Intégrale Claude Berri #05 : Sex-shop (1972)

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Sex-shop

 
France : 1972
Titre original : –
Réalisation : Claude Berri
Scénario : Claude Berri
Acteurs : Claude Berri, Jean-Pierre Marielle, Juliet Berto
Durée : 1h40
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 25 octobre 1972

Note : 2,5/5

S’étant jusqu’ici uniquement consacré à « l’autofiction » en mettant en scène ses propres souvenirs, Claude Berri s’octroie, à l’occasion de son cinquième film, un crochet par la comédie de mœurs avec Sex-shop. Très représentatif de la relation contrariée du cinéaste aux années 70, le film évoque de façon frontale les lendemains de mai 68 et de la « révolution sexuelle », tout en posant sur ses contemporains un regard finalement peut-être beaucoup plus cynique et attristé que ses atours de comédie désinvolte ne le laissent deviner…

 

 

Synopsis : Claude possède une librairie qui ne marche pas fort et sa vie conjugale s’émousse progressivement. Bref, rien ne va plus, jusqu’au jour où un ami lui conseille de transformer sa boutique en sex shop ! Si ses affaires s’en ressentent, sa vie privée connaît également quelques changements…

 

 

S’il n’appartient pas à proprement parler à la veine « autobiographique » de l’œuvre de Claude Berri (dans le sens où, naturellement, le cinéaste n’a jamais été gérant d’un sex-shop), il est en revanche permis de voir dans l’histoire de Sex-shop un parallèle avec sa carrière de cinéaste. Puisque le cinéaste se met à nouveau lui-même en scène dans la peau du héros, dont les beaux-parents sont interprétés, comme dans Mazel Tov ou le mariage, par Louisa Colpeyn et Grégoire Aslan, on peut supposer que le scénariste / réalisateur a en réalité opéré une espèce de « glissement » de la réalité pour le film. Ainsi, les déboires de ce libraire obligé d’ouvrir un sex-shop pour s’adapter à l’évolution du marché sont-ils également ceux de Berri lui-même, contraint de se vautrer dans les affres du cinéma érotique afin de pouvoir continuer à tourner ? Si tel est le cas, Sex-shop s’avère non seulement une satire féroce de la bourgeoisie du début des années 1970, mais également un véritable pamphlet contre l’industrie du cinéma…

Au centre du film, on retrouvera donc le personnage de Claude, fidèle à celui que l’on découvrait dans Mazel Tov ou le mariage : paumé au cœur de son époque et malheureux en amour, même s’il se refuse obstinément à l’admettre. Mensonges, petites lâchetés, jalousie, tentations… Le héros du film s’avère un éternel insatisfait, aux aspirations simples, se retrouvant bien malgré lui au centre d’une succession d’événements présentés au spectateur sous la forme d’un défilé de saynètes comico-érotiques très inégales, faisant de Sex-shop un spectacle ayant finalement beaucoup trop « le cul entre deux chaises » pour parvenir à convaincre totalement – ce qui ne l’empêchera pas de devenir un beau succès public, le film ayant réuni 1,4 millions de français dans les salles en 1972.

 

 

Conclusion

On a donc au final un peu de mal à adhérer pleinement au discours sarcastique et amer développé par Berri dans Sex-shop, que celui-ci s’adresse à ses contemporains ou tire à boulets rouges sur la déliquescence du cinéma français de l’époque : dans un cas comme dans l’autre, le film manque sa cible, peut-être par excès de cynisme. De fait, plus de 45 ans après sa sortie, le principal attrait de Sex-shop de nos jours résidera dans la prestation comme toujours extraordinaire d’un Jean-Pierre Marielle monumental en dentiste partouzard, crevant littéralement l’écran à chacune de ses apparitions.

 

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