Fondation Pathé : Rétrospective Sessue Hayakawa jusqu’au 16 avril 2024

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The Cheat / Forfaiture © 1915 Jesse L. Lasky Feature Play Company / Paramount Pictures France Tous droits réservés

Il n’est nullement flatteur pour l’acteur japonais Sessue Hayakawa que les rares textes qui parlent encore de lui de nos jours s’ouvrent invariablement par la mention de l’obscurité de sa notoriété, cruellement tombée dans l’oubli. Que ce soit sur la quatrième de couverture du livre que Gilles Jacob lui avait consacré en 2016 ou dans le communiqué de presse annonçant la rétrospective de ses films muets qui s’ouvre ce jour à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé à Paris, il paraît y avoir un empressement collectif d’insister sur cet aspect-là d’une carrière dont plus grand monde n’a l’air de se souvenir.

Pouvoir s’y plonger afin de redécouvrir par soi-même l’une des plus grandes vedettes des années 1910 et ’20 devient dès lors essentiel. Ce sera possible à partir d’aujourd’hui donc et pendant près de quatre semaines, jusqu’au mardi 16 avril, en près de vingt films, y compris trois de la période sonore de l’acteur.

Les temps forts de cet hommage inédit à une star mondiale du cinéma sont les présentations de deux de ses films, The Cheat de Cecil B. DeMille et son remake français Forfaiture de Marcel L’Herbier, par Laurent Véray, auteur du livre « Forfaiture de Cecil B. DeMille » paru aux Presses Universitaires de Lyon en 2012, respectivement le mardi 26 mars et le vendredi 29 mars à 19h30. Ainsi que la conférence de la maîtresse en études cinématographiques à l’université Rennes 2 et spécialiste du cinéma muet américain Marion Polirsztok sous le titre « Villain and Lover : les 1001 masques de Sessue Hayakawa » également le 29 mars dès 15h00. De même, cinq séances seront présentées par David Auvray, doctorant à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 sur le thème des singularités du jeu de Sessue Hayakawa.

Comme d’habitude dans ce temple parisien du cinéma des premiers temps, les films muets sont accompagnés par les pianistes issus de la classe d’improvisation de Jean-François Zygel au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.

Enfin, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé poursuivra au mois d’avril son partenariat avec le festival « L’Europe autour de l’Europe » en projetant deux films : le samedi 6 avril à 16h00 le film muet allemand Le Grand saut de Arnold Fanck avec Leni Riefenstahl et le vendredi 12 avril à 19h30 le film hongrois Cette belle époque du foot de Sandor Pal. Ils seront tous deux présentés par Irena Bilic, la directrice du festival.

Abnégation © 1919 Haworth Pictures Corporation Tous droits réservés

Plus d’un demi-siècle après sa disparition, Sessue Hayakawa (1886-1973) restera pour les cinéphiles du monde entier le sadique colonel Saïto du Pont de la rivière Kwaï de David Lean. Et s’il est vrai que cette majestueuse épopée de guerre lui avait valu une nomination à l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle en 1958 – par ailleurs la seule catégorie perdue par ce lauréat de sept trophées de l’Académie du cinéma américain, dont ceux du Meilleur Film, du Meilleur réalisateur et du Meilleur acteur à Alec Guinness –, il s’agit avant tout de l’épilogue d’une carrière infiniment plus prestigieuse.

Car même si ce film-là est inclus dans la rétrospective de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, tout comme deux films marquants des années ’30, Yoshiwara de Max Ophüls et Forfaiture de Marcel L’Herbier, l’intérêt majeur de ce cycle consiste à pouvoir découvrir sur grand écran les films qui avaient autrefois fait la gloire de Hayakawa.

Rien qu’à cause de la perte de bon nombre de films muets, dont le support physique n’est hélas pas passé à la postérité, une sélection avait dû s’opérer. Ce qui reste pour être montré du côté des Gobelins dans le 13ème arrondissement de Paris est toutefois des plus édifiants. Ainsi, on peut y voir Sessue Hayakawa à ses tout débuts en 1914, dans O Mimi San de Thomas H. Ince aux côtés de sa femme Tsuru Aoki. Pendant cette première période, l’acteur avait dû se prêter à des rôles à l’exotisme sommaire, incarnant par exemple un pêcheur dans La Colère des dieux ou un diplomate dans L’Honneur japonais, tous deux réalisés par Reginald Barker et aux personnages originaires du Japon. En 1915, Sessue Hayakawa fait sensation dans The Cheat / Forfaiture de Cecil B. DeMille, grâce à son emploi devenu par la suite emblématique de l’amant vénéneux.

Après avoir été sous contrat auprès de la Jesse L. Lasky Feature Play Company, l’acteur devient à son tour producteur en 1918 à travers sa société Haworth Pictures. Désormais, il peut plus librement choisir ses rôles et s’impose comme acteur et vedette de premier ordre dans ses collaborations avec le réalisateur William Worthington, dont quatre sont compris dans la rétrospective : Fils d’amiral, Âme hindoue, Abnégation et Le Lotus d’or. Alors que le climat politique anti-japonais aux États-Unis au cours des années ’20 rend de plus en plus difficile la poursuite de la carrière de Sessue Hayakawa à Hollywood, l’acteur commence à s’intéresser au cinéma européen en 1923 avec La Bataille de Edouard-Emile Violet.

Le Pont de la rivière Kwaï © 1957 Horizon Pictures / Columbia Pictures / Sony Pictures Releasing France Tous droits réservés

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