Intégrale Claude Berri #15 : Lucie Aubrac (1997)

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Lucie Aubrac

 
France : 1997
Titre original : –
Réalisation : Claude Berri
Scénario : Claude Berri
Acteurs : Carole Bouquet, Daniel Auteuil, Patrice Chéreau
Durée : 1h55
Genre : Drame, Historique
Date de sortie cinéma : 26 février 1997

Note : 4/5

Jusqu’à Tchao Pantin en 1983, le cinéma de Claude Berri était essentiellement porté par la force de ses scénarios, dont la mise en images prenait finalement un aspect assez secondaire. En abandonnant les films à vocation « autobiographique » dans les années 80, le cinéaste semble avoir redécouvert son médium d’expression, osant aborder la narration par le biais de l’image. Ainsi, du strict point de vue de la mise en scène, Lucie Aubrac s’avère probablement son film le plus ambitieux et le plus abouti.

 

 

Synopsis : Lyon, mars 1943. Raymond Samuel (Aubrac, dans la clandestinité) et Lucie, sa femme, sont engagés dans la résistance. Le 21 juin, Raymond est arrêté, en même temps que Jean Moulin. La passion amoureuse de Lucie la pousse à tout tenter, à tout entreprendre, pour arracher son mari des griffes de la Gestapo. Le film est inspiré de l’histoire vraie de Lucie Aubrac.

 

 

Ainsi, pour la première fois de sa carrière, Berri semble s’être saisi du livre original de Lucie Aubrac afin d’en faire un pur et bel objet de cinéma, filmé avec une maestria technique assez remarquable : le récit est amené de façon littéralement limpide, et le film multiplie les séquences quasiment muettes, uniquement basées sur le mouvement et les actions des personnages – à l’image de la séquence d’ouverture (l’attentat du train), littéralement formidable. Prenant le contrepied total de son film précédent (Germinal), Berri ne se lance pas à corps perdu dans la reconstitution historique fidèle, s’attachant surtout à ses personnages, opérant au centre du récit un glissement lent de Raymond à Lucie Aubrac ; l’académisme n’est jamais problématique, renforçant au contraire l’aspect solennel de l’ensemble. Rigueur et sobriété sont donc les maitres mots du film, qui évoque par moments L’armée des ombres de Jean-Pierre Melville, et s’impose de fait comme un beau morceau de cinéma. Le suspense est bien mené, l’émotion est présente, les acteurs sont habités, bref, Lucie Aubrac est une très belle réussite.

Bien sûr, le revers de la médaille est qu’à trop vouloir modeler l’histoire afin d’en faire un pur objet cinématographique, Claude Berri s’est un peu cassé les dents sur la réalité historique, et a été condamné en 1999 à verser des dommages et intérêts à la famille de René Hardy pour l’avoir mis en cause dans l’arrestation de Jean Moulin, ainsi qu’à mentionner en préambule du film l’acquittement de René Hardy, prononcé au lendemain de la guerre.

 

 

Conclusion

Avec Lucie Aubrac, Claude Berri parvient à rendre ses lettres de noblesse à l’académisme formel qui lui fut reproché tout au long de sa carrière : il livre ainsi un film aussi sec que profondément marquant, qui ne manquera pas d’impressionner ou d’émouvoir le spectateur, au détour de ses séquences les plus réussies.

 

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