On craque pour Crack : interview de Peter King pour son film Crack 2/2

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Festival européen du film court de Brest 2015 BANDEAU

Deuxième et dernière partie de l’entretien avec le réalisateur Peter King à l’occasion de la présentation de son film Crack au Festival Européen du Film Court de Brest qui a eu lieu du 10 au 15 novembre 2015.

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Critique-Film : Revenons à la forme de votre court-métrage. Il est tourné à la manière d’un documentaire. Mais ça n’en ai pas un.

Oui, mon court-métrage est rattaché au mockumentaire (genre de film qui présente des événements fictifs sous la forme d’un documentaire pour réaliser un effet parodique, ndlr). Je pense à la série britannique The Office ou bien le film This is Spinal Tap avec Christopher Guest. Je les adore, ils sont hilarants. Le mockumentaire offre l’opportunité d’un certain réalisme qui fonctionne avec le sujet de mon court-métrage et ajoute aussi à l’absurdité de la situation. Si j’avais utilisé le style traditionnel de la fiction, de la comédie, ça n’aurait pas aussi bien fonctionné. Tout aurait été bien trop mis en scène, alors qu’ici les choses arrivent naturellement. Ce genre laisse aux acteurs une grande part d’improvisation et apporte plus de spontanée aux mouvements de la caméra. Il y a autre chose que le mockumentaire apporte au film. Deux choses que vous n’obtiendrez jamais par la voie traditionnelle. Déjà, le regard caméra. Il permet de faire comprendre que nous sommes face à une farce. Ce film est une grosse farce. Et vous pouvez rendre les choses bien plus drôles par ce biais là. En tant que spectateur, c’est une sensation assez étrange que de se retrouver devant des acteurs qui regardent la caméra. Ensuite, il y a les faux entretiens entre les comédiens et vous, spectateurs. Ils participent à ce sentiment de proximité. Dans le film, tout paraît très sérieux mais en fait, ça ne l’ai pas du tout, et ce sont les codes du mockumentaire qui rendent compte de la plaisanterie.

Critique-Film : Allez-vous poursuivre dans cette voie pour vos prochains films ?

Je pense, oui. En tout cas pour mon prochain film, qui sera, je l’espère, la dernière étape avant mon premier long métrage. Ce que j’essaie surtout de garder, c’est le style visuel du mockumentaire, sans pour autant utiliser l’ensemble des caractéristiques propres au genre : plus de faux entretiens ni de regards tournés vers la caméra. Par contre, j’aimerais garder le travail de caméra portée, garder les longs textes.

Critique-Film : Votre court-métrage est-il présenté dans d’autres festivals ?

Nous verrons ce qu’il adviendra pour les festivals en France, pour le moment, rien sur l’agenda… Mais le film est présent dans d’autres festivals en Europe. Ce week-end, nous sommes à Cork pour le Cork Film Festival, puis nous serons à Leeds pour le LIFF…

Critique-Film : Votre film est d’ailleurs nominé pour les BIFA (British Independent Film Awards)…

Oui, en effet, nous avons été nominés pour les BIFA . La cérémonie de remise des prix aura lieu le 6 décembre prochain. Il y a cinq courts-métrages en compétition. C’est formidable, étant donné que tous les films britanniques réalisés l’an passé étaient éligibles. C’est donc le meilleur du film court qui est présenté et nous y figurons. C’est très excitant.

Critique-Film : Quels sont vos prochains projets de fiction ?

Je ne vais pas rentrer dans les détails, peut-être que je vous le dirai en privé (rires)… Nous en sommes vraiment au commencement. J’ai développé pas mal d’idées l’an passé mais celles qui me sont venues étaient trop sérieuses. Je me suis rendu compte en réalisant Crack que j’avais beaucoup aimé travailler la comédie. Le processus de fabrication d’une comédie est vraiment appréciable, ce que je veux dire c’est que tout est très euphorisant, de bout en bout. Tout le monde se marre du début à la fin. Vous savez, vous partez au travail et vous vous dites «oh c’est parti pour être une journée fantastique». C’est très difficile d’être derrière une caméra et de ne pas exploser de rire quand les comédiens font des choses drôles. À la fin de la journée, les acteurs viennent vous voir et vous disent qu’ils auraient aimé travailler plus longtemps avec vous. Mes autres expériences de films étaient si différentes. Parce que je réalisais des films sombres. Tout était plus sérieux, les acteurs, l’équipe technique… Il le fallait pour rentrer dans la noirceur des films… Je peux maintenant voir la différence et me rendre compte combien l’ambiance du plateau de tournage est différente lorsque tu réalises une comédie. Tout le monde passe du bon temps, et s’attend à la prochaine connerie… Au niveau des spectateurs aussi, c’est différent. Ici à Brest, le public a été très réceptif. J’aborde un sujet très anglais, et tu ne peux pas toujours tout traduire dans une langue étrangère. Et apparemment, si un film comique est bon, le spectateur n’a pas besoin de comprendre toutes les blagues pour rire. En tant que réalisateur, ça t’apporte beaucoup de plaisir d’entendre 500 spectateurs se marrer à la projection. Quand tu réalises un film sérieux, la salle est silencieuse, tu ne peux pas dire si les spectateurs ont apprécié ou pas. Certains auront aimé, d’autres pas. Au moins, dans une comédie, s’ils ont rigolé, tu sais que tu as réussi ton travail. C’est une gratification immédiate.

Entretien avec Peter King partie 1/2

Festival européen du film court de Brest 2015 : bilan et palmarès

Propos recueillis par Justine Monchecourt pour Critique-Film.fr à l’occasion de la trentième édition du Festival européen du film court de Brest qui a eu lieu du 10 au 15 novembre 2015.

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