur fait preuve d’une retenue et même d’une sobriété touchantes, comme on ne s’attendait pas à en trouver dans un film Disney lambda. Son personnage se conforme en toute modestie à la musique de Carter Burwell, pour une fois pas sublimement sombre. Comme elle, il est porté par une joie circonspecte, savourant chaque instant ou chaque note, parce qu’il sait pertinemment la nature fragile du fil ténu, entre le sentiment et le commerce, sur lequel il évolue souverainement.

© 2002 Deana Newcomb / Walt Disney Pictures Tous droits réservés

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