Critique : Papa ou maman

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Papa ou maman

France, 2014
Titre original : –
Réalisateur : Martin Bourboulon
Scénario : Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière
Acteurs : Marina Foïs, Laurent Lafitte
Distribution : Pathé Distribution
Durée : 1h24
Genre : Comédie familiale
Date de sortie : 4 février 2015

Note : 1,5/5

Notre patience à l’égard du cinéma français populaire est mise à rude épreuve avec cette « comédie », qui aurait pu être drôlement méchante, mais qui n’est en fin de compte qu’un ignoble amas de bêtise nihiliste. La prémisse des parents qui souhaitent profiter du divorce pour se débarrasser de leur progéniture était déjà suffisamment suspecte pour nous mettre en garde. Ce que Papa ou maman en a fait dépasse cependant nos pires craintes, par le biais d’une histoire tellement cynique et bancale que l’on devrait retirer illico presto la garde des enfants aux malheureux scénaristes, producteurs et réalisateur qui ont commis cette purge, assorti d’une interdiction à vie de faire du cinéma ! Bien entendu, nous sommes conscients que pareil souhait n’a rien d’éthique, mais vu le niveau extrêmement bas auquel évolue ce film, ne pas devoir en subir d’autres comme lui serait sans aucun doute un cadeau fait à l’humanité toute entière.

Synopsis : En couple depuis quinze ans, Vincent et Florence se sont rendus compte lors de leurs premières vacances en tête-à-tête depuis longtemps qu’il valait mieux qu’ils se séparent. Alors que le jour de la signature devant la juge approche, ils n’ont pas encore trouvé le courage d’annoncer la nouvelle à leurs trois enfants Mathias, Emma et Julien. Initialement d’accord sur la garde alternée, les futurs divorcés se ravisent lorsque des projets professionnels prometteurs se profilent. En effet, Vincent s’est engagé pour partir pendant cinq mois avec Médecins sans frontières en Haïti et Florence vient de se voir offrir un poste de responsabilité sur un chantier de parc éolien au Danemark. Dès lors, le père et la mère feront tout, mais vraiment tout, pour se défaire de leurs responsabilités parentales.

Marre d’être parent !

Nous ne concevons qu’une seule condition à laquelle cette histoire sinistre aurait éventuellement pu fonctionner : si les enfants étaient si ingrats et vicieux que le fait de s’en débarrasser aurait constitué pour leurs parents un acte de libération inespéré. Or, ce ne sont point les parents les victimes dans cette farce accablante, mais les gamins. Ceux-ci sont en proie aux fluctuations hormonales de la puberté, soit, mais ils ne s’avèrent néanmoins pas aussi vilains que la première ronde du réveil matinal aurait pu le laisser supposer. Non, le drame, voire la tragédie aucunement comique de cette intrigue atrocement tirée par les cheveux résulte de la décision extrêmement égoïste des parents de poursuivre leurs carrières professionnelles respectives, au détriment de leur engagement d’emblée peu crédible de fonder une famille et de la faire perdurer dans le temps. Le très étrange rapport amour-haine que Vincent et Florence se vouent depuis leurs années de fac – illustrées dans la première séquence du film – figure ainsi parmi les aspects les plus incongrus d’une intrigue, qui a une fâcheuse tendance à accumuler ces derniers.

Marre de regarder ce film !

Hélas, pas assez du point de départ douteux de ce navet, celui-ci ne rate pas une occasion pour tourner maladroitement en dérision des sujets qui ne devraient pas prêter à la rigolade. Longtemps avant le sommet écœurant de la maltraitance aggravée, le scénario d’une lourdeur insupportable signé Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière – infiniment plus inspirés il y a trois ans pour Le Prénom – a déjà fait l’impasse sur le bon goût, ou plutôt sur le goût tout court, pour opter sans exception pour les choix narratifs les plus navrants. Que les choses soient claires, ce n’est pas du tout sa volonté très molle d’atteindre un esprit irrévérencieux que nous reprochons au film, mais son incapacité flagrante d’interroger le modèle familial autrement que par des enfantillages vulgaires. Inutile de chercher le moindre signe de finesse ou d’ironie savoureuse dans un récit, qui trouve la blague rance des vieux qui pètent si irrésistible qu’il ne peut pas s’empêcher de la répéter. Le ton de la mise en scène de Martin Bourboulon est à l’image de cet état d’esprit haineux, puisqu’il participe dans un élan quasiment autodestructeur à accentuer la laideur morale et visuelle de son premier film.

Conclusion

Alors que les comédies romantiques nous insupportent généralement, celles qui cherchent à trouver une source d’humour malsain dans l’extrémité opposée du spectre amoureux ont même tendance à nous faire douter de notre passion pour le cinéma ! Ce désastre filmique ne fait point exception à la règle, grâce à son degré inouï de crétinisme et de méchanceté gratuite. Dommage que quelques comédiens de qualité se soient égarés dans cette affaire affligeante, qui ne fait honneur ni à eux, ni aux nombreux spectateurs français qui ont déjà plébiscité ce film d’horreur involontaire sur tous les mauvais côtés de la vie en famille.

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