Critique : Pride

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Grande-Bretagne : 2014
Titre original : Pride
Réalisateur : Matthew Warchus
Scénario : Stephen Beresford
Acteurs :  Bill Nighy, Andrew Scott, Dominic West, Imelda Staunton, Ben Schnetzer
Distribution : Pathé Distribution
Durée : 1 h 57
Genre : Comédie
Date de sortie : 17 septembre 2014

Globale : [rating:4.5][five-star-rating]

 Metteur en scène anglais, Matthew Warchus est beaucoup plus connu pour son travail au théâtre et à l’opéra que dans le monde du cinéma. De fait, à 48 ans, Pride n’est que son 2ème film, 15 ans après Simpatico, un film au casting impressionnant : Nick Nolte, Jeff Bridges et Sharon Stone ! Pour le public français, le casting de Pride apparaitra beaucoup moins prestigieux. A tort, car Bill Nighy, Andrew Scott, Dominic West, Ben Schnetzer, Imelda Staunton, etc. jouissent d’une grande réputation de l’autre côté de la Manche. Quant au film lui-même, film de clôture de la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2014, il vient s’ajouter à la longue liste des bijoux du cinéma anglais qui allient avec bonheur le social et la comédie.

Synopsis :  Eté 1984 – Alors que Margaret Thatcher est au pouvoir, le Syndicat National des Mineurs vote la grève. Lors de la Gay Pride à Londres, un groupe d’activistes gay et lesbien décide de récolter de l’argent pour venir en aide aux familles des mineurs en grève. Mais l’Union Nationale des Mineurs semble embarrassée de recevoir leur aide. Le groupe d’activistes ne se décourage pas. Après avoir repéré un village minier au fin fond du pays de Galles, ils embarquent à bord d’un minibus pour aller remettre l’argent aux ouvriers en mains propres. Ainsi débute l’histoire extraordinaire de deux communautés que tout oppose qui s’unissent pour défendre la même cause.

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Un contexte social 

1984 : Margaret Thatcher, la « dame de fer », gouverne le Royaume-Uni depuis 5 ans avec le doigté et la souplesse qui la caractérisait. Dans son collimateur, figurent en bonne place les syndicats, ces empêcheurs de libéraliser en rond ! En mars 1984, une occasion en or se présente : une grève des mineurs qui veulent s’opposer à la fermeture d’une vingtaine de puits dans le pays, une grève lancée par le NUM, le syndicat national des mineurs. L’objectif de Thatcher : ne rien céder afin d’affaiblir le syndicat. En juin de la même année, se déroule la Gay Pride londonienne. Le film commence par s’intéresser à Joe, un jeune homme de 20 ans qui hésite à participer à la marche. Ce sera le personnage fictif le plus important du film. En effet, même si le film est basé sur un scénario solide écrit par l’acteur et scénariste Stephen Beresford, il raconte une histoire qui s’est réellement déroulée et la plupart des personnages ont réellement existé.

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Une histoire vraie

Dans les années 80, le Royaume-Uni était un pays dans lequel il n’était pas facile d’être homosexuel et de s’affirmer en tant que tel. Déjà pas facile à Londres, encore moins dans la région des mines de charbon du Pays de Galles, parmi les gueules noires et certaines bigotes. Il y a toutefois des moments où des rapprochements peuvent s’opérer entre des mouvements que presque tout semble opposer. Il suffit d’un point commun et de quelques personnalités ayant suffisamment de charisme pour entraîner les autres. C’est ce que nous montre Pride avec beaucoup de bonheur. Le point commun entre les mineurs grévistes et les gays, c’est d’être opposés à la politique menée par Thatcher, ultra-libérale en ce qui concerne l’économie et le social, tout sauf libérale sur le plan des mœurs. Quant aux personnalités charismatiques, le film nous fait connaître Mark Ashton, un jeune homosexuel, par ailleurs militant à la gauche de l’échiquier politique et qui décédera du sida 3 années plus tard, Mike Jackson, Jonathan Blake, tous trois à l’origine du mouvement LGSM (Lesbians and Gays Support the Miners) mouvement qui va activement travailler à récolter des fonds destinés à aider la lutte des mineurs puis venir les côtoyer à Banwen, un village de la vallée de Dulais. Côté mineurs, où ce mouvement de soutien est pris au début avec des pincettes, on rencontre Hefina et Cliff, les premiers à se rendre compte de l’impact très positif qu’il peut avoir sur leur propre mouvement. Il y a aussi Dai Donovan et Sîan James, une jeune femme de 25 ans, sans aucune éducation, une jeune mère de famille que la lutte qu’elle va mener va conduire à poursuivre des études et à s’intéresser à la politique, au point de devenir députée travailliste en 2005. Au final, les liens entre les mineurs et les gays et lesbiennes deviendront tels que le syndicat des mineurs usera de son influence au sein du Parti Travailliste pour faire avancer les droits des homosexuels.

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Une comédie enlevée

Souvent à tort, nos amis britanniques souffrent d’une mauvaise réputation en matière de cuisine, en particulier dans notre pays. Par contre, lorsqu’il s’agit de faire mijoter dans un même film vision sociale et comédie, on sait depuis longtemps que les « cuisiniers » britanniques sont parmi les meilleurs, voire même les meilleurs tout court ! En face de Pride, on rit, on est ému, on trépigne face aux blocages de celles et ceux qui, parmi les habitants de Banwen, n’arrivent pas accepter l’aide du mouvement LGSM et font tout pour mettre des bâtons dans les roues. Aucun temps mort dans ce film qui dure près de 2 heures et des comédiens qui habitent leurs rôles avec beaucoup de talent.

Résumé

Si vous avez aimé Les Virtuoses, Full Monty, Billy Elliot, We Want Sex Equality, il y a toutes les chances pour que la vision de Pride soit pour vous un régal. Certes, la mise en scène n’a rien d’exceptionnelle, mais l’enthousiasme des protagonistes emporte tout et rend a priori presque ridicule toute critique négative. De plus, dans le contexte actuel de méfiance par rapport à la politique, ce film a le mérite de montrer ce qu’elle peut apporter lorsqu’elle est prise en compte à la base.

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