Hanezu, l’esprit des montagnes
Japon : 2010
Titre original : Hanezu no tsuki
Réalisateur : Naomi Kawase
Scénario : d’après l’œuvre de Masako Bando
Acteurs : Tota Komizu, Hako Ohshima
Distribution : UFO Distribution
Durée : 1h31
Genre : Drame
Date de sortie : 1er février 2012
Globale : [rating:4][five-star-rating]
Depuis sa Caméra d’Or obtenue avec Suzaku en 1997, Naomi Kawaze vit une véritable histoire d’amour avec le Festival de Cannes. En effet, depuis, trois de ses films ont été retenus en compétition officielle, dont La forêt de Mogari qui obtint le Grand Prix du Jury en 2007. En 2011, Naomi Kawaze était de nouveau en compétition avec Hanezu, l’esprit des montagnes : dans une année pourtant très riche en excellents films, une distinction, quelle qu’elle soit, n’aurait pas été usurpée.
Synopsis : Dans la région d’Asuka, berceau du Japon, Takumi mène une double vie : tranquille avec Tetsuya son mari, passionnée avec son amant Kayoko, sculpteur qui lui fait découvrir les plaisirs simples de la nature. Takumi apprend qu’elle est enceinte. L’arrivée de cet enfant est l’occasion pour chacun de prolonger son histoire familiale et ses rêves inassouvis. Mais bientôt, Takumi devra choisir avec qui elle veut faire sa vie. Comme au temps des Dieux qui habitaient les trois montagnes environnantes, la confrontation est inévitable.
Quand le réel côtoie la légende
Les spectateurs européens connaissent depuis longtemps la richesse du cinéma asiatique et ils l’apprécient de plus en plus. Toutefois, parmi tous les genres pratiqués dans cette région du monde (en fait, à peu près tous les genres que peut connaître l’art cinématographique !), celui qui, souvent, reste le plus difficile d’accès pour ce public n’est autre que celui de la légende conjuguée à une dose plus ou moins importante de spiritualisme : rappelons-nous Oncle Boonmee, le film du thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, Palme d’Or 2010 ! Eh bien, comme son titre l’indique, Hanezu, l’esprit des montagnes, le dernier film de Naomi Kawaze, fait partie intégrante de ce genre. On y raconte une légende concernant trois montagnes de la région de Nara, dont Naomi Kawaze est originaire. Pour la conquête d’une « montagne-femme » dont ils sont tous les deux amoureux, deux « montagne-hommes » se sont battus à mort. Dans la vie réelle, dans les mêmes lieux, le trio amoureux classique, la femme, le mari et l’amant vivent une histoire à la fois similaire et différente dans laquelle vient se greffer l’histoire du grand-père de l’amant, dont la femme passa sa vie à attendre son retour de la guerre.
Une caméra qui caresse les protagonistes
Dans le cinéma, en matière de réalisation, il y a deux extrêmes : d’un côté, la succession de plans fixes plus ou moins longs, de l’autre, la caméra à l’épaule complètement « speedée ». Entre ces deux extrêmes, une infinité de nuances. Difficile de trouver tout au long d’un film la nuance la mieux adaptée. Pour ce film très poétique et très beau, Naomi Kawaze a privilégié l’utilisation d’une caméra à l’épaule, version soft. Cela permet aux spectateurs de s’impliquer totalement au niveau des personnages sans, pour autant, risquer d’attraper le tournis. Dans ce film très proche de la nature, qui marie habilement passé et présent, légende et vie réelle, les personnages parlent peu, il ne se passe pas grand-chose, mais ce caractère plutôt minimaliste n’empêche pas, bien au contraire, le spectateur de se laisser prendre par la fragilité, par la douceur des sentiments que ces images dégagent.
Résumé
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