Micro-critiques: La Couleur de la victoire, Comme des bêtes…

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Bref tour d’horizon de quelques sorties de la semaine du 27 juillet 2016 que nous n’avons pas traitées (pour le moment) à commencer par la bonne surprise de la semaine, La Couleur de la victoire (3,5/5) de Stephen Hopkins. Ce qui n’aurait pu être qu’un biopic de plus, celui du super champion exemplaire Jesse Owens, quadruple médaillé d’or aux JO de Berlin en 1936, devient un témoignage réfléchi sur l’époque. Autant via la trajectoire personnelle de cet homme qui rêvait simplement de réussir sa carrière sportive qu’en s’attachant à dépeindre l’opposition de membres du comité olympique américain sur le choix ou non de boycotter les Jeux d’un gouvernement à l’idéologie répréhensible pour certains, moins pour d’autres. En prime, un parallèle audacieux entre les préjugés contre la communauté noire en Amérique et les persécutions contre les juifs en Allemagne avec cette idée que le rejet de l’autre pour ses origines, sa race ou sa religion, est universel. Parmi les personnalités historiques présentes à l’écran, Leni Riefenstahl (Carice van Houten) et le champion allemand Carl Long (David Kross) dont les importances respectives sont saisies avec complexité. La première, en tournant Le Triomphe de la volonté, n’avait rien caché du triomphe de l’athlète américain dans un film supposé glorifier l’idéologie nazie (ce qu’il faisait tout de même largement, ne minimisons pas cet aspect là). Le deuxième, en faisant preuve de compassion envers son rival dont il est devenu l’ami, ce qui lui a coûté cher, comme le rappelle un carton final. Mise en scène classique mais agréablement sobre, loin des faux tours de force des biopics en général.

Comme des bêtes (2/5) est l’énième film d’animation US grand public inutile de ces derniers mois, produit par Illumination à qui l’on doit Moi, moche et méchant et Les Minions, présents dans un court-métrage en guise de prologue (pour les chanceux – c’est plutôt drôle de les voir tondre une pelouse) mais aussi dans le courant du film de façon indirecte. Contrairement aux promesses du titre original (secret life of pets ou la vie secrète des animaux domestiques), les scénaristes oublient bien vite ce sujet aux vastes possibilités pour une copie sans vergogne de «Toy Story» avec une rivalité qui rappelle celle de Woody et Buzz l’éclair et un road-movie pour rentrer à la maison trop familier. Divertissant pour ceux qui n’ont pas vu cet illustre prédécesseur, ce qui ne doit pas faire grand monde.

comme des betes

Le cinéma d’animation d’auteur issu d’Amérique Latine va-t-il plus nous séduire ? Hélas, gère plus. Porté par une ambition plus noble, 2096, une histoire d’amour et de furie (2,5/5) du brésilien Luiz Bolognesi, Grand Prix du Festival d’Annecy (en 2014 déjà). Dans ce récit initiatique et historique sur les massacres des populations indigènes au Brésil, le réalisateur démystifie avec virulence les mythes fondateurs de son pays tel qu’il existe aujourd’hui à travers les six cents années de vie d’un homme qui ne vit que pour le sourire de sa promise Janaina, se métamorphosant en oiseau entre deux massacres avant chacune de leurs retrouvailles. Une version courte et linéaire de Cloud Atlas avec un message que l’on pourrait trouver convenu voire naïf même s’il a le mérite de rappeler que les colonisateurs ont leurs statues exposées en plein air alors que les héros de la révolution n’ont droit qu’à des notes en bas de page dans les manuels d’histoire, ce qui n’est pas vrai qu’au Brésil.

Rio2096

Après un premier volet qui fut un succès surprise en 2013, Insaisissables 2 (2,5/5) réunit la quasi totalité de la distribution d’origine, à l’exception de Mélanie Laurent qui avait mieux à faire (la fiction intense Respire et le documentaire écolo à succès Demain) et Isla Fisher, enceinte. S’il risque d’être moins populaire que le film de Louis Leterrier, cette suite signée Jon Chu (GI Joe) a le mérite, comme Kick-Ass 2 avec son prédécesseur, de remettre les pendules à l’heure et de souligner que ces héros soi-disant sympathiques ont tout de même de drôles de comportements qui méritent d’être remis en cause. Ainsi, le personnage de Morgan Freeman n’est pas le réel méchant du premier, c’était plutôt celui de Mark Ruffalo qui a passé trente années suivantes à ruminer une vengeance qui l’a poussée à rejoindre le FBI pour envoyer en prison quelqu’un qui n’a fait que dénoncer les pratiques d’un faux magicien. C’était quand même du grand n’importe quoi. Le scénario (trop long, trop explicatif) du 2 a le mérite de corriger les failles « morales » du premier volet. Sinon, les tours de magie ici sont médiocres et laids (oh le vilain effet digital dans la salle des coffres), mais au fond ils l’étaient déjà dans le premier malgré son succès et les comédiens en font des tonnes, mentions spéciales (on ne peut pas tous les citer) à Woody Harrelson dans un double rôle et Lizzy Caplan très agaçante. Quant à Dave Franco, il reste un mystère de vide intersidéral côté charisme, à des millions d’années-lumière de son frère James.

insaisissables 2

Achevons ce petit tour de la semaine aux arrières-goûts de fonds de tiroir avec le film catastrophe norvégien The Wave (1,5/5) qui aurait pu se contenter de faire la joie des spectateurs de SyFy, comme toutes ces productions américaines aux personnages interchangeables, séparés, avec enfants, menacés par des trouillards sur fond d’effets spéciaux moches. Même pas fun…

the wave

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