Lulu femme nue

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France : 2013
Titre original : Lulu femme nue
Réalisateur : Sólveig Anspach
Scénario : Jean-Luc Gaget, Sólveig Anspach
Acteurs : Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac, Marie Payen
Distribution : Le Pacte
Durée : 1 h 27
Genre : Comédie, drame
Date de sortie : 22 janvier 2014

Globale : [rating:2.5][five-star-rating]

Père américain, mère islandaise, naissance en Islande, études cinématographiques à la FEMIS, en France, nationalité française, Sólveig Anspach peut se targuer d’être un modèle de multiculturalisme. Pour ce qui est de ses réalisations, on remarque son éclectisme qui lui permet de pratiquer la fiction aussi bien que les documentaires, de situer ses films en Islande comme en France, de réaliser pour la télévision comme pour le cinéma. Sorti en 1999, son premier long métrage, Haut Les Coeurs !, avait permis à Karin Viard de glaner, l’année suivante, le César de la meilleure actrice.

Synopsis : À la suite d’un entretien d’embauche qui se passe mal, Lulu décide de ne pas rentrer chez elle et part en laissant son mari et ses trois enfants. Elle n’a rien prémédité, ça se passe très simplement. Elle s’octroie quelques jours de liberté, seule, sur la côte, sans autre projet que d’en profiter pleinement et sans culpabilité. En chemin, elle va croiser des gens qui sont, eux aussi, au bord du monde : un drôle d’oiseau couvé par ses frères, une vieille qui s’ennuie à mourir et une employée harcelée par sa patronne… Trois rencontres décisives qui vont aider Lulu à retrouver une ancienne connaissance qu’elle a perdu de vue : elle-même.

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Un changement de vie

Dans la petite ville de l’ouest de la France dans laquelle elle habite, la vie que mène Lucie n’est pas des plus joyeuses. Lucie, mais tout le monde l’appelle Lulu, mariée, 3 enfants, le temps a filé et elle est arrivée dans la quarantaine sans qu’elle ait pu avoir ne serait-ce qu’un embryon de vie pour elle. Son garagiste de mari n’est pas des plus chaleureux avec elle et il ne fait rien pour la mettre en confiance. Ses 3 enfants étant suffisamment grands, c’est vraiment en prenant sur elle qu’elle se lance malgré tout dans la recherche d’un emploi, n’importe quel emploi, un job quelconque qui lui permette d’acquérir, enfin, un début de liberté. Un entretien d’embauche l’amène à une cinquantaine de kilomètres de chez elle, dans une petite ville au bord de la mer. « Je suis prête à donner beaucoup à l’entreprise », lance-t-elle à celui qui la reçoit. Pas suffisant : quarante ans, mal habillée, pas très à l’aise, difficile de s’imposer auprès de cet homme. Cet échec, la façon dont son mari lui répond lorsqu’elle lui téléphone, Lulu perd tous ses moyens et rate le dernier train du retour. Qu’importe, après tout, une nuit passée à l’hôtel, sans les siens, ce n’est pas si grave. Toutefois, Lulu va prendre goût à cette situation d’autant plus qu’elle va faire des rencontres avec des personnages attachants : Charles, un repris de justice tendre, généreux et bourru, entouré de 2 frères du genre pieds nickelés, Marthe, une femme âgée mais pleine d’énergie et Virginie, une serveuse de bar cafardeuse.

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Un bon scénario, mais …

C’est Caroline Roussel, la productrice du film, qui a mis Sólveig Anspach en contact avec « Lulu femme nue », la bande dessinée en deux tomes d’Etienne Davodeau. Tout en étant très différente de Lulu, la réalisatrice a été touchée par cette histoire d’une femme qui s’est perdue en chemin et qui, par un mélange de hasard et de volonté, va réussir à refaire connaissance avec elle-même.Etienne Davodeau ayant accepté d’emblée de laisser une très grande liberté en matière d’adaptation de son travail, Sólveig Anspach etJean-Luc Gagetson co-scénariste, ont pu effectuer sans souci le travail de reconstruction qui s’impose lorsqu’on adapte une BD au cinéma. Le changement le plus important réside dans le fait d’installer quasiment en permanence Lulu au cœur de l’histoire alors que, dans la BD, on suit le plus souvent ses tribulations au travers de diverses voix off. En terme de scénario, le résultat final est de grande qualité, avec un mélange très fin d’humour, de tendresse et d’émotion qui donne un portrait très attachant d’une femme dont les rencontres vont changer la vie en lui permettant de s’affirmer, de passer de l’ombre à la lumière, de quitter une enveloppe très terne pour une nouvelle peau beaucoup plus ferme. Malheureusement, il faut reconnaître que ce film met un certain temps à décoller. La responsabilité est sans doute partagée entre Solveig Anspach et sa monteuse Anne Riegel, déjà présente sur Back Soon et Queen of Montreuil, les 2 films précédents de Solveig. En effet, le côté souvent mollasson du montage représente presque toujours la faiblesse principale des films de la réalisatrice. C’est ici particulièrement vrai dans la première moitié du film au cours de laquelle l’ennui arrive à gagner le spectateur. Heureusement, cette sensation d’ennui disparaît dans la deuxième moitié du film qui s’avère beaucoup plus tonique, grâce, surtout, à la prestation pleine d’énergie de Claude Gensac. Concernant l’interprétation, Karin Viard est pratiquement de tous les plans : elle aussi est beaucoup plus convaincante dans la deuxième moitié, où elle interprète un personnage qui, enfin, s’est affirmé, que dans la première, où elle doit jouer ce qu’elle n’est pas dans la vie, un personnage fragile, timide et transparent. A ses côtés, on retrouve donc Claude Gensac dans le rôle de Marthe, un Bouli Lanners très attachant dans celui de Charles, Pascal Demolon et Philippe Rebbot jouant ses frères de façon un peu forcée, Nina Meurisse qui, malgré ses 24 ans à l’époque du tournage, arrive à êtretrès crédible dans le rôle de Morgane, la fille de Lulu, une adolescente de 17 ans, Corinne Masiero égale à elle-même, Solène Rigot dans le rôle de Virginie et une excellente Marie Payen, dans le rôle de Cécile, la sœur de Lulu.

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Anecdotes

Le choix de Karin Viard pour interpréter Lulu n’a rien d’étonnant : depuis Haut les CoeursSolveig Anspach souhaitait tourner à nouveau avec la comédienne mais elle attendait le sujet fort qui lui permette de mettre en valeur ses qualités. De ce point de vue, Lulu femme nue n’était peut-être pas le meilleur choix, le jeu de Karin Viard dans la première moitié du film n’étant pas totalement convaincant. Par contre, c’est avec plaisir qu’on assiste à la remarquable prestation de Marie Payen, une comédienne que le cinéma français n’utilise pas suffisamment. Cerise sur le gâteau, ce choix fait que, pour une fois, on a dans un film deux sœurs qui se ressemblent physiquement de façon frappante. Quant à Claude Gensac, elle est la très bonne surprise du film, tout à la fois drôle, sensible et pleine de vie. C’est avec un grand sourire qu’on apprend que, question de génération, sa cohabitation avec d’autres comédiens a parfois été délicate au moment du tournage. C’est ainsi que Claude Gensac, habituée à un cinéma de dialogues respectés à la lettre par les acteurs, ne savait pas quand lancer sa réplique face à une spécialiste de l’improvisation comme Corinne Masiero. A vous de visualiser la scène !

Résumé

Ces derniers temps, on a pu se plaindre de films dans lesquels l’absence d’un scénario solide ruinait le film d’entrée de jeu. Ce n’est pas le cas de Lulu femme nue, dont le scénario est le point fort, avec le jeux de la plupart des comédiens. Par contre, ce film, qui aurait pu être une belle réussite, est handicapé par une première partie trop molle dans laquelle la pétulante Karin Viard n’arrive pas vraiment à être crédible en femme timide et réservée.

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