Critique : L’Homme fidèle

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L’Homme fidèle

France, 2018

Titre original : –

Réalisateur : Louis Garrel

Scénario : Jean-Claude Carrière, Louis Garrel & Florence Seyvos

Acteurs : Laetitia Casta, Lily-Rose Depp, Joseph Engel, Louis Garrel

Distribution : Ad Vitam Distribution

Durée : 1h15

Genre : Drame romantique

Date de sortie : 26 décembre 2018

3/5

La réalisation n’est visiblement pas la priorité professionnelle de Louis Garrel, puisqu’il a joué dans neuf films depuis la sortie de son premier long-métrage Les Deux amis en septembre 2015. Il suit donc davantage le parcours de son grand-père Maurice que celui de son père Philippe. Néanmoins, son deuxième film L’Homme fidèle explore suffisamment de pistes cinématographiques pour presque nous faire regretter que Garrel ne passe pas plus souvent derrière la caméra ! La référence à la Nouvelle Vague est certes prononcée dans cet imbroglio sentimental partant d’un personnage masculin tiraillé malgré lui entre deux femmes. Mais au lieu d’en faire un manifeste féministe ou bien un exercice de style puéril, la narration l’agence tel une réflexion enjouée autour du thème si épineux de la maturité. Louis Garrel, acteur, l’éternel jeune premier du cinéma art & essai français, s’y pose au moins autant la question du sens de l’amour au sein du couple que celle, plus subtile et en filigrane, de son propre rapport à l’âge et donc au vieillissement, alors que la quarantaine approche tout doucement. Que les choses soient claires, il ne s’agit guère d’un film prématurément crépusculaire, mais au contraire d’une œuvre particulièrement lucide quant à la fragilité de la vie, du temps et avant tout de l’amour.

© Shanna Besson Why Not Productions Tous droits réservés

Synopsis : Des années après leur rupture soudaine, le journaliste Abel retrouve son ancienne copine Marianne à l’enterrement de son mari Paul. Il voudrait bien renouer le contact avec celle, qui lui avait jadis annoncé qu’elle attendait un enfant de son futur mari avec lequel elle allait se marier quelques jours plus tard. Également présente à la cérémonie funéraire est Eve, la petite sœur de Paul, qui est depuis toujours secrètement amoureuse de Abel. Alors que ce dernier se met à fréquenter de nouveau Marianne, au grand dam de son fils Joseph, Eve finit par déclarer ouvertement ses ambitions amoureuses à sa belle-sœur.

© Shanna Besson Why Not Productions Tous droits réservés

L’amour par commodité

Pour un film d’une durée aussi courte, L’Homme fidèle touche à un nombre conséquent de sujets globalement pertinents. Il n’y procède pas tellement avec une détermination absolue, mais plutôt au gré des revirements du scénario, à la plume aussi précise qu’enjouée. D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement, quand on sait que le légendaire Jean-Claude Carrière a participé à son écriture ? La volonté des personnages n’est ainsi nullement le fil rouge de l’intrigue, puisque celle-ci s’agence le plus souvent autour de leur capacité d’adaptation à des acrobaties morales contées sans emphase. Ils subissent, chacun à sa façon, des déceptions sentimentales qui découlent justement de l’assouvissement des désirs les plus intimes. Or, l’enchaînement des défaites privilégie ici avant tout la notion de sursis, comme si la patience au fil du temps était le garant infaillible d’une victoire finale. Abel attend stoïquement son tour jusqu’à ce que Marianne soit à nouveau disponible, les années depuis leur séparation n’ayant apparemment pas servi à grand-chose en termes de progrès personnel. Et Eve ne met à profit l’intervalle entre le prologue et l’intrigue à proprement parler que pour grandir, c’est-à-dire pour acquérir une maturité sexuelle trompeuse, puisqu’elle relève principalement du fantasme, assez vite démystifié au contact d’une réalité plus contraignante.

© Shanna Besson Why Not Productions Tous droits réservés

Pile ou face

Est-ce pour autant que l’on pourrait considérer L’Homme fidèle comme un film iconoclaste, en campagne contre toutes sortes de mythes de l’amour et du sexe, depuis trop longtemps colportés par le cinéma ? Pour cela, le ton du récit est beaucoup trop nonchalant, sans attache particulière, si ce n’est l’incapacité de choisir entre deux options imparfaites depuis le point de vue d’un protagoniste au tempérament mou. En effet, Louis Garrel ne s’est point donné le beau rôle dans ce triangle amoureux à enjeux variables. Pas très loin d’être le jouet inoffensif et maladroit de deux femmes sensiblement plus déterminées que lui, Abel est toutefois un personnage attachant, grâce à la gaucherie assumée avec laquelle Garrel conçoit la plupart de ses rôles, mais également par une sensibilité qui se manifeste par l’intermédiaire de la vivacité des yeux du comédien. Le regard, tour à tour franc ou fourbe, perplexe ou enthousiaste, retient une importance primordiale en tant que moyen d’expression dans un récit, qui sait de même faire bon usage du dispositif de la voix off, reparti à parts égales entre les trois personnages principaux. Ainsi, les grands yeux ronds de Lily-Rose Depp traduisent autant le basculement chez Eve de la naïveté de l’enfance vers la perte des illusions à l’eau de rose que ceux de Laetitia Casta, livides, sont le témoin révélateur de ses stratagèmes machiavéliques. Enfin, l’innocence à l’état pur ne se situe surtout pas du côté de Joseph, un enfant diabolique comme on a l’habitude d’en voir dans l’univers cynique de Michael Haneke.

© Shanna Besson Why Not Productions Tous droits réservés

Conclusion

Petit à petit, Louis Garrel fait son nid de cinéaste, de plus en plus affranchi de la réputation et de l’influence de son père. L’Homme fidèle est certainement un pas dans la bonne direction pour s’affirmer dans le paysage du cinéma français, aucunement en manque de jeunes talents balbutiants. Concise et en même temps ouverte d’esprit dans son approche de l’amour, cette histoire marquée par un drôle de mélange entre la jalousie et la générosité intéressée – qui du coup, par définition, n’est plus si charitable – constitue ainsi la confirmation de tout le bien que l’on pensait déjà du premier long-métrage du réalisateur.

https://youtu.be/QwQcx3LEAcE

1 COMMENTAIRE

  1. Its for me unbelieveble reading your critic about this film….
    The movie has a very bad scenario, the dialoges are uninteresting, the film has a big lack of interesting dramatisation, the role of Casta is moreover and too often ridiculous for being to believe in.
    That Carriere has contributed for the scenario was for me a real shock.
    This film was one of the worst French feature movies I have ever seen in my life. To compare with the first movie made by the daughter of the late Lpuis Malle : just a simple story but well made and, perhaps most important: absolutely convincing. She knows her craftmanship.
    Making a good feature film is nearly always only possible by learning and doing as much as possible. Some great filmmakers as Truffaut (Les quartre cent coups) and Sofia Coppola ( Lost in transistion? I forgot the name of of her first movie) starts with a film which show craftmanship.
    Filmmmaking is a craft, not more not less.
    My English in this email is bad, sorry for that!
    Friendly greetings,
    Hendrik Kleve(73),Amsterdam

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