Hitchcock

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afficheHitchcock

États-Unis : 2012
Titre original : –
Réalisateur : Sacha Gervasi
Scénario : John J. McLaughlin
Acteurs : Anthony Hopkins, Helen Mirren, Scarlett Johansson, Danny Huston, Jessica Biel
Distribution : Twentieth Century Fox France
Durée : 1h38
Genre : Biopic
Date de sortie : 06 février 2013

Globale : [rating:3.5][five-star-rating]

Surfant sur la vague des biopics, Sacha Gervasi se penche sur le personnage d’Hitchcock au moment où, déjà au sommet de sa gloire, le très célèbre metteur en scène a l’idée de son nouveau film « Psychose » et se lance dans le véritable challenge de sa réalisation.

Synopsis : Alfred Hitchcock, réalisateur reconnu et admiré, surnommé « le maître du suspense », est arrivé au sommet de sa carrière. A la recherche d’un nouveau projet risqué et différent, il s’intéresse à l’histoire d’un tueur en série. Mais tous, producteurs, censure, amis, tentent de le décourager. Habituée aux obsessions de son mari et à son goût immodéré pour les actrices blondes, Alma, sa fidèle collaboratrice et épouse, accepte de le soutenir au risque de tout perdre. Ensemble, ils mettent tout en œuvre pour achever le film le plus célèbre et le plus controversé du réalisateur : PSYCHOSE.

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L’homme, sa femme, son film

Sacha Gervasi choisit un des moments certainement les plus forts de la vie d’Alfred Hitchcock, quand réalisateur reconnu, il doit cependant convaincre la Paramount de s’engager à distribuer son nouveau projet. Il y joue son va-tout: sa réputation et sa maison, pour un film auquel personne ne croit. Personne, pas même son épouse, Alma, qui l’assiste depuis 30 ans et écrit elle-même des scénarios.

Hitchcock dissimule sous une apparente placidité, renforcée par une rondeur bonhomme, un homme tourmenté, en proie au doute.

Angoissé de n’avoir pas d’idée, il s’ennuie ferme entre deux films, ne prenant guère de plaisir que dans la nourriture pour laquelle il oublie le régime salutaire que tente de lui imposer Alma.

Sur de son instinct, il n’écoute guère que lui-même, circonvient la censure avec une habileté diabolique et savoureuse, valorise le rôle de la blonde actrice qu’il a choisit (Janet Leigh / Scarlett Johansson) et ignore celle (Vera Miles / Jessica Biel) qui a refusé jadis de sacrifier sa famille pour le grand rôle qu’il lui offrait (celui de Kim Novak dans Vertigo). Il fait tout aussi peu de cas de ses acteurs (John Gavin/ Josh Leo) dont on aperçoit à peine la silhouette et juste un peu plus pour Anthony Perkins (James d’Arcy).

Hanté par ses démons intérieurs (il vit tout au long de ce film avec la vision d’Ed Gein, le fou ……qui lui a inspiré le personnage de Norman Bates), il dirige les scènes avec une précision totale mais surtout une intelligence très fine de ce que le spectateur doit ressentir.

Deux scènes reflètent parfaitement son art et quelque part sa démesure:

Lors du tournage de la fuite de Janet Leigh en voiture après son vol, il est littéralement dans la tête de son héroïne et l’inonde, dans un flot de paroles, sous les émotions et les sentiments qu’elle doit ressentir. Au fur et mesure celle-ci laisse transparaitre sur son visage la tension intérieure qui l’agite, la submerge.

Pour la scène de la douche, il s’empare lui même du couteau meurtrier et poignarde, poignarde, poignarde avec une folie hargneuse une actrice totalement terrorisée.

Enfin derrière le maître du suspense, il y a l’homme. L’homme qui vieillit, l’homme qui souffre de son obésité, l’homme boulimique, l’homme qui se voudrait infidèle avec ses blondes hitchcockiennes de légende, l’homme jaloux de l’attirance que peut susciter Alma.

Alma Reville, son épouse le suit depuis ses débuts, dans l’ombre malgré toute l’aide qu’elle lui apporte, et toujours en butte aux velléités d’infidélité d’un mari irrémédiablement fasciné par les blondes glacées.

Le film a le grand mérite de nous faire découvrir ce personnage resté à l’écart de la célébrité et pourtant indissociable dans la vie et l’œuvre d’Hitchcock. Son amour, son agacement, son engagement et son dévouement sans faille accompagne Hitch tout au long de sa vie, de son œuvre pendant plus de 50 ans de mariage.

Psychose enfin. Un de ses films en fait parmi ses plus grands. Mis sur pied dans l’adversité, contre l’avis de tous ou presque et sur lequel il remet en jeu sa carrière. Un film en noir et blanc jouant sur l’horreur et au suspense étouffant. Film enfin où il fait le pari de tuer son héroïne dès la première demi-heure au risque de déstabiliser son public.

Évoquer le tournage de « Psychose » est un excellent moyen de livrer au spectateur une petite part du talent d’Hitch tout en le plongeant dans la logique, implacablement financière, des grands studios et dans celle, pudibonde, de la censure.

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Qui ressemble à qui ?

On ne peut cependant pas passer sous silence l’incohérence des choix du réalisateur à la fois quant au grimage et au jeu d’Anthony Hopkins, et quant au maquillage naturel laissé à Helen Mirren.

En affublant Anthony Hopkins d’un tonne de latex et en lui faisant adopter le phrasé d’Hitch tel qu’il est connu par la série TV « Alfred Hitchcoch présente », il ne réussit qu’ à créer un malaise tant tout semble faux (à contrario totalement de Margaret Thatcher/ Meryl Streep ou Claude François /Jérémie Rénier récemment) aussi bien dans le visage que dans le jeu (Hitch était -il dans la vie celui qu’il donnait à voir lorsqu’il présentait – jouait le présentateur – de sa série ?)

Helen Mirren par contre, sans grimage, et sans vraie ressemblance avec l’épouse d’Hitchcock, donne corps à une Alma Reville pleine de vie et de crédibilité.

Bizarrerie donc qui n’est probablement pas pour rien dans la difficulté à entrer dans le film et en tout cas dans le sentiment persistant que l’on regarde un acteur s’évertuer à jouer Hitchcock mais ne parvient pas à faire oublier qu’il ne l’est pas.

A l’instar d’Helen Mirren le reste de la distribution tire plutôt bien son épingle du jeu dans l’exercice toujours difficile de jouer des personnages connus et pas si lointains.

 

Résumé

Faire un biopic sur Hitchcock et rater en partie son personnage principal est bien dommage. Cela créé un décalage qui fait un peu craindre le pire au début. Mais en s’attardant plutôt bien sur le génie d’Hitch le film réussit à prendre de l’ampleur et se laisse apprécier avec un certain plaisir.

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